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mardi 30 avril 2024 à 05:42

Montceau : La Bouquinerie

José Donckers, le seul bouquiniste aux 40 000 livres qui…ne lit pas !



 

Si les bouquinistes parisiens craignent que la fermeture de leurs échoppes pendant les Jeux Olympiques, ne sonne le glas de leur profession, il en est un, Montcellien cette fois, qui n’a pas cette crainte.

En effet, José Donckers, une figure Montcellienne désormais bien connue de tous, est seul à la barre du navire depuis quelques temps. Car le capitaine du bateau, c’est sa compagne, ou plutôt sa muse, Corinne Lardenois.  Malheureusement, Corinne, suite à des ennuis de santé, se repose, laissant la Bouquinerie entre les mains de José, en qui elle a une entière confiance. 

Corinne et lui, deux Ardennais d’origine, se sont connus il y a 10 ans, à Libourne, dans le département de la Gironde.  « Elle était la secrétaire du Père Noël » rigole José. Mais entre l’homme à la barbe blanche et celui à la barbe grise, elle a choisi : ce sera José.

A cette époque, cela faisait déjà 20 ans que José était « dans le livre » comme il dit. Via les brocantes et les marchés aux livres. Le déclic s’est fait lorsque l’homme a débarrassé un grenier. « Il y avait une très grande quantité de bouquins et cela m’a donné l’idée de me lancer dans ce commerce… » dira-t-il, songeur. Ajoutant : « J’ai commencé avec environ 4 000 livres et depuis, je n’ai jamais cessé de les collecter et de les vendre ».

A noter que la plupart du temps, les livres engrangés par Corinne et José viennent de dons. Souvent des enfants qui vident la maison de leurs parents décédés, ou de gens qui déménagent et ne souhaitent pas s’embarrasser de ces ouvrages.

Pour épauler sa compagne, José y met du cœur, tout en avouant que c’est elle qui connait tout des livres installés dans cette véritable caverne d’Ali Baba. « Moi, je connais les auteurs, c’est déjà ça ! » dit-il. Précisant : « Je suis juste le collaborateur de Corinne ».

Comme il l’indique au fil de la conversation, il a tenu « L’orchidée », un troquet situé au bassin de Génelard. Il y avait annexé un local à livres, où il a rapatrié ses 4 ou 5 000 exemplaires. Puis, avec Corinne, ils ont ouvert une première bouquinerie au 45 rue de la Coudraie, au Bois-du-Verne, durant trois ans. Avant de la transférer, il y a trois ans, au 27 quai du Général de Gaulle, en plein centre-ville.

Un enfant dans un magasin de bonbons

Votre serviteur connaissait déjà la bouquinerie au Bois-du-Verne, mais par manque de temps (par flemme peut-être aussi), ses visites étaient rares au magasin de Corinne et José. Mais même en quelques minutes, il est facile de constater que ce sont deux êtres altruistes, bienveillants et empathiques.

Lors du déménagement en ville, mes pas ne m’avaient pas conduite plus qu’avant à la Bouquinerie. En revanche, dès les premières « Puces populaires » organisées sur le quai par le couple, chaque premier dimanche du mois, l’idée a fait son chemin.

Et c’est par un dimanche pluvieux que je suis entrée à la Bouquinerie. J’avoue que j’en ai eu le souffle coupé : une vraie gamine dans un magasin de bonbons ! Des livres au large, jusqu’au plafond, certains classés, d’autres en attente… On ne sait plus où donner de la tête !

C’est que 40 000 livres, ça représente quelques heures de lecture ! Je découvre l’espace dédié aux romans, celui des BD et livres jeunesse, les policiers, les thrillers et la salle du fond, qui regroupe les livres à thèmes. Mais entre tout cela, des cartons attendent d’être classés, d’autres ont l’air d’être posés là sagement, en attendant le visiteur qui viendra les réveiller de leur long sommeil.

L’accueil est convivial, solaire. José me donne des nouvelles de sa « chérie » : « Elle va mieux, je viens de l’avoir au téléphone » sourit-il en parlant de Corinne.

Je commence donc mon exploration au sein de la boutique. Wahouuu ! Je rêve d’être une étoile de mer qui possède entre 5 et 9 yeux sur ses bras ! Jamais je n’arriverai à tout voir…

Je fais rapidement la comparaison avec une boutique de libraire et pour tout dire, je préfère le bouquiniste. Même s’il est clair que ce dernier incarne la culture du…désordre certes, mais aussi de la découverte. Flâner entre les rayonnages étroits, feuilleter de nombreux ouvrages, certains jaunis par le temps, d’autres relativement récents, est pour moi une expérience unique. On est très loin de l’ère du tout numérique !

D’ailleurs, je me souviens d’une réflexion d’un collègue professeur de français (du temps où j’exerçais également cette profession) : « L’autre jour, j’ai emmené mon fils à la bibliothèque et je regardais un petit garçon, assis dans le bac des BD. Quelle ne fut pas ma stupeur de le voir ouvrir le livre et faire un mouvement sur la page, avec son pouce et son index ! Il essayait d’agrandir le texte, comme sur un écran tactile ! ». Voui, voui, véridique !

Et puis, la réalité vient cruellement de me rattraper : plus d’une heure s’est écoulée depuis mon entrée à la Bouquinerie. Mince ! J’ai pourtant une montagne de boulot qui m’attend, mais je tarde à me décider. Que choisir ? Pourquoi ce livre plutôt qu’un autre ?

Je pense au petit bijou que j’ouvre dès que j’ai un moment : « Double piège » d’Harlan Coben. J’ai tellement adoré que je veux tous les livres de cet auteur. Mission presque accomplie. Je repars avec une demi-douzaine de titres, plus quelques autres d’un auteur incroyable :  Linwood Barclay. Aidée par José qui m’indique l’endroit (ou les endroits) où je peux trouver mes auteurs favoris.

Résultat lors du passage en caisse : une dizaine de livres pour…20 euros ! Cool !

Au final, Corinne et José ne sont pas « que » des vendeurs de livres. Comme le dit Aline, une cliente rencontrée dans la boutique : « Corinne et José sont accueillants, toujours de bon conseil et d’une gentillesse immense ».

Aline avoue qu’elle sort de son boulot d’aide-soignante, en ce dimanche 7 avril et qu’elle se fait un plaisir de fouiner parmi les innombrables bouquins. « Je cherche mes auteurs préférés, Valérie Perrin, Gardinier, Da Costa etc. ».

D’autres personnes, de passage, découvrent cet antre magique et s’extasient sur la multitude de bouquins présentés. Bon, c’est bien joli tout cela, mais il ne faut pas que d’autres clients arrivent, car on va vite manquer d’espace vital !

Je file, mon trésor sous le bras, que José a eu la délicatesse de placer dans un immense sac !

Verdict : je vous recommande expressément cette bouquinerie. Un grand choix, des petits prix, et le sourire en plus. C’est une bulle d’oxygène où la vie est légère, légère…

A noter aussi que José a repris l’organisation de la brocante de Génelard, car le précédent organisateur Zivota Ognjanovic, est actuellement hospitalisé. Elle a lieu chaque 3e dimanche du mois au 33, rue Crié à Génelard.

Moins importante que celle de Montceau, elle accueille pourtant 30 exposants, sur réservation uniquement.

Nelly Desplanches

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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Un commentaire sur “Montceau : La Bouquinerie”

  1. papybarbu dit :

    le chemin a été parcouru d’embûches mais ce couple éminemment sympathique a réussi à s’imposer pour devenir emblématique dans le bassin minier. Leur résilience force l’admiration. Je suis un supporter inconditionnel . Bravo Nelly pour cet article.