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samedi 16 janvier 2016 à 06:06

Catastrophe minière du puits Plichon

57 ans après Bernard Régnier se souvient encore



 

Bernard Régnier, ancien maire adjoint de Montceau les mines (1965-1995) et a été responsable de la réhabilitation des sites Minier. Il fut aussi Conseiller Régional.

 

Il souhaite rendre un hommage à l’une des victimes de la tragédie minière du 16 janvier 1958 au puits Plichon.

 

 

Cette catastrophe soudaine fut terrible. (22 morts, des blessés brûlés).

 

 

Il faut se représenter l’instant, la fulgurance du souffle, l’intense chaleur développée dans un espace restreint, hostile et dangereux.

 

 

« Soulevés comme des fétus de paille, projetés violemment contre les parois des galeries, à plus de 50 mètres les hommes étaient propulsés à terre. Ce 16 janvier 1958, le souffle de feu a pris la vie de 35 mineurs sur les 200 qui se trouvaient dans la galerie. Tous ne sont pas morts mais ceux qui ont survécu ont perdu tellement de cette vie en un si court instant. »

 

Sur les 35 victimes, morts ou blessés, 8 avaient des noms à consonance polonaise.

 

 

Parmi ceux-ci un jeune polonais du nom de ZABISZAK Wieslaw, un clandestin ayant fui le régime communiste en Pologne.

 

Ce jeune arrivé début 1957 avait été embauché, après régularisation de sa situation, par les charbonnages. Et sa vie a pris fin le 28 janvier 1958 à 2h45.

 

 

Il faut se rappeler que dans les 50 premières années du XXe siècle, le travail minier repose sur une main d’œuvre très importante. 50 % du prix de revient de la tonne de charbon revient à la masse salariale (ce que l’on appellerait aujourd’hui le coût du travail). Des embauches précèdent toujours les augmentations de production, c’est comme cela que. ZABISZAK Wieslaw a pu trouver du travail aux houillères.

 

 

Mais l’histoire est née bien avant. Dès l’année 1919 un accord officiel sur l’émigration est signé entre la France et la Pologne. Du coup les houillères embauchent des polonais en privilégiant le recrutement familial afin d’assurer la stabilité de la main-d’œuvre. Un certain nombre d’entre eux ont déjà travaillé dans les mines.

 

Le bassin minier et la Pologne c’est une histoire d’amour et de refuge qui aura bientôt un siècle.

 

 

Les houillères c’est en 1850 975 mineurs, en 1948 12 000 mineurs et en 1991 plus que 651.

 

Mais c’est aussi une liste de catastrophes.

 

 

1847, 1853, 1855 puits Ravez

 

1851,1867 puits cinq Sous

 

1872, 1897 puits Sainte Eugénie (anciennement puits cinq sous)

 

1939 puits Darcy

 

1943 puits de la Centrale

 

1958 puits Plichon

 

 

Il convient de remarquer que si l’on relie les dates on s’aperçoit qu’il y a un lien fort entre s développements de l’activité minière et de la population.

 

 

1856 : 2 206 habitants, 1948 : 27 717, 1991 : 22 999, 2012 :18 956

L’histoire de ZABISZAK Wieslaw, elle, fut brève et tragique, elle aurait pu se terminer comme ça, rester un souvenir de commémoration annuelle pendant laquelle on épelle les noms des victimes.

 

 

Mais l’amitié qui liait Wieslaw et Bernard Régnier, pendant le peu de temps qu’ils se sont connus à l’époque, a perduré au-delà de la perte. Et 37 ans après en 1995, le Conseiller Régional Bernard Régnier a pu relier le souvenir et l’action concrète.

En 1991 le lycée européen Charles-de-Gaulle de Dijon (devenu international en 2014) accueille de jeunes polonais pour qu’ils y préparent le Bac français en 3 ans afin qu’ils intègrent ensuite une université polonaise.

 

 

Au regard des liens qui unissent depuis de nombreuses années la communauté polonaise et la ville de Montceau la volonté de proposer une opportunité scolaire semblable germe dans l’esprit de notre élu municipal et régional.

 

 

En 1995, à force de persévérance (et il en faut quand il s’agit de vaincre l’inertie et la complexité des administrations des deux pays -France et Pologne) notre élu tenace arrive à bout de sa démarche. Le lycée Henri Parriat accueillera cette expérience dijonnaise à Montceau-les-Mines.

 

 

Pour lui la boucle est enfin fermée car il est certain que ce jeune polonais clandestin de 1957, s’il avait vécu, aurait surement été attentif à une telle démarche et surtout il en aurait été acteur.

 

 

Et puis dans ces temps troublés, à une période où les classes bi langue tendent à disparaître, à une époque où il est si important que l’Europe soit une vraie idée concrète, il importait que cette « vision » défiant le temps de Bernard Régnier soit remise en lumière.

 

 

ZABISZAK Wieslaw est un jalon de notre histoire contemporaine au carrefour du progrès social de la deuxième révolution industrielle et de la deuxième vague rouge sur l’Europe de l’Est.

 

 

Fuyant une dictature il vient trouver la mort dans le pays des droits de l’homme. Il est symbolique de tous ces polonais et autres migrants qui ont aidé par leur travail (et malheureusement leur mort) le développement de la France.

 

 

Souvenons-nous de tous ceux qui ont perdu la vie ce 16 janvier 1958 au puits Plichon et de ZABISZAK Wieslaw.

 

 

Merci à Bernard Régnier.

 

Gilles Desnoix

 

 

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3 commentaires sur “Catastrophe minière du puits Plichon”

  1. marjorie13 dit :

    dommage qu il n y est plus de trace de ces puits!!!!

  2. Respol dit :

    Sur les catastrophes précédentes, celle du puits Saint-Louis le 2 avril 1943 et celle du puits Darcy, le 23 février 1939, vous trouverez des infos aux pages web suivantes :
    http://www.respol71.com/2-avril-1943-accident-au-puits-de-la-centrale
    http://www.respol71.com/la-catastrophe-du-puits-darcy-23-fevrier-1939
    GS

  3. Respol dit :

    ERRATUM – Puits de la Centrale en 43 bien sûr !
    Une autre page avec le poème d’un vieux mineur (en 1938) :
    http://www.respol71.com/l-accident-a-la-mine-poeme-ouvrier