Montceau-les-Mines : commémoration
Journée nationale du souvenir des victimes de la déportation
La cérémonie prévue en deux temps a été allégée en raison du contexte sanitaire : une commémoration devant le monument des Fusillés à Bel Air, suivie d’un dépôt de gerbes aux monuments place de l’église sans la séquence défilé et regroupement.
La cérémonie a donc commencé au monument des fusillés sous la houlette de Michel Baussier avec un dépôt de gerbes et des prises de parole des élus.
Gérard Gronfier, 1er adjoint, a rendu hommage à toutes les victimes disparues dans ces camps mis en place par les nazis.
Dans son intervention, la Maire Marie-claude Jarrot, a rappelé cette journée de 1942, le 20 janvier, le jour où la Solution Finale a été décidée, lors d’une réunion,
sous la direction de Reinhard Heydrich, n° 2 de la SS, qui avait rassemblée de grands dignitaires nazis, pour mettre en place l’élimination systématique des Juifs en Europe, qu’ils nommeront « la solution finale » avec la création de camps de mise à mort à l’est de l’Europe : Belzec, Treblinka, Sobibor, Majdanek, Chelmno et surtout Auschwitz-Birkenau : les massacres des Juifs devient un génocide et la Shoah une réalité.
Puis, elle a poursuivi en lisant le poème «Une poupée à Auschwitz » de Moshe Schulstein.
Chaque année, le dernier dimanche d’avril, la Journée nationale du souvenir des victimes de la déportation, honore la mémoire de tous les déportés sans distinction et rend hommage à leur sacrifice. Cette journée a pour vocation de rappeler à tous ce drame historique majeur, les leçons qui s’en dégagent, pour que de tels faits ne se reproduisent plus.
La Maire conclut son propos : « Comment comprendre que la bête ne soit pas encore morte ? Soyons vigilants, ne laissons rien passer. Rien n’est banal.
N’oublions pas, n’oublions rien, n’oublions jamais. Le pire est toujours probable, mais comme on ne peut exclure le meilleur, il est permis d’espérer. »
Puis, un comité restreint a ensuite déposé une gerbe au Monument aux Morts place de l’Eglise.
J.L Pradines
Poème «Une poupée à Auschwitz » de Moshe Schulstein.
Sur un tas de cendre humaine une poupée est assise
C’est l’unique reliquat, l’unique trace de vie.
Toute seule elle est assise, orpheline de l’enfant
Comme autrefois elle l’était parmi ses jouets
Auprès du lit de l’enfant sur une petite table
Elle reste assise ainsi, sa crinoline défaite,
Avec ses grands yeux comme en ont toutes les poupées du monde
Qui du haut du tas de cendre ont un regard étonné
Et regardent comme font toutes les poupées du monde.
Pourtant tout est différent, leur étonnement diffère
De celui qu’ont dans les yeux toutes les poupées du monde
Un étrange étonnement qui appartient qu’à eux seuls
Car les yeux de la poupée sont l’unique paire d’yeux
Qui de tant et tant d’yeux subsiste encore en ce lieu,
Les seuls qui aient resurgi de ce tas de cendre humaine,
Seuls sont demeurés des yeux les yeux de cette poupée
Qui nous contemple à présent, vue éteinte sous la cendre,
Et jusqu’à ce qu’il nous soit terriblement difficile
De la regarder dans les yeux
Dans ses mains, il y a peu, l’enfant tenait la poupée,
Dans ses bras, il y a peu, la mère portait l’enfant,
La mère tenait l’enfant comme l’enfant la poupée,
Et se tenant tous les trois c’est à trois qu’ils succombèrent
Dans une chambre de mort, dans son enfer étouffant.
La mère, l’enfant, la poupée,
La poupée, l’enfant, la mère.
Parce qu’elle était poupée, la poupée eut de la chance.
Quel bonheur d’être poupée et de n’être pas enfant !
Comme elle y était entrée elle est sortie de la chambre,
Mais l’enfant n’était plus là pour la serrer contre lui,
Comme pour serrer l’enfant il n’y avait plus de mère.
Alors elle est restée là, juchée sur un tas de cendre,
Et l’on dirait qu’alentour elle scrute et qu’elle cherche
Les mains, les petites mains qui voici peu la tenaient.
De la chambre de la mort la poupée est ressortie
Entièrement avec sa forme et son ossature,
Ressortie avec sa robe et avec ses tresses blondes.
Et avec ses grands yeux bleus qui tout pleins d’étonnement
Nous regardent dans les yeux, nous regardent, nous regardent