Dès la naissance des bébés mis en boite et ce n’est pas de l’humour
Boîte à bébés ici, tour d’abandon là, roue de l'enfant trouvé ailleurs, berceau de la cigogne au Japon…
Qui en parle ? Qui connait ? Peu de gens et pourtant cela existe dans le monde entier… sauf en France qui a adopté un autre système : la naissance sous X
Il y a quelques temps la presse s’est fait l’écho de l’abandon d’un nourrisson dans une « boîte à bébés » à Anvers en Belgique.
Révélation pour énormément de gens, donc votre serviteur le premier. Ainsi il existe des « boîte à bébés », des « boites d’abandon » officielles ? Il ne s’agit pas d’un roman, d’un récit misérabiliste, mais d’une réalité.
Une mère met son bébé dans la fameuse boite et dispose de 15 jours pour se dédire et venir le reprendre. L’inverse du droit de rétractation, mais peut être une sauvegarde pour le temps de la réflexion une fois le choc passé. Dans cette boite en particulier, installée dans la ville d’Anvers en 2000, 19 bébés ont été abandonnés depuis et confiés aux services sociaux à l’enfance.
Mettre un bébé en boite comme ça représente surement un danger pour lui ?
Le système est moderne et sécurisé. Pour celle qui nous occupe de boîte et qui ressemble à une grosse boite à lettres, un lit auto chauffant attend le nourisson, une caméra et un signal d’alarme alertent le centre de soins le plus proche auquel ils sont reliés. Certaines de ces boîtes d’abandon ont l’aspect de coffre fort.
Mais où trouve-t-on ces fameuses boites ? Selon les cas, les lieux, elles sont situées à l’entrée des hôpitaux, sur le parvis des mairies, dans des rues très fréquentées, voire à proximité des églises.
Ce système protège totalement l’anonymat de la mère. Dans le cas ci-dessus le délai de reprise était de 2 semaines, ailleurs il peut aller jusqu’à 8 semaines suivant les pays. Oui car il y en a dans le monde entier de ces endroits d’abandon. Passé le délai imparti, l’enfant est couvert par le statut de l’abandon définitif et peut donc être proposé à l’adoption.
D’où vient cette idée de « boîtes à bébés » ?
L’idée des boites d’abandon paraît incroyable, mais elle n’est pas neuve et pas une spécificité belge. En France par exemple il existait depuis le moyen âge des « tours d’abandon ». Si au XXème siècle le procédé a été abandonné chez nous, il a duré jusqu’en 1940, il a connu un regain dans un certain nombre de pays proches ou lointains.
En Europe nous trouvons en tête l’Allemagne avec 80 « guichet pour bébé », mais aussi l’Autriche, l’Italie, la Suisse, la Pologne, la Belgique, La Hongrie, les Pays Bas (chambres des enfants trouvés), la Tchéquie, la Russie. Dans le reste du monde on peut compter principalement sur le Japon, l’Afrique du Sud, l’état du Tamil Nadu en Inde, les Philipines, le Pakistan, etc..
Les statistiques ne sont pas fiables et surtout pas recoupées, mais il semble que sur une prériode de deux décennies 400 enfants auraient ainsi transité par ces installations. On peut sans crainte de se tromper penser que le chiffre exact est beaucoup plus important.
Il existe des pays où l’abandon d’enfants est un crime puni par la loi et où on ne trouve pas de Boites ou de tours d’abandon. Le Royaume uni après avoir disposé de ce système jusqu’au 19ème siècle a choisi une approche plus retrictive et pénalisante. Tout abandon d’un enfant de moins de deux ans entre dans la catégorie des crimes pour lequels la coupable encourt cinq ans de prison. Dans les faits, les services sociaux ont mis au point un protocole au cours duquel la mère souhaitant faire adopter son enfant doit suivre un cours d’orientation intensif ayant pour but de s’assurer qu’elle veut vraiment renoncer à l’enfant.
Aux Etats Unis 47 États disposent de lois appelées « lois des refuges » permettant aux parents d’abandonner légalement et anonymement leur nouveau-né âgé de moins de 72 heures dans des lieux appelés « safe havens » (« refuges »), hôpitaux ou casernes de pompiers.
Cette manière d’abandonner un nourisson, même ancestrale a ses détracteurs et ses opposants.
D’abord, tout ceci est en contraventions avec les dispositions de l’article VIII de la Convention relative aux droits de l’enfant car ces boites ou tours d’abandon ne garantissent pas les droits du père en ce qui concerne la connaissance du sort de son enfant et prive ce dernier de son droit fondamental de connaître ses parents.
Ensuite, l’ONU, dès 2012 s’est alarmée du fait que l’abandon anonyme prive l’enfant de ses droits, de la possibilité de retrouver ses parents. L’organisation des Nations Unies préconise plutôt plus de prévention et d’encadrement des femmes en détresse.
Mais l’on sait la portée des condamnations, résolutions et préconisations de l’ONU…
Les détracteurs mettent en avant la réalité du consentement de la mère dans bien des cas, pression sociale, familiale, économique, etc.
Les défenseurs expliquent qu’il existe une réalité terrible concernant l’abandon d’enfants, depuis toujours. Pour eux le système mis en place limite les risques pour les bébés abandonnés et évite les infanticides.
De tout manière le choix est terrible, il doit poursuivre l’abandonnante toute sa vie comme il doit le faire aussi pour l’abandonné. L’abandon existe au travers du monde depuis le début des temps, rappelons-nous Moïse par exemple. Qu’il puisse se passer avec un maximum de sécurité est un bien pour un mal. Il est vrai que la solution Française de la naissance sous X, même si elle est loin d’être parfaite, apporte un peu plus de garantie au niveau de la sécurité, de l’hygiène et des droits de l’enfant.
Gilles Desnoix