Résidence des peupliers : « Montceau, histoire connectée »
« Regards croisés sur le lavoir » : documentaire et débat
Albin et Amandine, les deux jeunes services civiques chargés du programme ont convié les résidents à la projection d’un documentaire de 26 minutes intitulé « regards croisés sur le lavoir ».
La municipalité est représentée par Marie Noëlle Laforest et Michel Furno.
L’idée directrice de cette action est simple : partager et diffuser les savoirs de chacun et maintenir le lien avec l’extérieur.
Projeter pour projeter un documentaire serait assez vain, non ce qui est recherché c’est de susciter le dialogue et le débat.
Et là, Patrice Dessalut, son équipe et Albin et Amandine ont pleinement réussi leur challenge.
Les résidents ont répondu présents parce que le sujet les intéresse fortement. C’est leur histoire, l’histoire de leurs familles, l’histoire de la mine, l’histoire de la ville.
Ce n’est pas assez d’avoir une bonne idée, de proposer un bon documentaire, de fournir des explications claires et précises, il faut aussi que cela soit intelligible, donc que le son soit assez fort.
Mais ce petit problème réglé, l’après-midi a été très enrichissant, très nostalgique et un vrai dialogue a pu se nouer.
Le son, le bruit, c’est un des éléments mis en avant par les personnes interviewées dans le documentaire et par Michel Furno qui se rappelle qu’à ses quinze ans il a travaillé un mois au lavoir des Chavannes et qu’effectivement le bruit y était effroyable.
Le bruit et la surdité, un lien tout trouvé avec les témoignages d’anciens du lavoir des Chavannes, dont Jean François Gagne un des membres du Conseil des Sages. Tous parlent de ce bruit infernal qui pouvait atteindre 110 ou 115 décibels. Une cabine insonorisée avait même été construite dans les dernières années.
Le documentaire détaille l’ensemble du process et des machines misent en œuvre.
C’est absolument passionnant et l’on comprend mieux à quoi servaient ces immenses ateliers, comment on triait le charbon, comment on le purifiant des autres matières et des cailloux grâce à l’eau magnétisée.
Mais tous, absolument tous, disent qu’ils ont aimé leur travail, leur lavoir et que si c’était à refaire ils retourneraient y travailler.
Les résidents ont beaucoup apprécié le documentaire, ont beaucoup commenté les images, reconnu des cousins, des voisins, des amis. Ils se sont rappelé leur jeunesse, les grands parents, les parents, les oncles qui ont travaillé au Lavoir et ont ainsi retrouvé le lien avec les ainés de la mine.
Et cela crée le parallèle avec les témoignages de jeunes, dont notre ami Yanis que tout le monde connaît à Montceau-news.com. D’ailleurs à la question posée en substance aux anciens « retourneriez-vous travailler dans le lavoir ?, croyez-vous que les jeunes iraient ? » Yanis n’hésite pas une seule seconde « non, non, les jeunes sont peut-être plus fainéants maintenant ! » Voulant dire par là qu’il fallait être des anciennes générations pour accepter des travaux aussi pénibles et des conditions aussi dures
Fainéants pas sûr car certains n’hésitent pas à aller visiter clandestinement le lavoir, à y réaliser des reportages photos, à y exercer leur art du graph.
Danger, c’est le mot qui monte à la surface du dialogue.
Michel Furno n’hésite pas à mettre en garde, il a visité récemment et il peut porter témoignage des dangers que les poteaux pourrissant au pied font courir aux visiteurs. Alors même que c’est l’état qui est responsable des locaux l’élu s’alarme de l’état des lieux.
C’est la consternation dans le public, et du coup remontent à la surface de la mémoire de l’assemblée des souvenirs de lieux mythiques, grandioses.
Mais les témoignages des anciens recueillis en 2013 sont sans appel. Il aurait fallu faire quelque chose après la fermeture en 1999 et dans les quelques années qui ont suivi… maintenant on ne peut que déplorer le temps qui passe, les difficultés accrues rendant toute rénovation hors de prix.
Certains préconisent de raser les locaux, ce qui créerait de l’emploi pendant un certain temps, et de construire un facsimilé ou un prototype plus petit à la place pour continuer de faire vivre l’histoire des lieux.
Un des jeunes interrogé à ces paroles pleines de sagesse et d’incompréhension « Montceau est une ville qui a 150 ans et à part le Lavoir des Chavannes il ne reste rien de son histoire qui doit tout à la mine. »
Ce constat frappe les résidents qui prennent effectivement conscience qu’il s’agit du dernier vestige des houillères en dehors du Musée de Blanzy. Ils sont clairs « il faut conserver l’esprit de la mine, l’esprit de la ville ! »
Le dialogue est établi, chacun et chacune y va de sa participation
Un goûter réuni tout le monde autour de brioche, de jus de fruit et de café.
Mais cet après-midi va forcément laisser des traces et le travail de mémoire va se faire à des vitesses différentes pour livrer de la matière dans le cadre de « Montceau, histoire connectée ». Gageons que les conversations vont aller bon train sur le sujet.
Pari gagné pour Albin et Amandine, toute l’équipe des Peupliers et Le groupe de travail des Ateliers Santé Ville.
Gilles Desnoix
Un commentaire sur “Résidence des peupliers : « Montceau, histoire connectée »”
« » les jeunes sont peut-être plus fainéants « »
Peut être que les jeunes regardent autour d’eux et ont compris comment fonctionne notre société ?
L’actualité en est une preuve, non ?
Compris qu’accepter certains emplois, c’est se condamner à une vie de misère, pour le plus grand profit de certaines corporations ?
Il y a quelques temps, T.V., magnifique reportage sur les mines, qui montrait comment l’opinion était conditionnée pour rendre acceptable l’exploitation humaine.
Tous s’y étaient engagés et, localement, je me souviens encore des affiches « Mineur, un métier d’homme. »
Il fallait gagner la guerre du charbon !!!!
Ce n’était plus des hommes qui en exploitaient d’autres, c’était le charbon !
Une étude semble confirmer le ressenti de l’époque :
https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2007-3-page-75.htm
Le plus triste, c’est que ça marchait et que la bienpensance reste d’actualité.
Amitiés