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jeudi 11 juillet 2024 à 04:09

Cercle Généalogie Histoire du bassin minier (GHBM)

La quête du premier né à Montceau les mines en 1856



 

Il est né le 15 novembre 1856 et a inauguré la première page du premier registre des naissances de la toute nouvelle commune du Montceau le 17 novembre 1856, il s’appellait Jean Desplanches.

 C’est le tout premier des nouveaux montcelliens étant apparus après la création de la commune le 24 juin 1856 en prenant sur le territoire des communes de Blanzy, Saint-Vallier, Saint-Berain-sous-Sanvignes, Sanvignes-les-Mines. 

La population locale issue des territoires ainsi annexés s’élevait alors à 1300 habitants. Mais jusqu’alors il n’était pas né de petit ou petite montcellien ou Montcellienne, ce fut donc Jean Desplanches qui inaugura le Montcellien nouveau. Car entre le 24 juin 1856 et le 14 novembre 1856 les naissances étaient enregistrées dans les anciennes communes. A noter que sur le registre militaire il est donné pour né le 14 novembre 1957. Une erreur qui le fera inscorporer qu’à 21 ans au lieu de 20.

En 2006 alors que l’on fête le 150ème anniversaire de la ville, le Cercle Généalogique de Saône et Loire aidé par le GHBM, décide d’organiser son AG à Montceau les mines.

Le GHBM porté par l’évènement a élaboré et réalisé une exopsition sur 3 personnages du Bassin Minier : L’Abbé Beraud, Jean Bouveri et Jean Desplanches le 1er né de Montceau les mines.

Les recherches faites sur sa descendance ne donnaient rien car les registres n’étaient pas encore numérisés. En 2022 les recherches reprennent sur la houlette de Jeannine Depoil et Josette Duband appartenant au Cercle généalogique de Saone et Loire. Et là, on en sait plus sur Jean Desplanches qui fut, à 16 ans, ouvrier chez Schneider au Creusot, puis mineur sur divers bassins miniers. Il est mort le 29 mai 1919 à Nouméa.

A quoi ressemble ce fameux Jean Desplanches ? Sa fiche matricule de bagnard nous l’apprend : 1m572, cheveux et sourcils chatains, front bas, yeux bleu ardoise, nez cave, menton rond, visage ovale, teint coloré. Ni grand ni forcément beau.

Nous n’en savons pas plus sur la mère. Elle a eu 4 enfants en dehors de lui, 3 ont vécus. Ils étaient tous de pères différents, les deux derniers furent placés à l’assistance publique et devinrent domestiques dans le morvan. Elle est morte le 12 décembre 1874 à Montceau en sa  51 ème année. Elle avait épousé le 24 mai 1871 le sieur Barbier, veuf.

 

Ce furent deux historiennes, deux Indiana Jones qui en 2022 reprirent le fil et le tirèrent pour dévoiler une histoire digne de Zola, de Dumas père.

En effet le Jean Desplanches 1ère naissance officiellement Montcellienne n’est pas mort n’importe où après une vie banale et sans aspérités. Que nenni.

Le Jean fut mineur à Sainte Florine, puis à Brassac les mines jusqu’au 12 novembre 1878 date de départ au service militaire à Chalon sur Saône.

Nos deux Sherlock le suivent à sa sortie en 1882, elles ne le lachent pas d’une semelle. Il redevient mineur à Auzat sur allier, puis Decazeville.

En 1884 sa vie bascule, il est déclaré insoumis pour ne pas avoir répondu à la convocation des hommes de sa classe d’âge. Le Jean Desplanches entâme alors une vie d’errance et de délinquance.

Jeannine et Josette s’interrogent en bonnes enquêtrices : « plus de travail ? C’est possible pour un insoumis, plus envie de travailler ? De mauvaises rencontres ? » Peut être les 3 mon colonel.

En tout cas nos inspectrices le retrouvent vagabond à Tournon sur Rhône, il est de venu ce qu’on appelle un chemineau : condamnation 5 jours. En 1886, 6 jours pour les mêmes raisons à Lyon, puis de nouveau à Autun, vagabondage aggravé par mendicité, 10 jours.

1891 de nouveau 10 jours pour mendicité, puis même année condamnation à 1 mois de prison à Nimes pour les mêmes motifs. 9 avril 1892 condamnation à 5 ans de travaux forcés et 10 ans d’interdiction de séjour pour vols qualifié en mars 1890 dans la région, par la cour d’assises de Chalon sur Saône.

Ça s’arrête là ? Bien entendu que non, nos limiers sont sur la piste et la suivent jusqu’au bout sur le « caillou ».

D’abord le Jean Desplanches est écroué à Chalon sur Saône, puis il plie bagage pour Saint Martin de Ré, puis Toulon, embarquement sur « La Calédonie » le 27 décembre 1892, arrivée comme « transporté » 3 ou 4 mois après à Nouméa, puis l’Ile Nou.

En 1897 il avait purgé sa peine, il lui restait encore 5 ans d’interdiction de séjour, mais il ne revint pas en métropole après 1902. La question se pose, séjour volontaire jusqu’à sa mort ou ennuis pécuniaires qui l’auraient empêché de se payer le billet de retour ? Toujours est-il qu’il est mort célibataire sans enfant à 62 ans en Nouvelle Calédonie. Nos deux enquêtrices ont retrouvé des neveux et nièces en Bourgogne.

Nos deux fins limiers ont mis à jour un destin qui mériterait que l’on dresse sa biographie, même romancée.

C’est là que la Généalogie apparaît comme une science pleine de surprises, romantique, passionnante, loin des clichés habituels. Le GHBM offre des opportunités insoupconnées. Chacun peut se lancer dans la recherche du passé, de son passé, du passé de ses origines et faire un beau voyage. Jeannine et Josette viennent de le démontrer avec force, patience, courage et talent. Leur travail paraîtra, augmenté de leurs nouvelles recherches, dans la revue « Nos ancètres et nous » éditée par le Cercle Généalogique de Saône et Loire.

https://www.cgsl.fr/l-association/26-nos-ancetres-et-nous.html

 

Montceau News à la passion des passionnés, ces deux femmes et leurs collègues du cercle GHBM, répondent pleinement à cette qualification. N’hésitez pas à pousser leur porte le mardi après midi au premier étage du pôle associatif de la Lande. Pour beaucoup se sera une découverte enrichissante.

 

Gilles Desnoix

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 






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