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samedi 27 janvier 2018 à 10:14

SIAP (Montceau – social)

 Le "syndrome de la grenouille" !



 

 

Les psychologues du travail connaissent bien cet exemple qu’est celui du « syndrome de la grenouille ». Prenez une grenouille et mettez là dans un petit bassin d’eau. Puis montez lentement et très progressivement la température de l’eau. La grenouille va alors lentement mourir d’asphyxie sans s’en rendre compte. Prenez maintenant une grenouille et placez là dans l’eau à la même température à laquelle l’autre est décédée. Immédiatement cette grenouille va se brûler et sauter hors du bain pour échapper à une mort certaine.

 

 

Les salariés de la SIAP ont malheureusement connu le sort de la première grenouille et vous lecteurs pourriez être la deuxième à la lecture des témoignages des salariés.

 

 

Ce jeudi 25 janvier 2017, le Tribunal de commerce de Chalon sur-Saône s’est prononcé en faveur d’une liquidation judiciaire de l’entreprise, cette décision était pressentie aux vues des comptes de la société et le refus de l’actionnaire principal de remettre de l’argent sur la table. La société cumule 2 millions d’euros de perte sur 8 ans, et n’est plus capable de solder la dette de 1,3 millions d’euros exigible en interne du groupe à cette date. C’est donc 44 emplois qui vont disparaître du bassin d’emploi montcellien. A la sortie du tribunal de commerce les salariés avaient préparés ironiquement un comité de sortie à leurs dirigeants. Les patrons se sont vus contraint de marcher sur des T-shirts marqués « SIAP » en passant à côté de leurs salariés qui leur tournaient le dos. La symbolique de cette action parle d’elle-même.

 

 

La situation n’est pas arrivée brusquement mais d’après les dires des salariés et de leurs représentants du personnel, c’est le résultat d’une stratégie bien calculée par leurs dirigeants et ce, de longue date. La SIAP, filiale du groupe BAGLIONI (Italie), a connu des faits marquants ces dernières années. Les délégués du personnel font le constat amer qu’aucun investissements n’ont été fait en 15 ans, la compétitivité de l’entreprise s’en ai trouvé gravement affectée et l’environnement de travail s’est progressivement dégradé laissant les salariés dans des conditions de travail inacceptables. Leur avocat, Maître Blindauer, rapporte après avoir visité l’usine : « On pourrait y tourner le film Zola après avoir nettoyé », ce qui laisse imaginer l’état de l’outil de travail. Sur la partie commerciale, un seul représentant de commerce à qui l’on a restreint son secteur et redistribué une partie de son portefeuille à des commerciaux multicartes à l’étranger. Ajoutons à cela la réorientation des clients sur l’usine italienne du groupe, laissant l’unité Montcellienne en famine et sur des produits à faibles marges ou à marge négative quant en plus, toujours d’après les témoignages, le groupe fixait les prix ne laissant aucune marge de manœuvre.

 

 

Les représentants du personnel comprennent bien aujourd’hui, les aberrations du management du groupe. Le puzzle recomposé à l’aide des éléments connus semble démontrer une volonté de saborder lentement et sûrement cette unité de production. Maître Ralph Blindauer utilise même le terme de « voyous » lorsqu’il s’adresse aux membres de la direction dans un tribunal, preuve à l’appui des faits constatés.

 

 

Aujourd’hui chez SIAP tout le monde est bien conscient que sans Comité d’Entreprise (puisque moins de 50 salariés), aucune information d’ordre économique n’a jamais été donné aux élus du personnel, et que ce niveau d’information aurait été crucial pour une prise de conscience de la situation des dernières années. Résultat des courses les salariés vont se retrouver licenciés ne bénéficiant que d’un CSP à la charge de l’état (UNEDIC) pour retrouver un emploi ou se reclasser professionnellement. Malgré tous, les salariés et leur avocat ont promis aux dirigeants de les revoir sur les bancs du tribunal correctionnel de Dijon suite à une plainte pour « abus de bien sociaux ». Rappelons tout de même qu’il a fallu que les salariés investissent la mairie de Montceau pour que cette plainte soit instruite par le procureur de la République.

 

 

Même si SIAP vient de tuer sa grenouille française, ses dirigeants n’en n’ont apparemment pas encore finis avant de pouvoir clore ce dossier. Bon courage aux 44 salariés de la SIAP en leur souhaitant de retrouver un emploi dans une entreprise plus saine.

 

 

Pierre-Gaël LAVEDER

 

 

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Un commentaire sur “SIAP (Montceau – social)”

  1. sillabruno dit :

    Visiblement le groupe Baglioni a voulu se débarrasser du site montcellien à moindre frais. Pourtant dans ses « valeurs » il affirme vouloir être attentif aux personnels et développer leurs capacités et compétences dans un climat serein et positif…l’action continue!