Apprécié des gastronomes, redouté des jardiniers et plaisanté par les blagueurs pour sa lenteur, imité par les scientifiques et les constructeurs,  les escargots sont ils utiles à nos jardins ? Mais avec Alphonse Allais terminons en avec une légende blessante pour le gastéropode : « on dit toujours: Lent comme un escargot! C’est bête! L’escargot ne marche-t-il pas ventre à terre? »

 

Les escargots sont ils utiles à nos jardins ?  La question mérite d’être posée et d’obtenir une réponse.

Mais d’où viennent ils, colonisent ils nos jardins, deviennent ils locataires de nos parcelles ?

Ils viennent du jardin,  y sont nés, y résident et y vivent pendant 5 à 10 ans en creusant le sol pour pondre entre 20 et 100 œufs. Ce qui en réalité fait entre 40 et 200 œufs enfouis dans deux fouilles puisque les escargots étant hermaphrodites ils doivent être deux pour la reproduction, chacun est également engrossé.

Il y a d’abord une danse nuptiale très sensuelle pendant laquelle, ils s’enlacent longuement, une sorte de valse lente mâtinée de slow que l’on reconnait ensuite aux traces de baves entrelacées. Puis l’accouplement commence. Il n’est pas prêt de se terminer, contrairement au lapin ou à certains autres mâles.

Chaque escargot possède  un organe mâle et un organe femelle, pour la part masculine cela s’appelle « le dard d’amour ». Dès la fin de la danse nuptiale les deux se poignardent allègrement pendant  une dizaine d’heures en se pénétrant  et se fertilisant mutuellement.

Fin de l’épisode Hot de cet article. Comme l’escargot est myope comme une taupe et sourd comme une écluse  il reconnait sa partenaire en humant et en en suivant des traînées de bave.avec ses antennes petites et grandes.

Ah oui, ces copulations gastéropdiques se répètent 6 fois par an. Les petits naissent translucides et sont adultes à l’âge de 2 ans, ce qui fait que chaque escargot restant en vie de 5 à 10 ans peut, à lui seul, pondre entre 600 et 6000 œufs.

Avant de passer au reste rappelons que l’escargot avance à la vitesse moyenne d’un milimètre à la seconde, donc il fait du 3,6 km à l’heure. S’il dépasse cette vitesse et est flaché c’est que vous cultivez quelque part chez vous du canabis.

L’escargot est grégaire, il reste danns son domaine et  hiberne sous une tuile, une planche ou un tas de bois,  des pierres mal jointoyées, du compost, une bâche, un morceau de carton humide ou une feuille, etc. Si on le voit la journée c’est surtout les jours de pluie ou les matins des lendemains d’ondées, car Il est surtout actif la nuit.

 

Qu’est-ce que ça mange un escargot ? Surprenant, il ne se cantonne pas uniquement à la végétation du potager, même s’il a un faible pour elle. A son menu on peut trouver des vers de terre, des  limaces, des œufs d’insectes divers, des larves et différents cadavres d’insectes ou dans un autre registre du bois mort, des débris végétaux, de  la mousse, des  champignons, voire même  vénéneux.

Il s’agit donc là d’un côté positif du gastéropode.

On peut dire que c’est un animal écologiste qui assure pour sa part  l’équilibre du jardin.

D’ailleurs point trop n’en faut, l’équilibre doit aussi s’appliquer à la population des rampants baveux à coquille.

Une curiosité de la nature, la langue de l’escargot est ornée de 1500 à 2000 dents, sacrée déchiqueteuse. Précisons que le  mucus contenu dans la bave qui leur sert à avancer et se défendre  peut  être vecteurs de maladies pour les  plantes.

 

Afin de réguler leur population il convient a) de connaître leurs prédateurs, b) d’utiliser à bon escient leurs habitudes.

1. Leurs prédateurs sont : les oiseaux des jardins, donc il convient de les attirer de les sédentariser et de les laisser faire. Sinon nous trouvons le hérisson, les batraciens (crapauds et grenouilles) les poules, certains insectes (carabes), les lézards ou les serpents  comme l’orvet (ce lézard sans patte appelé aussi serpent de verre), les mulots ou les musaraignes, et même des escargots cannibales  et l’homme.
2. Pour les empêcher d’accèder à vos plates bandes et ainsi bouloter vos salades, choux, haricots ou fraises, répandre de la cendre, de la sciure de bois ou du marc de café, du sel, de l’ail, de l’oignon ou réaliser un bourrelet de terre gravillonneux, pas garanti à 100%, Vous n’êtes pas obliger de tout mélanger. Sinon piègez les. une planche en bois ou une tuile accessible par en dessous placée aux endroits envahis par les escargots et comme ils y trouveront un refuge diurne  vous n’aurez plus qu’à transporter la planche ou la tuile ailleurs pour vous débarrasser des mollusques  en les libérant, les transplantant (pas chez le voisin quand même), les faires dégorger pour les déguster ensuite ou les offrir à leurs prédateurs repérés au préalable. Surtout pas de produits genre anti limaces ou escargots car vous risquez d’empoisonner ensuite leurs prédateurs.

 

Rappelons-nous que la présence des escargots dans le jardin prouve que l’écosystème de ce dernier est de bonne qualité. Ce sont des nettoyeurs parfois goulus s’ils trouvent une bonne salade… Donc n’allons pas tout gâcher par des interventions intempestives et destructrices.

Comme l’a dit Lénine : « La joie est un escargot rampant. Le malheur un coursier sauvage. » Donc ne piétinons pas les escargots et ayons de la joie en regardant ramper les escargots, profitons de cette déambulation apaisante tout en les aidant à migrer ailleurs.

 

Gilles Desnoix