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jeudi 2 mai 2024 à 06:11

Montceau : Industrie du livre

Taxe sur les livres d’occasion : êtes-vous prêts à payer ceux-ci 30 centimes de plus ?



 

 

Il n’y avait pas encore pensé, mais cela semble chose faite ! Lors de sa visite au Festival du Livre de Paris, le 12 avril 2024, le président Macron a exprimé le souhait de mettre en place une taxe sur le livre d’occasion.

Mieux aider les auteurs

En effet, Emmanuel Macron a annoncé vouloir mettre en place une « contribution » sur le marché du livre d’occasion. Avec pour argument que cette taxe doit « protéger le prix unique et permettre aux auteurs, éditeurs et traducteurs d’être mieux aidés ».

Il s’agirait d’une taxe de 3%, qui servirait à réduire l’écart entre le prix du neuf et le prix de l’occasion.

Ce qui ne va pas faire les affaires des habitués des bouquinistes. Il est une partie de la population qui, faute de budget, se tourne vers ce marché de l’occasion. Cette taxe, si elle est mise en place, va bien réduire l’attrait pour les bouquinistes.  Elle sera également synonyme de barrière à l’accès à la culture.

Rachida Dati réfléchit

Pour sa part, Rachida Dati, la ministre de la Culture a indiqué : « Aujourd’hui, je suis en train de réfléchir. J’ai trouvé à peu près un petit dispositif qui permettrait de revaloriser la rémunération des auteurs sans toucher à ce secteur que je peux qualifier « d’économie solidaire ».

Pénaliser les moins favorisés

Ce à quoi a répondu Bernard Lehut, le M. Livre de RTL : « Il est vrai que taxer les livres d’occasion, ce serait pénaliser les acheteurs les moins favorisés comme les jeunes, les étudiants, les chômeurs (en 2022, selon une étude de la Société française des intérêts des auteurs de l’écrit, 80 millions de livres d’occasion ont été achetés dans l’Hexagone) ».

Ajoutant : « Le ministère de la Culture semble donc privilégier l’abandon d’une taxation, y compris des grands groupes de distribution (Amazon, eBay…) qui l’auraient de toute façon répercutée sur leurs prix, en le faisant payer aux lecteurs ».

Augmenter la rémunération des auteurs

Mais ne pas réglementer le marché de l’occasion, c’est aussi pénaliser la rémunération des auteurs et des éditeurs qui ne touchent pas de droit sur ce circuit parallèle. Rachida Dati va donc lancer une réflexion pour trouver le moyen d’augmenter les revenus des acteurs du livre et de l’édition sur la vente des livres neufs.

Mais avec toujours le même impératif : ne pas déclencher une hausse des prix du neuf qui s’avérerait contre-productif, dans un marché en repli ces derniers mois.

L’avis de quelques lecteurs fidèles à leur bouquiniste

Florence

« Je fréquente les bouquineries depuis toujours. J’y trouve toujours les livres que je recherche, les auteurs et je m’en tire bien au moment de passer à la caisse.

En effet, le prix moyen d’un livre d’occasion se situe entre 2 et 5 euros. Peut-être un peu plus quand c’est un gros volume. En tous cas, si cette taxe passe, je ne vais pas me priver de lire pour une augmentation de 30 centimes ».

Sandrine

« J’ai découvert la bouquinerie montcellienne il y a quelques années et je ne me prive pas pour acheter à chaque fois une dizaine de livres. Mais cela ne m’empêche pas d’acheter aussi quelques livres neufs, quand je souhaite absolument les lire, sans attendre !

De plus, chez les bouquinistes, même si la boutique ressemble souvent à une caverne d’Ali Baba, avec des milliers de livres entassés, le professionnel sait toujours où sont « rangés » mes auteurs préférés. Et taxe ou pas taxe sur les livres d’occasion, cela ne changera rien pour moi ».

Antoine

« Dans notre ville, la bouquinerie était située dans un quartier un peu loin de chez moi. Depuis qu’elle s’est rapprochée du centre-ville, je la fréquente plus. J’apprécie les petits prix, même si on subit une petite augmentation, j’achèterai un bouquin en moins et puis voilà. On sera toujours gagnants en comparaison du prix d’un livre neuf ».

Henriette

« Ma modeste retraite ne me permet pas d’acheter des livres neufs. Chaque mois, je fais mon petit marché chez les bouquinistes. Au final, je les revends sur les brocantes, afin qu’ils bénéficient d’une nouvelle vie… Une augmentation de 20 ou 30 centimes ne changera pas mes habitudes ».

Kévin

« Je vais me servir dans les bouquineries, pour acheter des ouvrages très spécialisés, que je ne trouve pas forcément en librairie. De toute façon, taxe ou pas sur les bouquins d’occasion, cela ne m’impactera pas, puisque aussitôt lus, je revends ceux-ci sur des plateformes.  Avec l’argent de mes ventes, je peux acheter à nouveau des livres et ça fonctionne parfaitement.

Par contre, je ne suis pas sûr que cette taxe annoncée va profiter aux auteurs ! A voir… ».

 

Ce qu’en pense le bouquiniste

Marc Petit (Petit Marc Pages)

« Concernant cette taxe évoquée par Macron, je ne pense pas que nous soyons concernés, nous les bouquinistes. Je dirais que les plateformes comme Amazon seront les premières visées.

Si les bouquinistes sont finalement concernés, ce ne sera pas une bonne chose. Ni pour nous, ni pour nos clients. Même s’il ne s’agit que de 20 à 30 centimes d’augmentation.

Personnellement, je vends le livre de poche 1,50€, car je sais que le prix moyen neuf est de 8€. Je me mets aux tarifs du marché. Par contre, je connais aussi la valeur des beaux livres et j’adapte mon tarif en fonction.

Ce que je ne trouve pas normal, c’est les gens qui font des brocantes toute l’année (alors qu’ils ne doivent pas en faire plus de deux par an) et qui bradent à outrance leurs livres. Les bouquinistes, à côté d’eux, font figure de voleurs ! J’ai vu des sacs de livres entiers partir pour deux euros !

Nous, les vendeurs de livres d’occasion, achetons nos livres. Certaines bouquineries ne fonctionnent qu’avec des dons, la taxe, si elle est mise en place sera moins impactante pour elles…

Nelly Desplanches

 

 

 



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Un commentaire sur “Montceau : Industrie du livre”

  1. JacquAlain dit :

    Ne pas décourager ce marché et les acheteurs de livres d’occasion est une chose.
    Accepter comme une banalité une taxe de plus en est une autre.
    L’état est en train de faire une opération pièces jaunes à son profit ! Combien de livres d’occasions vendus en France ? Multipliez par 25cts et vous aurez le montant de cette forfaiture en millions d’euros.
    Il ne suffit pas d’avoir une soi disant bonne intention pour la justifier, une fois de plus, jusqu’à la suivante !