Montceau-les-Mines : au cinéma Le Plessis
Projection du film : « Une intime conviction » suivi d’un débat
En ce jour du 8 mars, le cinéma Le Plessis a choisi de projeter le film « Une conviction intime » d’Antoine Raimbault suivi d’un débat animé par maître Vermorel, avocat et le docteur Didier Roy, neuropsychiatre et criminologue.
Près de 140 spectateurs, deux heures de film, deux heures de débat…
« On n’a pas vu passer la soirée… tels étaient les commentaires que l’on pouvait entendre à la sortie… »
Une soirée réussie qui a pleinement satisfait Christophe Belgioioso, le gérant du cinéma « Le Plessis » qui pense poursuivre ce genre de rendez-vous à chaque fois que les films s’y prêteront.
« Une intime conviction » relate le 2ème procès en appel de l’affaire Suzanne Viguier, disparue le 27 février 2000, épouse de Jacques Viguier, professeur de droit à l’université de Toulouse. Suite aux déclarations d’Olivier Durandet qui s’est présenté comme l’amant de Suzanne, des soupçons ont conduit la police à mettre en cause son mari, Jacques. Un premier procès, en avril 2009, prononce l’acquittement de Jacques Viguier.
Le film suit ce nouveau procès avec Nora (Marina Foïs, personnage totalement imaginaire) qui permet aux spectateurs d’assister à toutes les phases de ce procès, au plus près. On est plongé dans l’affaire. Le cadrage, les plans serrés,… L’univers de Nora se rétrécit au fur et à mesure du film. Elle est toute entière occupée pour chercher le moyen d’innocenter Viguier. L’intime conviction se construit peu à peu et s’installe. Elle est contagieuse et le spectateur la fait sienne.
L’avocat, Olivier Gourmet alias Éric Dupond-Moretti va au fond des choses et enfonce le clou dans sa plaidoirie finale.
Les échanges qui suivent donnent lieu à diverses interventions : une personne nouvellement tirée au sort pour être juré d’assises rappelle qu’une bonne décision de justice est celle qui est acceptée et comprise par les différentes parties, une représentante de l’association Christelle qui revient sur la place des victimes, l’accompagnement des familles, la déshumanisation des procès, le rôle des associations d’aide aux victimes, témoignage d’un ancien gendarme, de travailleurs sociaux,…
Les intervenants répondent également à des questions plus spécifiques sur la différence entre un récidiviste et un tueur en série, la mise en détention pour les personnes souffrant d’addictions est-elle adaptée ? Tout le monde est-il apte à être juré ? Les schizophrènes ne sont pas tous dangereux ? Un avocat peut-il défendre une personne qui lui a confié qu’elle est coupable ?
Les interventions de Claude Vermorel et Didier Roy, chacun dans leur domaine, montrent la nécessité d’avoir une justice avec des moyens et des personnels qualifiés pour une instruction de qualité. Ils livrent de nombreux exemples de cas, d’affaires qui ont peuplé leur itinéraire professionnel respectif.
Le travail d’hypothèses doit être celui de la police, celle qui mène l’enquête. L’enquête préliminaire est primordiale. Il doit y avoir des expertises des deux parties. Sinon on est sur la route de l’intime conviction, celle des voisins, des experts, des victimes, des parents, de la famille, des amis,….. L’affaire doit mettre en œuvre des techniques, l’évaluation psychologique, neuropsychiatrique…
Le docteur Didier Roy rapporte des exemples d’affaires de crimes du sommeil. Une pathologie inconnue de la plupart des gens et, qui lorsque des jurés sont confrontés à de tels cas, ils sont incrédules. Le magistrat instructeur doit demander des examens.
Claude Vermorel parle d’une justice déshumanisée. L’accusé est dans un box en verre, l’expert sur grand écran, on a une superposition de monologue. L’accusé est déjà en dehors, il n’est pas totalement présent. « C’est le système qui faillible. On doit avoir une seule religion, celle de la preuve !
Si vous êtes juré et que vous devez vous déterminez sur l’intime conviction, c’est ce qu’il y a de pire ! »
Faudrait-il s’inspirer de certains autres pays d’Europe, penser un nouveau système de carcéralité, et revendiquer une réelle chaîne pénale de tous les intervenants
J.L Pradines