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mardi 7 novembre 2023 à 06:12

Du fond au sommet de la grande cheminée de Lucy

Jean Wojciechowski : itinéraire d’un gamin de la Saule



 

 

 

Jean Wojciechowski est né en 1939 à la saule rue Curie d’un père Mineur. En fait le paternel et les oncles éraient tous mineurs à Plichon et ont fait leur carrière là. Et du coup à 17 ans (1956) le jeune Janeck se retrouve au fond comme manœuvre aux Alouettes.

A 18 ans il devient Aide mineur. Là, au milieu des collègues il comprend que sa vie appartient aux entrailles de la terre.

Comme il le dit «  à cet âge là t’es fou, tu prends ça comme un sport avec ceux de ta tranche d’âge, tu te sens invincible, tu veux en faire le plus possible, il y a l’esprit de compétition, tu cherches des trucs, des combines, tu veux en sortir plus que les autres, en plus on était payé au rendement ». Et même si ensuite il a migré à la centrale du Lucie 2, il n’a jamais en quelque sorte abandonné le carreau de mines,

Jean c’est un sacré tempérament dans un corps sec comme un coup de trique, un peu plié vers l’avant à 84 ans. Jusqu’à 10 ans  il a été élève à l’école de la Saule. Mais il apprenait moitié polonais moitié, français, tant et si bien que lorsqu’il a intégré l’école de la Lande son niveau était assez désastreux. Heureusement il a rencontré un instituteur formidable qui l’a mis sur de bons rails et lui a donné le goût des études. Et toute sa vie, par période il reprendra des études, soit à Henri Parriat de 1963à 1966 en comptabilité, car celui qui avait réussi l’examen de mineur à Rozelay s’était blessé et remonté au jour. (60%) de perte de salaire ; soit par le CNED à partir de 1971. Encore deux ans de compta puis 3 ans de cours pour devenir électricien. 

1966 à Rozelay II au fonçage il devient aide machiniste et est ensuite titularisé machiniste à St Amédée avant que ça ferme.

Du coup il est muté à la centrale de Lucy II, Son travail lui plaît aussi . Il est électricien titulaire en charge du tableau de production et des relations de manœuvres réseau avec EDF Montceau et Nancy.

Las, 1976, le tableau est automatisé, et donc plus besoin d’humain aux commandes. Il se retrouve muté à la surveillance des chaudières, Cela ne lui suffit pas, alors en juillet et août, chaque année pendant que ses collègues prenaient leurs , il a fait l’apprentissage de tous les métiers de Lucy.

1992, accident, le médecin du travail lui propose de le mettre en invalidité. Cela révolte Jean, invalide ? Lui ? Pas question, Ayant tout ses trimestres il décide de prendre sa retraite, Il a bien fait puisque l’année suivante le nombre de trimestres passaient à 160 et la retraite était calculée sur la bases des 25 dernières années et non plus sur les 10 meilleures

Lui, ce qu’il retient du fond c’est la solidarité, la camaraderie, le respect, l’honneur du travail bien fait. De son passage à Lucy lui reste en mémoire une ambiance formidable, toujours meilleure que celle du Jour.

De Lucy il lui reste aussi un souvenir inoubliable, quoique impressionnant, c’est quand en 1985/86, il est monté à 142 mètre changer, avec un électricien, les lampes rouges de la cheminée (le record de la plus haute construction de Saône-et-Loire) et recalibrer la caméra. Il a vu ce que seul un drone à l’heure actuelle peut procurer comme vision sur le site. Il est monté car personne ne voulait y aller et aussi parce que c’est bien dans son caractère.

Depuis 31 ans, Jean, qui est veuf depuis peu, cultive son jardin dans le quartier de la Lande, dans sa maison qu’il a transformée et agrandie de ses mains, participe aux activités associatives du quartier, Une amie ingénieur lui a offert un globe transparent où se trouvent recto-verso Lucy et le lavoir des Chavannes, il vous le présente avec une fierté qui résume son amour pour la mine et ce qu’elle a créé. Lui, en particulier.

 

Gilles Desnoix

 

 

 

 

 






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