Nouvel épisode du « Voyage dans le passé de Montceau »…
avec M. Jacky Jacquet comme guide et ce dimanche : " Le canal du centre "
La rubrique » de M. Jacky Jacquet, un lecteur originaire de la Nièvre, et qui est tombé amoureux de la ville et de la région, dès son arrivée dans le bassin minier…
Pour mémoire : https://montceau-news.com/culture/522226-patrimoine-voyage-dans-le-passe-de-montceau.html
La France a eu cette chance de compter un vaste réseau hydrographique, ses nombreux fleuves et rivières offraient des routes naturelles qui définissaient des bassins de navigation fluviale dont les bateaux étaient prisonniers : Un bateau du bassin de Loire ne pouvait aller dans le bassin de la Seine livrer à Paris ; Vers la fin du 18 eme siècle le creusement du canal du centre mettait enfin en relation les bassins de Loire et de Saône, Adaptées aux particularités des bassins des formes spécifiques de bateaux et des pratiques régionales se développent permettant des échanges dans les régions traversées .Ainsi les sapines de l’Allier, de haute Loire ou du midi ; Bateaux (il serait plus juste de dire caisses flottantes ) à usage unique construits à moindre coût auxquels la puissance du fleuve ne permettait qu’ un voyage vers l’aval sans possibilité de retour vers l’amont, démantelés détruits et vendus pour leur bois au terme de leur unique voyage après avoir livré leur cargaison. Des « bateaux recyclables» en quelque sorte!
Penchons nous un instant sur cette communauté qui au jour le jour faisait du port de Montceau une sorte de quartier flottant ,ces familles hommes et femmes et parfois leurs enfants qui faute de pouvoir fréquenter assidument une école à terre guidaient les chevaux (photo) quand ils ne devaient pas, l’âge atteint, haller eux même le bateau familial. Si à certains endroits des haleurs vendaient leur travail à la journée. Si maigre que pouvait être leur rémunération elle minimisait d’autant le maigre profit du transport.
On aurait bien tord de penser que la vie libre au fil de l’eau au grand air des paysages bucoliques des bateliers était plus enviable que celle de leurs contemporains :Tous les mariniers n’étaient pas propriétaires des chevaux qui les tractaient. Les chevaux engendraient des frais de soins et de nourriture. D’autre part le hallage humain dit « à col d’homme » permettait l’économie d’une écurie encombrante à bord du bateau : Autant d’espace gagné pour le volume de charge du bateau et à l’arrivée un petit plus sur une commission déjà modeste.
Qui n’avait pas les moyens d’acheter son cheval pour le hallage n’avait d’autre choix que de pratiquer le « hallage à col d’homme » (photo): Pour gagner leur vie dans d’effroyables conditions les chefs de famille tractaient eux même la péniche familiale : Le regard vide, les dents serrées sur leur fatigue, la tête basse gesticulant pour écarter les nombreuses mouches qui voltigeaient sur le chemin de hallage, les épaules labourées par la bande de tissus de la « bricole » qui leur coupait le souffle en leur comprimant la poitrine ils tiraient eux même leur bateau sur des dizaines de kilomètres. Pour témoigner de ce travail inhumain essentiellement pratiqué en Bourgogne et en centre France ne nous restent que quelques photos présentées ici. le chargement du bateau revenait aux cafus ces femmes qui devaient remplir les calles avec des paniers portés à l’épaule. (voir youtube : https://www.youtube.com/watch?v=NgHu_jI1ntM ) En déversant le charbon dans les calles des péniches amarrées sous ses trémies. Le lavoir des Chavannes dispensait les femmes d’un travail aussi fastidieux qu’accablant.
Nous qui aujourd’hui ne savons qu’en faire et le trouvons si moche dans le décor de la ville. N’oublions pas les terribles épreuves qu’il a autrefois épargné à tant de malheureuses à qui revenait de devoir charger le charbon.
La diversité et l’abondance des péniches dans le port de Montceau montre combien l’activité batelière était indispensable au commerce du charbon pour les besoins des trains et des navires à vapeur qui en accélérant le temps réduisaient les distances et faisait les belles heures de la ville.
Religion des années 1900 l’électricité fait merveille dans son palais de l’exposition universelle moyennant 200T/j de charbon qui évidemment ne sortaient pas du sous sol parisien !
Souvent développée au coté des grandes compagnies houillères l’activité batelière engendrait des conditions de vie et de travail qu’on peine à imaginer de nos jours.