Autres journaux


mercredi 2 août 2023 à 06:19

Paul Wieczorek, le tour du monde d’un fusilier marin Montcellien

L’odyssée de la Mission Jeanne d’Arc 2023



 

 

23 ans, 6 ans d’engagement, quartier maître depuis deux ans, Paul Wieczorek, ce n’est pas un personnage de Jules Verne ou de Pierre Loti, quoique, non un Montcellien pure souche, un gars de La Saule et de la Lande, un terrien qui a ressenti très tôt l’appel de la mer.

Et comme chantait Renaud « ce n’est pas l’homme qui prend la mer, mais la mer qui prend l’homme. Et là, Paul, la mer elle l’a pris à 17 ans et lui l’a prise un mercredi, le 8 février 2023,  à bord du Dixmude.

156 jours de mer, la corne de l’Afrique, l’Inde, Singapour, Jakarta, l’Australie, Nouméa, les Fidji, Tahiti, Acapulco, la Martinique et retour, et passage près du de l’atoll à lagon en forme de donuts Français: l’île de Passion-Clipperton.

«Timonier Barre toute sur Clipperton» cet ordre a dû retentir dans la passerelle car cet atoll unique est le plus isolé du monde à 1100Km du Mexique, Il a une autre particularité stupéfiante, c’est le seul lagon d’eau douce au monde.

Bon, Paul Wieczorek, sûrement pour la seule fois de sa vie, s’en est approché, peu de gens au monde peuvent le dire, hormis les 300 membres d’équipage et les 500 autres embarqués avec lui sur le Dixmude,

Ce périple sur le navire porte Hélicoptères Amphibie constitue la seconde campagne en mer de Paul. Auparavant il a, sur une période moindre de 10 semaines, navigué sur le chemin de l’arctique avec la «Marne» (pétrolier ravitailleur de la classe Durance), le Danemark, Finlande, Norvège, les pays baltes, le cercle arctique. Sur les traces de Yann Gaos pendant que son amoureuse Gaud Mével se languit à terre?

Notre Montcellien a presque mis le double de temps que Phileas Fogg pour faire le tour du monde d’est en ouest, mais avec un seul moyen de locomotion, 

Le Dixmude (L9015) est un porte-hélicoptères amphibie (PHA)  de la classe Mistral ( le 3ème de sa catégorie), appellation OTAN Landing Helicopter Dock (LHD).  Il est le plus important bâtiment en tonnage après le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle, qu’il dépasse  d’un mètre en hauteur au niveau du pont d’envol. 21 300 tonnes à pleine charge,  avec une longueur de 199 mètres, une largeur de 32 m et un tirant d’eau de 6,2m, un navire très impressionnant. Le fleuron de notre marine de projection.

La devise du navire est «Sacrifiez-vous, Tenez!», en hommage au commandement crié par l’amiral Ronarc’h à sa brigade de fusiliers marins qui s’est sacrifiée à la bataille de Dixmude en 1914, Cela est en droite ligne avec l’engagement de Paul en tant que fusilier marin.,

Pour Paul un terrain d’entraînement, de jeu ( cinéma, salle de sports énorme, carrés bar et salle de jeux de société, lecture, et tout le pont d’envol des hélicos pour courir),

Le contact avec la mer? Ben au départ un peu compliqué, une mer un peu dure (pour un terrien Bourguignon salé rien n’est impossible) en allant vers l’est.

Au retour, Escale à la Martinique avant le dernier segment de route sur Toulon. Au bout de trois jours il a fallu se réfugier au large car la tempête tropicale Bret menaçait. Ce phénomène ayant placé l’arc des petites Antilles en vigilance rouge cyclone se déplaçait vers l’ouest, à une vitesse estimée de 24 km/h et générait des vents moyens de 110 km/h avec des rafales à 140 km/h. Même pour un mastodonte comme le Dixmude pas glop du tout. La aussi un peu compliqué de subir la dureté de la mer.

La mission Jeanne d’Arc en quoi ça consiste?

La mission Jeanne d’Arc 2023 consiste en un déploiement opérationnel autour du monde pour assurer la présence de la France dans le secteur Indo-pacifique ainsi que dans plusieurs zones d’intérêt stratégique majeur. Elle offre  aux officiers-élèves embarqués la partie pratique de leur formation dans un cadre concret et réaliste. Dans le même temps le Dixmude et le groupe Jeanne d’Arc comprenant  la frégate Lafayette, le bâtiment de soutien et d’assistance outre-mer Bougainville et le patrouilleur Arago ont réalisé des manœuvres dans le lagon des îles de Raiatea et Tahaa tout en assurant des missions de souveraineté. Concomitamment  le groupe tactique embarqué à bord du Dixmude réalisait des exercices amphibies et de tirs de combat avec le Régiment d’Infanterie de Marine du Pacifique-Polynésie (RIMaP-P). et assurait ainsi  l’entraînement  Forces armées en Polynésie française (FAPF). 

Pour Paul, lorsqu’il n’était pas en service ce sont les escales qui l’ont marqué : l’Inde d’abord, le dépaysement total surtout qu’il a fait escale pour la fête des couleurs, le Holi ou Phalguna, fêté aux environs de l’équinoxe de printemps. Un moment extraordinaire pour Paul. Autre moment agréable et enrichissant, l’Indonésie. Un moment moins agréable, Singapour: trop moderne, trop de building, trop propre sur soi, pas de matière de rêve à emporter, et contacts impersonnels. Car pour Paul cette circumnavigation a été une parenthèse enchantée au cours de laquelle il a développé littéralement la mappemonde au propre comme au figuré et surtout ressenti la véritable empathie entre les peuples, le contact humain sans préjugé et aussi le choc bénéfique des cultures. Ce garçon timide, peu expansif s’est ouvert au monde, aux autres.

Son père, Patrick, bien connu des Montcelliens et des élèves de Léon Blum au Creusot, n’a pas versé une larme mais nous a confié, fier comme s’il avait un bar tabac (aurait dit Coluche) «Lors du retour à Toulon, de la visite du Dixmude avec lui comme guide, je n’ai pas reconnu mon fils, il a pris de la prestance, de la confiance en lui, des compétences, tu vois j’ai été fier de l’homme qu’il est devenu»,

Rentrez les mouchoirs. Paul, lui, imperturbable dans l’accomplissement de son rêve, pense qu’il fera sa carrière dans la marine et que si une nouvelle occasion de partir en campagne se présente, il la saisira.

Gilles Desnoix

 

Un marin de la brigade de protection du PHA Dixmude effectue un exercice de treuillage. Le samedi 10 juin 2023, océan Pacifique.
La mission JEANNE D’ARC, déploiement annuel opérationnel de longue durée, marque la fin du cursus de formation des officiers-élèves de l’École navale. En 2023, c’est à bord du porte-hélicoptères amphibie (PHA) Dixmude et de la frégate La Fayette que près de 800 marins et soldats, dont près de 160 officiers-élèves ainsi qu’un groupement tactique embarqué (GTE) de l’armée de Terre, embarquent pour une durée de 5 mois, du 8 février à la mi-juillet, afin de former ensemble le « groupe Jeanne d’Arc ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 






Un commentaire sur “Paul Wieczorek, le tour du monde d’un fusilier marin Montcellien”

  1. cntrbbl71 dit :

    Belle aventure et très bon reportage.
    Bravo à Paul et à l’auteur.