Il et elles se sont donnés rendez-vous après 15 ans
Retrouvailles des anciens de l’ex service Moyen Séjour
Il est des surprises comme de vastes paysages qui vous émeuvent devant leur majesté ou leur sérénité totale.
Sortant d’une AG de Chasseurs avec encore en tête le parfum des chaumes parcourus par les nemrods billebaudant, je me retrouve face à une assemblée joyeuse, visiblement heureuses d’être réunie là à cet instant pour une occasion que l’on devine festive.
La salle du Nota Bene retentit de rires, d’interpellations d’exclamations.
Le personnel s’affaire comme à l’accoutumée car tout est plein dans la grande salle de restaurant et les deux terrasses.
On m’a dit « un groupe d’infirmières se retrouve après des tonnes d’années, Coco, vas-y, ça va faire un beau papier. »
Donc Coco, d’instinct choisit de suivre la douce musique flutée des rires. Et bingo un aéropage féminin en plein effervescence qui rit, échange des photos, se demande des nouvelles.
Et… ah ben Tiens, un homme.
Tous les spécialistes des sciences comportementales ou de l’Homme et de la Société le disent à l’unisson : quand un homme se retrouve à table avec 17 femmes il rentre la tête dans les épaules.
Mais bon, c’est le genre de soirée au sujet de laquelle on se dit « tiens ça doit être très sympa d’en faire partie ». En même temps il y a déjà un homme…
Tout le monde connait la chanson de Bruel : Place des grands hommes
On s’était dit rendez-vous dans 10 ans
Même jour, même heure, même port
On verra quand on aura 30 ans
Sur les marches de la place des grands hommes
C’est pareil pour ce soir, sauf que c’est tout le contraire, enfin pas tout à fait…ou presque…
Il et elles ne s’étaient pas donné rendez-vous il y a 10 ans, donc ni jour ni heure par avance, mais un port… celui de Montceau, celui du Canal.
Il n’a plus 30 ans, elles bien sûr que si, évidemment, qui en douterait encore.
Et ce fut au Nota Bene et sur le quai du canal et pas place des grands hommes qui n’existe pas à Montceau.
Cette ville a une place du Capitole comme Toulouse, mais en mieux, enfin pas tout à fait…ou presque…
Ces femmes joyeuses, cet homme au milieu, ne se sont pas « époudraillés » aux 4 coins de l’hexagone comme diraient les politiques, non, ils travaillent depuis 15 ans à moins de 200 mètres les uns des autres à l’Hôpital Jean Bouveri.
Ce sont 18 des 25 soignants de l’ancien service Moyen séjour.
« Une vraie famille, Monsieur, une équipe formidable » nous livre en confidences Stéphanie Ferrara la « Reunion organizer. »
Et pour preuve, l’ancienne chef, maintenant enseignante à l’IFSI, est présente et semble être encore plus heureuse que les autres. Et on sent que tout le monde l’aime beaucoup.
Montceau News (Coco) : mais pourquoi si vous travaillez depuis la fermeture du service Moyen séjour il y a 15 ans à moins de 200 mètres les uns des autres sans avoir jamais quitté Jean Bouveri, sauf les départs en retraite et deux collègues passés en libéral, pourquoi attendre 15 ans pour organiser une soirée de retrouvailles, vous vous croisez bien dans la semaine ?
Stéphanie Ferrara : oui, non, si… mais c’est lors de la dernière remise de médailles du travail à l’Hôpital que l’une d’entre nous a dit… « Ça fait 15 ans que notre ancien service est fermé et on ne s’est jamais réunies depuis, si on organisait ça »
Montceau News : et donc c’est tombé sur vous
Stéphanie Ferrara : j’ai été remplie d’émotion quand on m’a demandé ça. Et tout le monde m’a dit oui immédiatement. C’est très émouvant non ? Ça veut dire que 15 ans après notre équipe formidable avait envie de se retrouver pour partager ensemble comme avant
Montceau News : bon, c’est bien sympa de se réunir comme ça, mais qu’allez-vous en faire ensuite, ça va déboucher sur quoi ?
Stéphanie Ferrara : d’abord l’idée c’est de retisser les liens, de les resserrer, puis, par exemple de programmer une réunion annuelle comme celle-ci, peut-être des activités communes, faut voir. Pour le moment nous en sommes au partage de cette première réunion de retrouvailles. Cela peut aussi resserrer les liens pendant le travail.
Montceau News : Et une réunion comme celle de ce soir est-elle destinée ou peut-elle servir de catharsis eu égard au stress que la situation de l’hôpital et les incertitudes de l’avenir sur l’emploi peuvent générer ?
Stéphanie Ferrara : L’idée a été arrêtée il y a de nombreuses semaines avant les tensions qui ont conduit à la journée d’action d’aujourd’hui. Alors bien sûr elle permettra deux choses, se vider la tête des soucis qui nous occupent l’esprit au sujet de l’avenir de l’Hôpital Vous savez depuis le moyen séjour j’ai vécu deux fois des fermetures des services dans lesquels je travaillais, je connais ce stress. Certaines de mes collègues vont voir fermer leur service le 7 juillet, alors cette soirée permettra de leur montrer notre soutien, notre solidarité et de les aider à faire un break d’au moins une soirée joyeuse. Vous savez on ne retrouve pas d’équipe comme celle que nous formions alors.
Montceau News : oui, mais avec le temps, l’éloignement on sublime beaucoup ses souvenirs
Stéphanie Ferrara : oui sans doute, mais là non, dès que l’on s’est toutes retrouvées tout à l’heure, l’émotion est revenue, nous avons retrouvé des vraies sensations d’alors.
La soirée promet d’être belle et bénéfique. Le groupe semble s’être pleinement retrouvé, mais il n’est pas facile à driver. Pour la photo devant le canal le groupe est sorti comme une seule femme en pleine circulation devant les yeux effarés des automobilistes qui avaient déjà le pied sur la pédale d’embrayage aux feux. Et retour, c’est passé à l’aller pas de raison que ça cale au retour.
Le maître d’hôtel a dû montrer un rien d’autorité pour faire cesser le brouhaha afin d’établir la liste des apéritifs. Heureux, il et elles étaient vraiment heureux de se retrouver, ça se voyait, on n’entendait rien d’autre et l’émotion était sincèrement comme des ondes électriques dans l’air ambiant…
Il est des surprises comme de vastes paysages qui vous émeuvent devant leur majesté ou leur sérénité totale.
Gilles Desnoix