Montceau Eolane (Social)
Les salariés et les élus au combat
L’avenir de l’entreprise d’Eolane est un feuilleton à rebondissements. Depuis plusieurs années les salariés se trouvent tantôt soulagés tantôt inquiets. Si le premier semestre 2019 semblait promettre des éclaircies, le second semestre a refroidi les 90 salariés de l’entreprise. Aussi, le représentant du personnel Alain Schleich, Marie-Claude Jarrot Maire de Montceau et Guy Souvigny adjoint à l’économie et à l’emploi convoquait une conférence de presse pour aborder les nouveaux éléments du dossier et rendre public la situation des salariés de l’entreprise.
Notons la présence d’un grand nombre de salariés de l’entreprise venus écouter leurs représentants et les élus et montrer leur détermination.
Cette conférence de presse a lieu dans un contexte particulier.
Le CSE a lancé un « droit d’alerte » le 25 octobre 2019 impliquant en retour une « obligation à répondre » pour l’employeur. En effet, si les salariés prennent connaissance ou conscience de faits pouvant affecter la situation de l’entreprise ; ils peuvent ainsi poser des questions afin d’obtenir des réponses.
Or ces réponses arrivent au compte-gouttes et ne sont pas satisfaisantes. Henri Juin, le nouveau PDG du groupe, qui a remplacé Christohe Malrin à l’été 2019 s’est rendu sur le site de Montceau. Selon Alain Schleich, son intervention laissait entrevoir deux possibilités : une remise à flots du site en mettant les moyens nécessaires ou une seconde solution « opposée », jamais clairement exprimée, mais qui laisse les salariés dans une grande inquiétude. C’est dans ce contexte que les salariés et la municipalité en appelle à la presse : « Nous prenons les devants ».
Marie-Claude Jarrot explique quant à elle avoir reçu Mr Juin le 14 janvier 2020 : « Je peux vous le dire, l’entretien ne s’est pas bien passé ». Mme Jarrot estime que sa position de Maire lui permet une liberté de ton plus importante, c’est en ce sens qu’elle entend construire, avec les salariés de l’entreprise « un plan d’action ».
« Monsieur Juin nous a dit qu’il voulait que les décisions se prennent vite ». Selon Madame le Maire, les propositions de calendrier de Mr Juin cherchaient à empêcher toutes réactions. Guy Souvigny précise que la date butoir semblait être le 31 janvier.
Alain Schleich rappelle ainsi qu’une nouvelle réunion, en présence de Mr Juin se tiendra Mardi 28 janvier.
Pour rappel, en 2017 il y a eu une annonce de la fermeture du site. Finalement, Mr Malrin reconsidère la situation de Montceau et annule le projet de fermeture fin 2018. Dans la foulée les commandes reviennent durant tout le premier semestre 2019. Dans un second temps, Mr Malrin est « mis au placard » à l’été 2019 et Mr Juin le remplace. Suite à ce jeu de chaises musicales les commandes se tarissent. Il faut savoir que, concernant les commandes, l’entreprise Eolane a toute une variété de clients, de ceux dits institutionnels (grands groupes) jusqu’aux plus petits. Les premiers sont sur des marchés bien établis dans la durée .Aussi, Mr Malrin avait-il réorganisé au mieux la répartition des commandes en renforçant la pérennité du site. L’assemblée estime que la baisse de chiffres d’affaires connue par le site montcellien est « orchestrée par la direction ». En effet, il s’agirait d’une orientation délibérée de réduction de commandes vers le site de Montceau et visant à justifier des questionnements quant à son avenir.
Tant Mme Jarrot qu’Alain Schleich disent être reconnaissants envers M. Malrin pour ses choix et ses efforts en faveur du site Montcellien.
Mme Jarrot lit au public la lettre qu’elle a envoyée à Mr Juin après leur entrevue du 14 janvier. Dans ce courrier, Mme le Maire réaffirme son soutien et son attachement au site montcellien d’Eolane, elle revient également sur sa vive réaction « à l’annonce des projets funestes » que Mr juin semble avoir pour l’entreprise. Aussi, après avoir reçu une délégation des salariés d’Eolane, elle estime que son rôle et d’intervenir, en tant qu’élue locale. Elle explique ainsi que Eolane a bénéficié d’argent public par l’intermédiaire de la BPI (Banque Publique d’Investissement), elle s’interroge sur la bonne utilisation de ces fonds censés agir « en faveur du dynamisme industriel et du développement de l’emploi ». Elle revient également sur la question de la distribution des commandes entre les différents sites d’Eolane.
Il avait également été question que l’entreprise puisse vendre le bâtiment d’Eolane, dont l’entreprise est propriétaire, à la Communauté urbaine Creusot Montceau. Selon Mme Jarrot, ce plan « ayant échoué », elle craint que le bâtiment, considéré par la direction actuelle comme « le plus beau site », ne puisse servir que de garantie bancaire. En somme, en cas de fermeture du site, la vente du bâtiment pourrait servir à rembourser des dettes du groupe.
L’étape suivante c’est Bercy. En effet, une délégation composée de trois membres de la ville dont Madame la Maire, trois représentants du personnel et leur avocat commun se rendra Lundi à Bercy, au Ministère de l’économie, pour rencontrer la délégation interministérielle aux restructurations d’entreprises. Mme Jarrot contactera par voie directe le ministre des finances lors de leur venue ce lundi.
Pour Alain Schleich, au nom des salariés, il est essentiel d’être attaché à l’image du groupe et des sites d’Eolane. Il s’agit avant tout de « leur outil de travail (…) ; on y tient !».
Une action collective est donc en place, un combat qui vise à maintenir l’entreprise sur le territoire. Il faut agir ou réagir vite et toutes les parties engagées semblent sur la même longueur d’onde. La visite à Bercy de lundi prochain, ainsi que la réunion de Mardi 28 janvier en présence de Mr Juin nous donnerons des nouveaux éléments. Le feuilleton Eolane n’est pas fini mais l’ensemble des salariés présents, représentés par Alain Schleich ainsi que Marie-Claude Jarrot assurent de leur totale motivation pour aboutir à une issue satisfaisante dans ce dossier.