VFCEA
Des habitants mobilisent pour faire évoluer le projet
La Voie Ferrée Centre Europe Atlantique est l’objet de discussions au sein d’une Commission Nationale de Débat Public depuis le mois de décembre dernier.
Et c’est à l’occasion de cette commission que des habitants et voisins directs du projet ont commencé à prendre connaissance de celui-ci.
C’est aussi à l’occasion de cette CNDP qu’ils ont pris conscience de la nécessité de se fédérer en association afin de mieux pouvoir faire entendre leur voix en face des promoteurs du projet.
Nous sommes ainsi allés à la rencontre de l’association CoDéVad pour Collectif de Défense de la Vallée de la Dheune.
Née en janvier de cette année, l’association a pour Président Christian Peeters et pour Trésorier Claude Alloing. L’association s’adresse à tous les habitants de la Vallée de la Dheune et du Mesvrin, de Santenay jusqu’à Etang-sur-Arroux, toute personne intéressée et/ou concernée par le projet de la VFCEA.
L’objectif de l’association est d’informer les différents habitants concernés par le projet VFCEA et de comprendre le projet et son impact sur l’environnement. L’objectif premier de l’association est de défendre le cadre de vie des habitants.
« L’idée n’est pas d’être pour ou contre, mais plutôt de savoir si cela en vaut la peine. Il y a de gros sacrifices pour les habitants, financiers d’abord, environnementaux ensuite » nous explique Christian Peeters.
L’intérêt du projet remis en question par l’association
En outre et s’appuyant sur plusieurs rapports remis par des experts (Jack Duchemin notamment) à la CNDP, l’association cherche à montrer le manque d’intérêt actuel du projet tel qu’il est conçu actuellement.
Selon le Président et le Trésorier, « il n’y a pas de vision sur les besoins des habitants et des voyageurs et sur le fret. Il n’y a pas de vision sur le matériel roulant. On parle de vieilles technologies. Mais si on écoute Nicolas Hulot, on devrait parler de pile à hydrogène, une technologie dont on a déjà la maîtrise chez Alstom par exemple. »
En outre, l’association explique que tout le monde semble pour le projet, mais « à sa manière », la CUCM étant essentiellement focalisée selon le CoDéVad par la gare passante et la question de l’interconnexion.
Or, le projet initial serait constitué de 5 volets : le premier concernerait le raccordement TGV-TGV Strasbourg-Lyon. Mais selon l’association, les intéressés par ce volet ne sont pas réellement connus. Le deuxième volet concerne l’interconnexion TGV-TER dont les signataires sont connus : Sébastien Martin (Président du Grand Chalon), André Accary (Président du département), David Marti (Président de la CUCM) et François Rebsamen (Président de Dijon Métropole). Le troisième volet concerne le raccordement avec les lignes desservant Nantes. Mais celui-ci aurait été très peu abordé lors du débat public selon l’association. Le quatrième volet est plutôt connu des populations du territoire puisqu’il est sujet de discussion depuis près de 50 ans : l’électrification de la ligne Chagyn-Nevers pour les TER. Le cinquième volet s’intéresserait davantage au fret.
La CNDP a clôturé le débat depuis le 19 mai dernier. Toutefois, les discussions et questions sont encore possibles en ligne jusqu’au 4 août prochain.
Ici même : https://vfcea.debatpublic.fr/
Les incohérences du projet selon le CoDéVad
Depuis le mois de décembre, l’association s’est fortement impliquée afin de rattraper son retard sur le dossier. Ils indiquent que leur opposition n’est surtout pas une opposition de principe. Ils souhaitent avant tout montrer les incohérences du projet afin de permettre son évolution dans le bon sens pour chacun habitants et promoteurs.
Premier reproche : « il n’y a pas vraiment d’études sur les besoins. Certes sur les dessertes actuelles on a des éléments, mais pas d’éléments prospectifs. »
Ils reprochent aussi qu’il y ait 4 à 5 besoins différents sur un même projet. « C’est un projet politique » déclarent-ils, avant de poursuivre. « On construit une offre hybride avec quelques petits effets de mutualisation, mais pas de réelle mutualisation des besoins. Par exemple, la position de la CUCM, c’est que la gare passante importe le plus. Mais on se demande s’ils ont réellement étudié le projet. »
Revenant sur la CNDP et le débat public, l’association indique que les informations fournies par les promoteurs contiendraient assez peu de dossiers prospectifs au niveau des besoins. Et dans un des cahiers d’acteurs, la SNCF elle-même indiquerait « le manque d’intérêt du projet » selon le CoDéVad.
En outre, le collectif assure que « le projet n’est actuellement pas financé. Notre évaluation, c’est qu’il faudrait 2 à 3 contrats plans Etat-Région pour ce faire. »
A un niveau plus technique, ils expliquent aussi que la régénération nécessaire des tronçons et l’harmonisation des tronçons pour assurer une vitesse régulière des trains n’a pas été prise en compte dans le projet, laissant entrevoir une augmentation du coût de celui-ci.
Pour autant, ils reconnaissent la qualité du travail réalisé par le débat public : « Le débat public a fait un excellent travail. Un faible nombre de personnes s’est intéressée au sujet. Il a manqué de mobilisation pour plusieurs raisons. La première raison est qu’il a débuté le 15 décembre (date de la première réunion publique). »
Et selon les membres de l’association, il n’y aurait pas eu assez d’efforts de la part des collectivités pour informer les habitants sur le sujet. « La CUCM a seulement informé via ses revues » indiquent-ils.
Un projet qui devra être complété selon la CNDP
Christian Peeters et Claude Alloing se déclarent choqués lorsqu’ils lisent qu’une majorité de la population serait « pour » le projet. Ils dénoncent « une acceptation par défaut » et en méconnaissance du projet.
Mais ajoutent-ils et s’appuyant sur les conclusions de la CNDP (que l’on peut retrouvé en ligne) : « la CNDPa noté plusieurs points. Elle dit que le projet doit être complété. Une concertation doit être mise en place avec les publics concernés. Un garant doit être nommé. Cela devrait être fait en septembre. »
Toutefois pour l’association, cette date semble très tardive car le 19 août prochain, le comité de pilotage de la VFCEA rendra sa décision sur la poursuite de l’examen du projet. « Sur quelles bases vont-ils décider ? Sans doute sur celle des promoteurs… » s’interrogent les membres du CoDéVad.
Et d’ajouter : « Les habitants pensent qu’ils n’ont pas eu les moyens de se défendre ni de présenter leur opinion. Ils avaient du mal à se représenter le projet ».
L’association pointe du doigt des présentations trop vagues selon ses membres, « des promesses ».
« L’approfondissement se fera au moment de l’enquête d’utilité publique. Toutes les études d’impact (bruit, eau, vibrations, travaux sur les ouvrages d’art…) ont été repoussées à plus tard. C’est choquant. Mais les habitants commencent à se mobiliser, surtout quand ils savent que les communes devront payer » déclarent les membres de CoDéVad.
Un coût du projet nettement sous-estimé selon le CoDéVad
Le Coût actuel estimé s’élèverait actuellement à 560 millions d’euros. Mais selon l’association CoDéVad, cette somme pourrait être doublée. En effet de nombreux coûts n’auraient pas été envisagés tels la régénération des voies. Celle-ci est toutefois programmée par la SNCF en 2019 sur le tronçon Chagny-Montchanin dans le cadre de l’entretien de ses voies ferrées.
La rentabilité du projet serait possible grâce à la multiplication du fret. Et la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) indiquerait qu’il serait impossible de dépasser 15 trains de fret par jour sur la voie, rendant ainsi compliquée la rentabilisation du projet selon l’association. Actuellement, ce serait jusqu’à 10 trains de fret par jour qui circuleraient.
Jack Duchemin, expert international indépendant, ancien de la SNCF, aurait indiqué dans le Cahier d’acteur n°48 que des solutions moins coûteuses devraient être étudiées.
L’association pointe du doigt par exemple le manque de cohérence avec le développement de la plate-forme de LIDL qui pourrait inclure par exemple une partie de transport de ses marchandises via les voies ferrées.
En outre, elle ajoute : « On ne cherche pas à faire un saut technologique. C’est une technologie du passé dont on parle actuellement. Pour nous, sur un tel projet il faut dépenser l’argent à bon escient. Au mieux, si le projet se fait, tout serait terminé en 2030. La technologie serait alors dépassée. ».
Des mairies invitées au dialogue par CoDéVad
Au mois de mai dernier, l’association aurait invité 18 mairies à une réunion pour les informer des résultats de leurs propres analyses et afin de leur proposer de prendre position sur le projet avant la décision du 19 août prochain. 11 mairies se sont présentées.
Sur ces 11 mairies, 8 auraient indiqué essayer de mettre en œuvre une démarche de réflexion sur le sujet. Les communes de Santenay et de Cheilly-lès-Maranges se seraient prononcées à l’unanimité des présents, « opposés au projet ». Les communes de Saint Julien-sur-Dheune et de Dennevy auraient émis des réserves.
L’association indique à ce jour être en attente d’autres réponses (Mesvres, Saint Symphorien de Marmagne etc.). « On espère que 7 à 9 mairies se prononceront sur le projet. Généralement s’ils se prononcent, c’est qu’ils sont contre ou qu’ils émettent des réservent » nous expliquent les membres de CoDéVad.
Des rencontres avec des élus communautaires
L’association indique également avoir rencontré Madame Marie-Claude Jarrot, Maire de Montceau-les-Mines et être en attente d’un prochain rendez-vous avec David Marti, le Président de la CUCM.
Selon le CoDéVad, Marie-Claude Jarrot aurait été étonnée de certains points du projet soulevés par l’association. Afin de compléter la rencontre, l’association déclare avoir envoyé des documents complémentaires à Marie-Claude Jarrot.
« On pense qu’il ne faut pas laisser faire une bêtise comme ça. » indiquent-ils avant d’ajouter : « On pense qu’il faut repousser la date du mois d’août afin de mener des études. Il y a vraiment une étude sur le circulation à faire aussi. »
L’association créée en janvier dernier compte aujourd’hui près de 100 adhérents. Elle cherche à poursuivre la mobilisation de la population. Dans ce sens, elle lance une série de tables rondes afin que les personnes puissent s’exprimer plus facilement au sein de petits groupes. L’objectif actuel de l’association est de poursuivre l’explication de ses analyses et de faire signer des pétitions. Ces tables rondes seront progressivement mises en place dans les 4 semaines à venir.
CoDéVad entend aussi faire travailler les députés en sollicitant Messieurs Gauvain et Rebeyrotte.
« On va essayer d’approcher Nicolas Hulot et le ministre du budget ».
L’été sera donc studieux pour cette jeune association.
Plus d’informations sur la CNDP ici :
https://www.debatpublic.fr/projet-voie-ferree-centre-europe-atlantique-vfcea
https://www.sncf-reseau.fr/fr/projets-chantiers-ferroviaires/regions/bourgogne-franche-comte/vfcea
EM
4 commentaires sur “VFCEA”
Je ne comprend pas cette opposition systématique d’une vieille France conservatrice.
J’approuve ce genre de projet qui délestera le routier.
– Le ferroviaire est un transport plus écologique que la route. La puissance nécessaire pour tracter des charge est presque 10 fois inférieure au routier. C’est donc plus écologique en consommation d’énergie et en pollution. Naturellement, cela ne cesse d’évoluer.
– Le ferroviaire est une charge financière, pour le contribuable, bien moindre que le routier. Même dans ce domaine, une minorité on empêché l’évolution de la fiscalité routière juste entre les usagés de la route.
– C’est un concept qui doit évoluer, comme beaucoup d’autres, sur le plan social-professionnel. Malheureusement, trop d’entreprises, en France, meurent à cause de l’immobilisme imposé par certains syndicats. Cela fut le cas pour le fret ferroviaire. Trop de grèves ont éloigné les clients.
Des axes de desserte sont saturés sur les route et doivent évoluer vers un autre concept. C’est le but de ce projet.
Donc, avant de réformer à juste titre le ferroviaire, il faudrait peut-être mieux informer le public pour contrecarrer l’intox des anti-tout (politique, syndicaux, même par simple plaisir ou passe temps).
A force de laisser une parole exclusive à ces minorités , on régresse.
oui il faut electrifier Chagny-Montchanin pour un raccordement TGV-TGV Strasbourg-Lyon et les T E R désolé pour les détracteurs , c’est bien un progrès pour les habitants du centre de la Saône et Loire. IL y a aussi le fret a multiplier
L’association mise sur mr Duchemin , expert pour des solutions moins couteuses , lesquelles
Pascontent devrait se connecter aux sites proposés pour mieux appréhender l’ensemble du dossier (de même que gilbert71). Le doux rêve du transfert de la route vers le rail ne semble pas se réaliser pour de nombreuses raisons: lobby des transporteurs, frilosités politiques, routes gratuites pour les camions alors que le train est payant, financements déficients par RFF etc…En plus il faut, sans pour autant être « syndicalistes » (il semble qu’il y ait au moins confusion. sinon fixation) savoir dénoncer des projets mal ficelés, sans rentabilité sociaux économiques établies par les promoteurs eux-mêmes. La SNCF n’est pas favorable, c’est écrit par son PDG, à certaines options avancées dans le plan état/région et par des demandes parfois contradictoires.
Si un projet plus réaliste, équilibré et porteur d’avenir est mis en route j’en serai le premier soutien.
Petit rappel à Josall71:
Lorsque vous payer un transport ferroviaire, tous les coûts, y compris ceux de l’entretien des voies et des investissements sont compris dans votre achat.
Lorsque vous achetez du routier, vous continuer en payer, via vos impôts, l’entretien et les investissements des infrastructures routières.
C’est cela aussi la concurrence déloyale que nous finançons. Ne dites pas que le routier est moins cher, car nous le payons en permanence avec nos impôts.
Alors, pourquoi ne pas rétablir un juste équilibre…..écologique en plus!……