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lundi 7 septembre 2015 à 07:51

Montceau-les-Mines

Remise de la légion d'honneur à Robert Martignoni et Lucien Androd



 

C’est à l’embarcadère ce dimanche midi qu’a eu lieu la remise de la légion d’honneur à deux anciens combattants de la seconde guerre mondiale, qui ont contribué à la libération de Montceau-les-Mines, le 6 septembre 1944.

 

 

 

 

C’est Marie-Claude Jarrot qui a ouvert la cérémonie par ces mots :

 

 

« Mesdames et Messieurs les Elus, Mesdames et Messieurs, Chers Amis,
Remettre une médaille, une distinction, et plus encore quand il s’agit de la Légion d’honneur, permet de rendre hommage à un parcours, à une personnalité dont les faits sont reconnus.

 

Je ne suis pas d’accord avec Jules Renard quand il écrit qu’« En France, le deuil des convictions se porte en rouge et à la boutonnière. »
J’ai la conviction, moi, en tous cas, qu’il en est tout autrement. Bien sûr, la seule récompense des bonnes actions consiste à les avoir faites. Bien sûr, certains s’interrogent parfois sur la destination de quelques unes de ces médailles si convoitées.

 

D’autres répondront que la Légion d’Honneur est restée fidèle aux principes qui ont présidé depuis deux siècles à son attribution : l’égalité, l’universalité et l’excellence.

 

La morale aussi. … « Que devient la morale, devant laquelle pourtant toutes les écoles s’inclinent et toutes les discussions cessent, si l’homme ne peut en puiser à une source certaine les premières conditions de la moralité ? » s’interroge déjà George Sand. Le débat n’est pas là.
Et puis la moralité encore ne suffit pas : « ne soyez pas simplement bons, soyez bons pour quelque chose. Ou pour les autres ». La Légion d’Honneur est beaucoup plus qu’une décoration épinglée à sa boutonnière. Elle est un repère, un signe de reconnaissance envers celles et ceux qui se sont brillamment dévoués pour leur pays.

 

La Légion d’honneur, ce n’est pas un caprice, ce n’est pas un hochet au service d’une bonne conscience ou d’un remplissage de listes protocolaires avec des quottas à atteindre.

 

La Légion d’honneur, ce n’est pas remporter un concours ou un jeu de hasard… “Le hasard, cette loi qui voyage incognito.”
La Légion d’honneur, c’est immanquablement un véritable phare républicain, l’un de ces rochers sur lesquels viennent se briser les vagues de l’indifférence, de l’injustice ou de l’oubli de la mémoire.

 

La Légion d’Honneur enfin nous rappelle qu’avant toute chose, c’est l’intégrité de caractère, la solidité d’esprit et la force de l’engagement de certains Français qui forment l’essence même de notre pays.

 

Assurément, vous concernant, aucun doute n’est permis… Vous, qui incarnez des idéaux, des valeurs et l’amour de la République.

 

Vous, dont le parcours est une illustration de la richesse de la Nation, de ses inépuisables capacités à créer, à donner.

 

Vous, dont la force allie à la légitime fierté de la distinction, l’humilité généreuse de la solidarité et de l’amour des autres.

 

 

Chers récipiendaires, vous avez donné beaucoup. Vous avez participé à créer cette catégorie de ceux que l’on appelle les hommes de bien. Quelles que soient leur condition d’ailleurs.
Les élites, les catégories populaires. Ceux qui n’ont pas d’instruction et ceux, parmi les mieux formés de notre République et qui ont fait de grandes écoles.
« De quelque superbe distinction que se flattent les hommes, ils ont tous une même origine, et cette origine est petite ».
Et la plus grande des écoles, de laquelle ils sont sortis en tous cas, de laquelle vous êtes sortis en tous cas, c’est celle de la vie et de ses années qui passent. Celles des valeurs acquises à l’addition des ans.

 

 

Ce chemin commence pour vous en 1925, cher Robert Martignoni, de parents italiens, de Lombardie.

 

 

Vous êtes élevé par votre mère à partir de l’âge de 5 ans. Vous vous mariez en 1951 et, de cette union, naitront deux filles, présentes aujourd’hui. Viendront trois petits enfants, Aude-Marie, Benjamin et Clémentine et 2 arrières petits enfants, Hector et Violette, âgés de 9 ans et 6 ans.

 

Auréolé d’un Certificat d’études en 1937 et 4 ans plus tard, d’un CAP et d’un BEP, vous commencez une carrière professionnelle sur Blanzy aux établissements Munzing, puis chez Peugeot ou encore Creusot Loire en 1951 où vous effectuerez une longue carrière jusqu’en 1984.

 

Plus de 30 années donc, au service d’un employeur, qui vous vaudront les médailles du travail d’Argent et de Vermeil.

 

Plus de 30 années donc, au service d’un engagement reconnu de tous, au service d’une belle idée aussi qui vous pousse à déposer un brevet relatif à un matériel adapté au gain de temps dans l’utilisation de certaines pièces mécaniques au cours de leur élaboration.

 

Ce brevet, obtenu en 58, sera vendu par votre employeur à l’Espagne. C’est une réussite professionnelle dont vous pouvez être fier.

 

 

Comme vous pouvez l’être, également, de votre parcours de combattant. La guerre éclate en effet avec son flot de désolation et vous décidez de rejoindre le groupe franc Jacques dans la région de Mont saint Vincent sous les ordres du Lieutenant Jean Vergniaud « Fred » dans le maquis, avec lequel vous participerez à la bataille de Cluny en août 1944 et du Pont de Galuzot.

 

Vous êtes blessé le 4 septembre à Charrecey et évacué à l’hôpital de La Guiche.

 

Vous ne pourrez donc être présent à Montceau le 6 septembre.

 

Il était donc normal que vous puissiez être là aujourd’hui, 71 ans après, pour recevoir cette décoration qui salue, après la Croix de Guerre, la Croix du CVR, la Croix du Combattant 39/45 ainsi que la médaille militaire, votre appartenance à cette génération de femmes et d’hommes qui se sont élevé contre l’envahisseur allemand et la barbarie nazie et se sont sacrifié au nom de la liberté et de la démocratie.

 

 

En vous engageant, avec courage et humilité, vous êtes devenus un symbole qu’il nous revient de remercier.

 

 

Comme ce remerciement et cette admiration vont à vous, cher Lucien ANDROD, dont le parcours fait partie aussi de ceux qui rejoignent l’honneur d’une vie. Une vie que l’on honore.

 

Et d’autant plus quand il s’agit d’une vie montcellienne. Vous y êtes né le 23 janvier 1925.

 

Nous sortons de la première guerre mondiale qui a naturellement marqué les esprits et meurtri les corps. Après la folie des hommes, la France connaîtra les années folles.

 

Une génération nouvelle rêve d’un monde nouveau et proclame « Plus jamais ça ! ». On s’empresse de lui proposer de nouvelles griseries sur fond de musique venues d’Amérique avec les Alliés, le jazz fait son apparition mais également la danse, la radio et les sports, les industries avec les électroménagers etc, sur fond de très forte croissance économique…

 

André Gide et Marcel Proust donnent le ton littéraire de cette tendance et le surréalisme d’André Breton n’est pas loin.

 

A Montceau, en cette année 1925, c’est un procès qui se tient avec un certain Antoine Antlauf, âgé de vingt-trois ans, et qui sera condamné à deux ans de prison pour avoir tabassé un voisin gênant.

 

Mais cette année 1925 se souviendra aussi de votre naissance Cher Monsieur ANDROD puisqu’elle permettra, quelques années plus tard, de voir grossir les rangs de la résistance locale au sein de laquelle vous avez pris position en 1943.

 

Et notamment au maquis de la Grande Verrière.

 

Vous participerez à de nombreuses actions militaires en particulier la bataille de Parizenot où 44 soldats allemands ont été tués ainsi que de nombreux mineurs polonais.

 

 

 

Vous étiez de la libération de Montceau les Mines, aux combats de Cluny puis à l’attaque du train à Galuzot où vous avez été blessé et évacué à La Guiche en compagnie de quatre parachutistes.

 

Vous avez rejoint la caserne Duhesme pour intégrer une unité de chasseurs alpins. Vous vous êtes marié à Montceau et de cette union naîtront trois enfants.

 

 

L’un d’eux est décédé mais je suis certaine qu’il porte, là où il est, la reconnaissance d’une famille et notamment le parcours de lutte d’un père, d’un citoyen, dont les faits d’armes et de résistance saluent un combat de vie. Un combat pour des valeurs de liberté.
Les valeurs n’existent que dans et par l’engagement que nous prenons à les faire exister. Les braises qui couvent sous la cendre attendent toujours le souffle que nous pouvons leur donner et sans lequel elles mourraient à petit feu.

 

 

 

Comme ne peuvent mourir les sentiments que nous avons à votre endroit.

 

Chers récipiendaires, ces distinctions vous honorent. Elles honorent aussi votre famille et notre territoire.

 

Elles sont la marque de la reconnaissance de la République, du respect que nous portons à vos vies.

 

Je suis fière d’être le témoin privilégié de la reconnaissance des habitants de cette ville. Vivre, vivre bien, c’est aimer les défis, les relever. C’est aimer les chemins escarpés et les emprunter. C’est être boulimique d’un engagement débordant de sens.

 

Noblesse de l’effort et noblesse du service des autres, vos chemins ont peu d’équivalent.

 

Jacques CHIRAC disait: « les prévisions sont difficiles surtout lorsqu’elles concernent l’avenir !» Il faut donc prévoir encore et toujours! Les beaux parleurs ressemblent aux fausses médailles qui, au bout de quelques jours d’usage, en font disparaître tout le brillant.

 

La médaille que vous recevez ce soir est, au contraire celle qui veut saluer deux hommes dont la motivation s’appelle les autres.

 

 

C’est la raison pour laquelle, cher Robert Martignoni, au nom du Président de la République et en vertu des des pouvoirs qui nous ont été conférés, nous vous faisons chevalier de la légion d’honneur.

 

 

C’est la raison pour laquelle, Cher Lucien Androd, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous ont été conférés, nous vous faisons chevalier de la légion d’honneur. »

 

 

 

C’est ensuite l’Union fédérale qui a souhaité s’exprimer : « Vous êtes à l’honneur aujourd’hui. Pourquoi vous êtes honorés ? Car vous avez refusés le joug nazi. C’est grâce à des hommes de votre trempe que nous vivons en paix. Nous devons être vigilants, car des barbares menacent la France. Pour moi, l’Union fédérale est fière d’avoir dans ses rangs un nouveau légionnaire ».

 

 

Enfin Robert Martignoni a souhaité conclure en remerciant l’ensemble des personnes ayant contribué à ce jour, dont ses anciens camarades de guerre qui ne sont malheureusement jamais revenus. Il a remercié sa famille, ainsi que l’ensemble des élus.

 

 

 

A l’issue de la cérémonie, les discussions se sont poursuivies autour d’un verre de l’amitié, permettant aux familles des deux nouveaux légionnaires de se remettre de leurs émotions.

 

 

 

Émilie Mondoloni et Annabelle Berthier

 

 

 

 

 

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