« Le Radar répressif et le radar pédagogique »
Par H. Ruben Un poème de Jean de l'Abreuvoir
Notre ami H. Ruben, nous a adressé un texte où il fait toujours autant preuve d’humour décalé mais non dénué d’un certain bon sens ; jugez-en par vous même.
Le ministère de l’Intérieur dans une fiche de synthèse transmise récemment aux préfets, indique que chaque panneau signalant la présence d’un radar fixe devra être immédiatement remplacé par un radar pédagogique lorsqu’il aura été démonté et que « la dépose des panneaux sera réalisée de manière concomitante avec la mise en place des nouveaux radars pédagogiques». Les préfets doivent s’assurer que «les lieux et moments des contrôles» de radars mobiles «sont adaptés à l’analyse de la dangerosité des réseaux routiers», car «la légitimité de l’action de l’Etat en dépend»
Jean de l’Abreuvoir vous propose une fable CONCOMITANTE.
H. RUBEN
LE RADAR REPRESSIF ET LE RADAR PEDAGOGIQUE
Placé près d’un virage où personne ne s’en doute,
Abrité par un pont enjambant l’autoroute
Un radar fixe rêvait : Il se voyait célèbre
Plan de carrière béton, un avenir en or
Les félicitations des services du Trésor
Une efficacité à nulle autre pareille
« Et encore un flashé, et par ici l’oseille »
Il se voyait, auréolé de gloire, décoré, reconnu,
Fier d’un palmarès, champion du point perdu.
Depuis le démontage de ces jolis panneaux
« Contrôles radar fréquents », sur ordre du préfet,
Sur ordre du ministre, voire sur ordre de plus haut,
Il vivait, on s’en doute, un vrai conte de fées.
Il travaillait sans cesse, vigilant nuit et jour.
Il adorait surtout les coups de frein brutaux
Du conducteur surpris au détour du chemin
Et de ceux qui suivaient. Vous êtes pris, bonjour !
Juste pour comparer, les manoeuvres classiques
Telles celles du pandore, tapi derriere une butte,
Voitures banales et jumelles malignes,
Apparaissaient alors comme de vieilles tactiques.
Hélas ! Trois fois hélas ! Après une courte lutte,
Des députés chauffards cassèrent sa technique.
Ecoutons ce radar exprimer son courroux :
« Pour ne pas perdre la face devant ce front commun
Le Ministre se tourna vers mon ennemi intime,
Le sournois et matois radar pédagogique.
Son œil, en clignotant, avertit le distrait
Qui freine, ralentit … et je rate mon coup.
Le véloce pécheur ne mord plus à mes lignes.
Qui est à l’origine de ces initiatives ?
Si je ne flashe plus, en quoi suis-je légitime ?
J’entends déjà jouer la musique funèbre »
A cette courte fable, une fin rigoureuse
Avertir du danger, plutôt que réprimer,
Aménager la voie qui reste dangereuse.
Aux puissantes bagnoles, la vitesse, brider.
Jean de L’Abreuvoir