« Les raisons et uniquement les raisons pour lesquelles j’irai manifester jeudi… à l’attention de tous les retraités du bassin montcellien.

Mon nom ; ne vous dira rien et ça n’a aucun intérêt, mais je peux vous dire que je suis né en 1953.

Revenons quelques années en arrière à la libération, en 1945, la mise en œuvre du programme du CNR prévoyait « une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours » Intégrée au système français de la Sécurité sociale. Ambroise Croizat, ministre du travail et de la santé (1901-1951) dirige la mise en place du système de protection sociale : assurance maladie, système de retraite, allocations familiales. Le nouveau système voit le jour par les ordonnances du 4 et 19 octobre 1945. Voilà une bonne chose de faite.

On se projette maintenant en 1956, Guy Mollet a instauré la vignette pour « fournir un revenu minimum à toutes les personnes âgées de 65 ans et plus ».

 

En plus, Paul Ramadier, le ministre des Affaires économiques, avait affirmé que c’était une taxe temporaire… Temporaire qu’il disait, la vignette a duré quarante-quatre ans ! Donc je l’ai payée pendant environ 25 ans ! Et vous savez quoi, les anciens n’en ont presque jamais vu la couleur, vu qu’au bout de trois ans, le Premier ministre, Michel Debré, a annoncé que le produit de la vignette serait finalement « acquis au budget de l’État… », qui le reverserait au Fonds national de solidarité. Enfin, en partie… Une petite partie… Que les vieux se fassent dépouiller comme ça, ça a fait du foin. Mais rien n’a changé.

 

Ensuite en 1991, quand ils ont créé la CSG, (la contribution sociale généralisée) pour financer la branche famille, en remplacement des cotisations patronales d’allocations familiales, bon… j’ai encore payé ! ça ne devait durer que cinq ans, encore « Une contribution transitoire » qu’ils disaient… et puis 1,1 %, c’était supportable. Seulement vingt-sept ans plus tard, elle transite toujours la CSG ! Et elle a grimpé à 9,2 % pour les salariés et 8,3 % pour les retraités. Par étape, bien sûr, c’est moins flagrant.

 

En 1993, elle est passée de 1,1 à 2,4 %. Pour alimenter en plus le Fonds de solidarité vieillesse. Et la vignette elle sert à quoi ?

 

 

Autre chose, en 1993, souvenez-vous, La réforme des retraites appelée réforme Balladur, elle a modifié de nombreux paramètres concernant les modalités de calcul des pensions (en 2003, la loi Fillon a donné un coup d’accélérateur pour aggraver un peu plus les critères de cette époque) :

 

• La durée de cotisation nécessaire pour liquider sa retraite à taux plein est passée de 37,5 ans à 40 ans dans le privé.
• Les années prises en compte dans le calcul du salaire moyen sont passées de 10 à 25 ans. (Demain (nos enfants) avec la retraite par points qui se prépare, le calcul englobant toute la carrière sera vécu comme un désastre économique et social. Et surtout pour les femmes. Par exemple quand une mère (ou un père) prend un mi-temps pour élever ses enfants)
• Le calcul des pensions de retraite ainsi que leur réévaluation annuelle dans le régime général est désormais indexé sur l’inflation et non plus sur le salaire moyen de l’économie. Cette dernière mesure a eu un impact considérable sur le montant des pensions. Les retraités en paie le prix aujourd’hui.

 

En 1997, la CSG augmente encore pour financer, en plus, la branche maladie : on en est à 3,4 %.

En 1998, toujours pour la branche maladie, elle passe à 7,5 %, etc., etc.

 

Bref, la protection sociale ne s’est pas redressée, et ce qui devait être temporaire est devenu… un impôt de plus.

 

ET oui ! La CSG, ça rapporte plus que l’impôt sur le revenu aujourd’hui. Si on vous demande combien vous payez d’impôts par an, vous le savez. Mais si on vous demande combien vous payez de CSG, le savez-vous ?

 

 

En 1996, naissance de la CRDS, la « contribution à la réduction de la dette sociale ».

 

À cette époque, les déficits sociaux s’élevaient à un montant estimé entre 30 et 38 milliards d’euros. Oui, parce que nous, si on se trompe de dix euros dans notre déclaration de revenus, on risque un redressement, mais eux, un flou de 8 milliards, ils ont le droit…

 

Toujours est-il qu’ils avaient tout bien calculé : en treize ans, tout serait remboursé. La CRDS devait disparaître le 31 janvier 2009.

 

Mais en septembre 1997, catastrophe ! le gouvernement Jospin annonce 13 milliards d’euros supplémentaires de dettes, qui correspondaient aux déficits sociaux non financés des années 1996 à 1998.

 

Alors, ils ont tout bien recalculé, finalement pour tout éponger il fallait prolonger… jusqu’au 31 janvier 2014.

 

Et voilà qu’en 2004, le plan de redressement de la Sécurité sociale concocté par Philippe Douste-Blazy annonce 50 milliards d’euros supplémentaires de dette à rembourser.

 

Alors, ils ont tout bien re-recalculé… et ils ont vu que finalement, la Trinité était la meilleure date pour arrêter la CRDS. Donc, on la paie toujours…

 

Et puis, en 2004, Raffarin invente la « journée de solidarité », vouée à « l’autonomie des personnes âgées ». Donc pendant 10 ans, j’ai travaillé une journée sans être payé (une journée de « grève » à l’envers) ! Si la situation des personnes âgées a changé, il faut le faire savoir…

 

Et en 2013, une nouvelle taxe pour les retraités. CASA, ça s’appelle.

 

 

C’est la « contribution additionnelle de solidarité à l’autonomie », 0,3 % sur les retraites, pensions d’invalidité, allocations de préretraite. C’est-à-dire qu’ils font payer les vieux pour que les vieux soient autonomes ! Ce n’est pas du bon foutage de gueule, ça ?

 

Et on continue. En 2013, Monsieur Jean-Marc Ayrault nous gèle les retraites complémentaires…

 

Et comme ça ne s’arrête jamais, maintenant, on se prend une augmentation monstrueuse de la CSG : de l’ordre de 25 % d’augmentation ! Ah non, on nous a dit 1,7 %, mais ce n’est pas 1,7 % de ce qu’on payait, c’est le taux qui augmente de 1,7 % ! Bref, nous les vieux, on est passés de 6,6 % à 8,3 % de CSG, ça nous fait en moyenne 25 % dans les dents.

 

 

Attardons-nous un instant sur la manière d’enfumer le bon peuple : Pour exemple, un retraité qui gagne 1270 € BRUT.

 

 

• En 2017 la CSG était de 6,60 % soit une retenue de 1270 x 6,6% = 83,42 €.

• En 2018 la CSG prend 1,7 point supplémentaire, donc la CSG passe à 8,3%, la retenue est de 1270 x (6.6% + 1.7%) = 105,41 €

• Passer de 83,42 € à 105,41 €…. C’est une augmentation de 26.36% ! Elle n’est pas belle la vie de ministre du trésor !

 

Et maintenant, la cerise sur le gâteau : on nous annonce que nos retraites vont être revalorisées de 0,3 %. Cinq fois moins que l’augmentation dont on aurait dû bénéficier si le code de la Sécurité sociale avait été simplement respecté.

 

L’inflation en 2018, chiffre de l’Insee a été de 1,85 %. Et Bruno Le Maire ose dire sur RTL : « Mais ils ne seront pas perdants, leur pension de retraite continuera à être revalorisée. » Mais il est vrai que pour eux, nous sommes trop bêtes pour comprendre et compter. Pas besoin de sortir de Polytechnique pour comprendre qu’une hausse de 0,3 % des pensions, quand les prix augmentent de 1,85 %, revient à une baisse du pouvoir d’achat. 2019 se situerait au niveau de 1,5 %. Nous fera-t-on le même coup ?

 

 

D’après le baromètre de l’institut Elabe, publié le 6 septembre dernier, 72 % des retraités (soit un peu plus de 10 millions sur 17 millions) déclarent ne pas avoir confiance dans le chef de l’État, alors qu’ils étaient 44 % en janvier et 35 % lors de son élection. On se demande vraiment pourquoi.

 

Un type qui pour se faire élire déclarait chez Jean-Jacques Bourdin en décembre 2016 : « L’engagement que je prends ici devant vous, c’est que, avec moi, toutes les petites retraites auront leur pouvoir d’achat protégé. »

 

Et sur RMC encore, en février 2017 : « Je ne veux pas, moi, faire d’économies sur le dos ni des retraités, ni de celles et ceux qui sont à quelques années de la retraite. »

 

Et au 20 heures de France 2 en mars 2017 : « Je ne touche pas à la retraite de celles et ceux qui sont aujourd’hui retraités. Leur retraite sera préservée. Il n’y aura pas de perte de pouvoir d’achat, c’est essentiel ! »

72 % qui n’ont pas confiance, je comprends ! Mais la vraie question, comment peut-il se trouver encore 28 % de retraités qui lui fassent confiance ?

 

 

Et si l’on n’y prend pas garde, nous les vieux, nous allons devenir la variable d’ajustement des comptes de la nation ! Vous l’entendez la petite musique qui se joue autour de notre épargne. Oui, nous les vieux, on a, quand on a pu, épargné toute notre vie non pas pour aller dans les paradis fiscaux mais pour être en mesure de payer, la facture de l’Ehpad et/ou le dernier voyage. Et vu les tarifs pratiqués de l’un ou de l’autre, bien souvent l’épargne ne suffit pas.

 

 

Vous l’entendez la petite musique autour des pensions de réversion ? Pourquoi en parlent-ils ? Pourquoi se besoin de nous rassurer. Le 1er Ministre a déclaré que s’il fallait « poser sur la table la question » des pensions de réversion, le gouvernement ne travaillait « en aucune façon » sur des mesures qui viendraient les « amoindrir » ou « les remettre en cause ». Pour rappel, la réversion, qui permet aux veuves et veufs de toucher une partie de la retraite de leur conjoint décédé, concerne aujourd’hui 4,4 millions de personnes, dont 89% de femmes. De ce côté-là, il y a surement du pognon à ce faire ! Je suis sure qu’il y a un projet planqué quelque part !

 

 

Toute notre vie, on a payé pour aider les vieux et maintenant que l’on est vieux, il faut que l’on paye pour aider les jeunes ?

Maintenant, vous comprenez mieux pourquoi je serai à la manifestation le 31 janvier à Montceau, à 15H place de l’hôtel de ville à l’appel des 9 organisations.

 

 

Je fais partie des 17 millions de retraités qui souhaite adresser ce message à tous nos chers élu(e)s : « ne nous prenez pas pour des quiches ! » et plus particulièrement à Emmanuel Macron qui, dans sa lettre aux Français, n’a pas un seul mot de considération pour les retraités. Une raison de plus pour se faire entendre… »