Journaliste, fondateur d’organes de presse, anticonformiste et inclassable, Jean-François Kahn, est mort
Ça va te faire un de ces silences maintenant
Journaliste de presse écrite, radiophonique, trublion télévisuel, fondateur d’hebdomadaires d’informations, écrivain, essayiste, etc. JFK est mort le 23 janvier 2025 à l’âge de 86 ans
Ce sont ses qualités intrinsèques, sa compétence professionnelle, son sens de la formule, son goût du débat et sa passion intransigeante pour la vérité qui avaient amenés le Monde puis Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud de le recruter à L’Express.
De l’affaire Ben Barka, qu’il révéla, et de la couverture de la guerre du Vietnam, JFK, avait retiré cette intransigeance pour la vérité et cette méfiance à fleur de peau pour une objectivité journalistique érigée en dogme. Il confessait ne jamais y être arrivé à cette absolue objectivité. D’ailleurs les reproches que ses détracteurs et adversaires lui faisaient portaient essentiellement sur ce point. Cela était conforté par son tempérament érruptif. Et toute sa vie il a combattu avec hargne, détermination, virulence et moult moulinets des mains, la pensée unique.
De ses débuts en 1959 à Paris Presse dans une carrière de reporter qui l’amenèrent à couvrir les « évènements » d’Algérie, rebaptisés longtemps après « guerre d’Algérie » il conserva un positionnement d’observateur attentif, critique, sur plus de 65 ans de convulsions du monde et d’avatars de la politique Française.
Ce fut un homme de doutes et de mise en abyme des situations internationales qu’il interrogeait avec lucidité, causticité et parfois sans demi-teintes. Ce fut un serial-débatteur, un bretteur d’idées effrenné, un interlocuteur difficile mais ne fuyant jamais devant les difficultés et l’adversité. Un vrai philosophe showman dont la réflexion et les écrits prouvent encore la profondeur de ses analyses et de son honnêteté intellectuelle.
Il a, avec succès, fondé « L’Évènement du jeudi » en 1984 et en 1997 «Marianne » qu’il a dirigé jusqu’en 2007.
On peut retenir de cet homme qu’il fut, malgré ses positions tonitruantes, un adversaire farouche des radicalités et de l’abandon. Il fustigeait, surtout ces dernières décennies, les renoncements de la gauche avec sa véhémence coutumière assise sur un fond et une légitimité qui lui donnaient raison. Il fut assez vilipendé pour cela par beaucoup de politiques de gauche.
Lecteur des le 1er numéro de L’Évènement du jeudi et abonné dès le 1er numéro de « Marianne » je ressens très vivement ce départ et je pressens le vide qu’elle va laisser. Quoique dans mon for intérieur je l’entends lancer à la cantonade « Je n’ai pas tout dit encore, alors affutez vos arguments, moi, depuis là-haut je reste combatif. Vous n’allez pas être débarrassés de moi comme ça. D’ailleurs je ne suis pas d’accord avec cette rupture du débat!!! ». Ce fut un centriste révolutionnaire à dit ce soir sur LCI Ruth Elkrief, c’est à la fois juste et réducteur. Jean François Khan c’est un homme unique, comme Lapeyre, il n’y en a pas deux
Quand même JFK, en toute une vie au service de l’information et du débat d’idées c’est ton 1er break.
Tous mes condoléances et toutes celles de Montceau News, à sa famille, ses amis, ses collègues.
Gilles Desnoix