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jeudi 19 janvier 2017 à 05:11

Vague de froid : on ne produit pas assez d’énergie de pointe

Montceau news a voulu en savoir plus



 

 

Sans cesse les médias nous alertent sur les risques qui guettent la France ces jours-ci du fait d’une vague de froid. Les séniors sont assaillis de SMS coups de fil de la part des producteurs ou fournisseurs d’énergie. On en appelle au civisme des citoyens, etc. etc.

 

 

Donc nous avons un point de vue unique, nous pensons qu’il faut toujours contrebalancer les messages institutionnels par des avis de terrain. Nous avons pour cela contacté Claude Martin, délégué CGT et initiateur du Collectif pour Lucy pour qu’il nous donne son avis.

 

 

Pour lui, la situation actuelle est la résultante d’une politique énergétique qui a privilégié une logique financière de rentabilité plutôt qu’une politique industrielle.

 

Il s’agit d’une réalité, on ne peut la nier mais on peut en expliquer les causes et surtout mettre en parallèle au niveau local la fermeture de Lucy et l’incapacité à faire face aux besoins en période de pointe.

 

 

D’abord il faut tenir compte des spécificités françaises qui ne se retrouvent pas ailleurs, comme l’importance du parc résidentiel individuel, comme le fait que l’on a privilégié le tout électrique dans les maisons à une époque où la France produisait grâce au nucléaire en suffisance et au moindre coût.

 

Ensuite il existait tout un réseau d’outils de production de pointe, centrales thermiques à gaz ou à charbon, qui permettait d’écrêter les besoins en consommations de pointe. C’est le cas de Lucy.

 

 

Pour des raisons de rentabilité, que l’on fait payer autrement et maintenant au consommateur et non plus aux actionnaires, on a supprimé toutes les unités qui permettaient l’écrêtement quelques semaines, quelques jours par an.

 

En fait on a écrêté le sommet de la pyramide de production. Figurez-vous une pyramide dont la base est le nucléaire, le milieu les productions thermiques, hydroélectriques, etc. et le sommet, « la pointe », les centrales d’appoint en période de pointe ou d’écrêtement. Donc au fil des années on a raboté le sommet et la base et le milieu ne peuvent plus fournir tout.

 

 

La période normale atteint les 90 000 mégawatts au maximum, la période de pointe monte jusqu’à 105 000 mégawatts, et donc ce sont des centrales comme Lucy qui permettaient de fournir les 15 000 mégawatts supplémentaires… et ça c’est fini…

 

On a fermé des centrales à charbon pour des raisons écologiques et alors que l’on vend à l’Allemagne des mégawatts issus du nucléaire on lui achète des mégawatts issus du charbon. Cherchez l’erreur !

 

 

Ce que Claude Martin nous explique c’est que les politiques successives de l’état Français et de l’Europe ont complètement changé la donne au niveau du service de l’énergie et que l’on est passé d’une production industrielle d’un produit de première nécessité à une denrée.

 

 

Pliant aux orientations libérales définies par la Commission européenne, le marché européen de l’électricité s’est progressivement ouvert à la concurrence et donc

 

• à la séparation des activités de production, de transport et de commercialisation ;
• aux interconnexions des réseaux électriques développées par les gestionnaires de réseaux de transport (GRT) nationaux ;
• au couplage de marchés opéré par les bourses de l’électricité. Il permet d’exploiter les capacités excédentaires disponibles aux frontières interconnectées.

 

Dans l’Union européenne, 43 % des volumes d’électricité consommés en 2012 ont fait l’objet au préalable de transactions sur le marché de gros, dont environ la moitié en bourse(1). Ce chiffre est de 13% en France et de 42% en Allemagne.

 

 

Ce ne sont plus les besoins réels des consommateurs, des institutions, du secteur économique qui sont pris en compte mais les rendements financiers des vendeurs d’énergie.

 

 

Pour Claude Martin ce ne sont pas la sobriété et la privation qui vont régler le problème. En outre cela repose sur l’usager individuel ou industriel. On va demander à des entreprises de s’effacer en période de pointe, ce qui veut dire quelque part décalage de production pour elles, voir chômage technique.

 

 

En plus raréfier l’énergie c’est s’assurer d’en augmenter le prix, donc on entre dans une vraie logique de marché de l’offre et de la demande, c’est-à-dire le contraire d’un service public de l’énergie avec toutes les inégalités que cela provoque dans certaines couches de la population.

 

 

 

La CGT est pour le mixte de l’énergie en mettant chaque type de production à sa place et en ne privilégiant pas par calculs politiques les énergies renouvelables ou les autres, seule l’adéquation entre le mode de production et le mode de consommation peut faire avancer les choses. Il rappelle que l’état est redevable de 6Md€ à EDF pour les avances de financement des énergies renouvelables. Il pointe en fait beaucoup d’incohérences.

 

 

Pour en revenir au moment présent, il faut expliquer que l’on est en période de baisse de 240 à 220 volts pour augmenter l’intensité en volume, puis l’on va demander à certains très gros consommateurs de s’effacer, puis, si besoin est, on va pratiquer des délestages ciblés.

 

 

Donc espérons que le froid, pas si polaire que ça, n’aura pas raison des dispositifs mis en place.

 

Mais que nous sommes bien devenus fragiles.

 

 

En plus on nous introduit une dimension écologiste quasi planétaire dans tout cela alors qu’il ne s’agit que d’un problème intérieur de la France et que ce pays ne représente qu’à peine 1% de la population mondiale…

 

 

Gilles Desnoix

 

 

 

centrale 1801172

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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9 commentaires sur “Vague de froid : on ne produit pas assez d’énergie de pointe”

  1. loupblanc dit :

    Ce ne sont plus les besoins réels des consommateurs, des institutions, du secteur économique qui sont pris en compte mais les rendements financiers des vendeurs d’énergie.
    tout est dit
    voila pourquoi les requins de fournisseurs vous appellent et vous promettent  » la lune  »
    et tout est ainsi
    même mon banquier d’une banque sans actionnaire me ferait appeler de Tunis sans mon avis avec mon numéro de téléphone qui se ballade hors UE  » je peux aller sur Pacitel et autres pour éviter les appels « 

    • Daniel Z dit :

      Ouh Ouh, Loup Blanc .

      Qui est propriétaire de EDF ?
      « C’est l’État français à 85.86 % « . État qui se prête de l’argent et le redistribue.

      A qui sont distribués les super profits ?
      Aux détenteurs du capital non ? Donc en premier l’État ?

      Mais les actionnaires sont ils seul à bénéficier des largesses du système actuel ?

      https://www.contrepoints.org/2016/04/29/249770-edf-le-contribuable-se-fait-racketter-de-3-milliards-deuros

      Le régime particulier (des personnels) a été adossé au régime général et aux régimes complémentaires Arrco et Agirc ….. Conclusion : 1,3 milliard d’euros a déjà été pris dans les caisses du privé pour financer le régime des agents EDF.

      Nous comprenons pourquoi d’aucuns sont viscéralement attachés à la notion de service public .
      Alors que  » l’État français va injecter 3 milliards d’euros dans l’entreprise EDF », malgré le fait que « 52 % de la facture d’électricité sont des taxes », le global paraît bien déficitaire non ?

      Ah, avant hier, quatre ampoules qui ont claqué quasiment au même instant…..
      Mon contrôleur universel (non étalonné il est vrai) indiquait 244 V…. Pas de chance ?

      Amitiés

  2. millepattes dit :

    La centrale de Luc y était une centrale à charbon et elle appartient à un groupe Allemand, or l’Allemagne nous vend de l’électricité issue du charbon et le groupe Allemand ferme la centrale en France, si cela ‘est pas une stratégie financière de nos voisins Allemands c’est quoi Alors? Une vaste fumisterie inter état, ,,

  3. MICHMARE dit :

    C’est bien une vaste fumisterie… Des barrages, interdits… Des centrales d’appoint gaz ou charbon, interdites… De nouvelles tranches nucléaires, interdites… En appoint, des éoliennes et encore des éoliennes… Pas de vent, on s’éclairera en les regardant… Trop de vent, il faut les arrêter… Cherchons les erreurs, le fric, le fric et la connerie humaine ! Cherchons aussi des solutions… des hydrauliennes, il y a toujours de la houledans tous les océans. Des centrales solaires dans certains pays, qui n’ont que du soleil à revendre, etc…

    • Daniel Z dit :

      Hello Michmare.

      Un site intéressant.

      https://clients.rte-france.com/lang/fr/visiteurs/vie/prod/prevision_production.jsp

      J’ai écouté Mme Royal, auto-satisfaite de la sécurité procurée par les énergies vertes.
      A noter que ces énergies sont dites « fatales » pour le réseau.
      Elles comprennent notamment la production d’origine solaire, éolienne, hydraulique fil de l’eau et combustion de déchets

      Rapide calcul, ces procédés, bénéficiant pourtant des conditions optimales, soleil et vent, n’entrent dans le bilan que pour moins de 5% dans la journée du 17/1
      Mais combien ont ils coûté en investissement pour produire une énergie dont nous pourrions nous passer en favorisant l’isolation ?

      Amitiés

  4. guillaume dit :

    Pour infos ces entreprises dont on parle sont volontaires et souscrivent a un contrat d’effacement de leur consommation en échange de quelques millions financés par …. nous.
    Par contre pour le particulier ça doit être un geste citoyen!

  5. VALLOIDIEN dit :

    avec 52 centrales nucléaires et autant de centrales hydrauliques et éoliennes,
    on ne produit pas assez de courant pour toute la france,,
    c’est naze,,
    ou on nous fout de nos tronches!
    allez savoir,

  6. ruddy dit :

    Quelle « contrebalance » ! Un avis unique (avis syndical) pour contrebalancer « les messages institutionnels »…. Des chiffres énoncés sans références . Et si on se posait quelques bonnes questions ? Par exemple pourquoi sept de nos centrales sont en opération de maintenance en plein hiver ? Il y a quelques dizaines d’années le choix de nos politiques a été de développer le nucléaire pour assurer notre indépendance énergétique. Mais au fil du temps et au gré des choix effectués on s’aperçoit que de l’indépendance il n’est plus question. Disparue avec les belles idées martelées, englouties et digérées que sont l’écologie et le réchauffement climatique. On devrait bientôt, après nous dire de chauffer les pièces à 19° de revenir aux bougies.

  7. Daniel Z dit :

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/06/20/les-grossistes-francais-confrontes-aux-prix-negatifs-de-l-electricite_3433318_3234.html#T87sJb8SYvAlL5TA.99

    «  »Dimanche, le mégawattheure (MWh) s’est échangé au prix négatif de – 40,99 euros sur la Bourse de l’électricité, Epex-Spot. » »

    https://www.contrepoints.org/2013/11/14/146024-la-france-1er-exportateur-mondial-delectricite

    «  »Le 25 décembre 2012, en effet, la puissance éolienne allemande dépassait les 18000 MW, entraînant le MWh, pendant 7 heures de suite, au cours négatif de moins 200€ ! Ce matin-là, il aura fallu payer les acheteurs plus de 40 millions d’euros pour qu’ils débarrassent l’Allemagne de 208000 MWh indésirables » »

    «  »On comprend ainsi pourquoi « un coup de vent sur la mer du nord ou un rayon de soleil en Bavière » activant les 63,9 GW intermittents allemands sont de nature à compromettre la sécurité du réseau électrique européen. «  »

    Il semble que l’ Etat soit incapable de gérer ce domaine (et il est arrivé à organiser la faillite de nos exportations de centrales !!)
    La nationalisation est une solution catastrophique, au moins dans sa forme actuelle.

    Amitiés