Ce mercredi en fin d’après-midi, une majeure partie des maires de la CUCM s’était rassemblée dans la salle d’exposition de Hub&Go au Creusot.

Objectif ? Faire bloc face aux bilans de l’INSEE et apporter une certaine vérité sur le territoire, en chiffres, en projet. Bref se montrer réaliste face aux statistiques du recensement mené sur une partie de la population de la CUCM. Le Président de la CUCM David Marti, a rapidement affiché un autre objectif : redorer l’image du territoire entachée par les propos de l’INSEE.

 

La baisse de population pointée par l’INSEE, suite au dernier recensement de la population du territoire en 2024, se doit d’être nuancée pour les élus. En effet, elle n’illustre pas la tendance actuelle, mais plutôt une situation passée, du fait que les chiffres ne prennent pas en compte les 2 dernières années (2023 et 2024). De plus, la situation que ces chiffres mettent en lumière est incomplète, car l’INSEE se base sur une analyse annuelle de 8% de logements, le tout étant agrégé sur 5 ans, ce qui représente seulement 40% de la population.

 

Si la population a continué de baisser ces dernières années, il faut noter un ralentissement de cette baisse sur la période récente avec une évolution de la population de -0,623% par an en moyenne entre 2020 et 2022, alors que sur la période 2016-2022 cette évolution était de -0,827% par an.   

 

La mobilisation de l’ensemble des acteurs du territoire ces dernières années, et le développement, notamment économique du territoire qu’elle suscite, permet de confirmer les transitions à l’œuvre, selon David Marti, Jean-Claude Lagrange, Marie-Claude Jarrot et les autres élus présents.

 

Les méthodes de calcul remises en question

 

Dès sa prise de parole, David Marti se veut incisif en pointant du doigt les méthodes de calcul de l’INSEE. On sait à quel point chaque année, que ce soit lors des conseils municipaux de Montceau-les-Mines comme ceux du Creusot, l’opposition s’appuie sur les chiffres de l’INSEE pour remettre en question les politiques menées par les majorités des deux villes centres.

 

David Marti poursuit son propos sur la méthode de calcul de l’INSEE pointant du doigt les effets des démolitions des logements dans ce type de calcul. S’il y a destruction, il y a perte de population selon l’INSEE. Mais l’affaire n’est pas si simple, comme le rappellent en cœur David Marti et Martie-Claude Jarrot. En effet, les habitants des logements détruits ont été relogés depuis bien longtemps au moment de la destruction et souvent sur leur commune.

 

La conférence de presse se poursuit avec une lecture du texte : « Autun-Le Creusot-Montceau ne sont vraiment pas en forme. 3000 habitants en moins… » Et la raison incomberait au manque d’attractivité et d’emplois.

 

Pour David Marti, c’en est trop, « c’est inacceptable ». Certes le solde naturel est plutôt défavorable mais le solde migratoire est plutôt positif.

Et concernant le manque d’attractivité et d’emplois, le Président de la CUCM ne peut pas laisser affirmer cela non plus. La conférence de presse est donc l’occasion de réaffirmer la dynamique des territoires en tant que terre d’innovation, territoire industriel et qui « se réinvente tous les jours ».

 

« On voudrait nous enfermer dans une lecture dépassée y compris au niveau des réalités démographiques » ajoute-t-il.

 

Avant de poursuivre : « On ne laissera personne écrire notre histoire. La CUCM est le territoire de tous les possibles, un territoire en transition et qui n’est pas en déclin. »

 

Il avance ainsi une inversion progressive de la courbe de la population. « C’est une stabilisation progressive pour repenser l’attractivité économique, résidentielle du territoire, un territoire qui innove » déclare-t-il.

 

Des créations d’emplois industriels et un taux de chômage un point en-dessous des chiffres nationaux

 

David Marti n’a pas encore fini son droit de réponse et son argumentaire face aux chiffres de l’INSEE et à un jugement considéré injuste. Il se dit d’ailleurs prêt à accueillir les enquêteurs de l’INSEE pour leur dire tout le bien qu’il pense de leur étude du territoire.

 

Il cite ainsi les entreprises qui recrutent ou recruteront dans les prochains mois sans être exhaustif : Framatome, Mecateam, Novium, Alstom, Jimmy, Virtuo… qui représentent un nombre d’emplois directs significatifs, sans compter les emplois indirects. Il annonce ainsi entre 3000 à 4000 emplois ainsi créés prochainement, remettant en cause la photographie plutôt défavorable dressée par l’INSEE.

 

La CUCM se prépare ainsi à accueillir de nouveaux habitants en développant des opérations de logements. Et si dans la première partie de la conférence de presse, c’est bien David Marti qui a pris la parole, c’est bien un collectif qui s’engage avec lui, assure-t-il.

« Les entreprises, les associations, les habitants, les élus, nous avons cette responsabilité collective de faire réussir le territoire. Nous sommes confiants pour l’avenir. Nous avons réussi à le faire sur ce mandat dans une période extrêmement difficile. Nous sommes un territoire où on va chercher les choses avec les dents. On ne peut pas accepter une interprétation de ce que nous sommes, avec la méconnaissance la plus totale du territoire. Qu’ils sortent de leurs bureaux, qu’ils viennent. On verra s’ils continuent de dire ces choses » conclut-il avant de donner la parole à Marie-Claude Jarrot.

 

La ville de Montceau-les-Mines épargnée par les chiffres de l’INSEE

 

Marie-Claude Jarrot peut certes se réjouir que la ville de Montceau-les-Mines soit épargnée par les derniers chiffres publiés par l’INSEE. En effet, ces derniers montrent un accroissement de la population. Pour autant, solidaire, Marie-Claude Jarrot remet en question elle-aussi la méthode de calcul de l’INSEE : « Quand je lis les propos de l’INSEE, j’ai l’impression qu’on est dans les années 70-80 quand les mines fermaient. Depuis quand 3000 habitants impliquent un manque d’attractivité et d’emplois ? »

 

L’INSEE, rattaché au Ministère de l’économie, évoque donc des villes qui dévissent. Mais Marie-Claude Jarrot estime que la simple perte de population ne mérite pas un tel vocabulaire rappelant aussi les atouts du territoire :

– l’accessibilité avec le TGV, la RCEA, l’autoroute A6 ; la proximité de Paris et de Lyon grâce au TGV ;

– la qualité de vie

– le tissu économique avec un territoire industriel,

– la CUCM bénéficie de nombreux dispositifs pour aller chercher des moyens financiers notamment.

 

Et d’ajouter aussi la présence sur le territoire et sur les deux villes centres de l’EPCI de l’enseignement supérieur. C’est enfin une offre de soins médicaux mieux organisée : un hôpital à Montceau qui fera peau neuve et sera labellisé hôpital de proximité, un accord entre le GHT (groupement hospitalier de territoire) et le groupe SOS (Hôtel-Dieu du Creusot). Pour Marie-Claude Jarrot, le territoire est apaisé d’un point de vue économique, en terme d’accessibilité, de qualité de vie.

Et de conclure : « Je ne veux pas subir de tels articles. C’est un article faux ».

 

Jean-Claude Lagrange, pour sa part, rejoint les propos de David Marti et Marie-Claude Lagrange sur le lien entre habitants et dynamique de territoire. Il évoque aussi un accueil plus structuré des nouveaux habitants pour montrer la structuration du territoire : écoles, habitats etc. Ce sont ainsi depuis le début du dispositif sur la région 300 habitants qui se sont fixés en Bourgogne Franche-Comté. Au fond, il s’agit de montrer que les structures d’accueil pour les familles existent.

 

Les conséquences des enquêtes

 

David Marti revient sur les conséquences des enquêtes de l’INSEE qui ne se mesurent pas seulement à une image erronée du territoire. Ce sont aussi les dotations qui sont impactées par les méthodes de calcul. Il évoque la DGF (Dotation Globale de Fonctionnement). Les élus demandent d’ailleurs non plus une réflexion par ville mais par bassin. En effet, certains viennent travailler dans les villes centres quand ils résident en périphérie de celles-ci.

 

Jean-François Jaunet et Marie-Claude Jarrot s’accordent aussi sur la dynamique culturelle du territoire : deux conservatoires, une scène nationale au Creusot. Et Jean-François Jaunet pose une autre difficulté dans le recensement : le refus de certains habitants d’être recensés.

 

Jean Girardon, Maire de Mont saint-Vincent, souligne que le recensement ne peut pas être exact. Lui-aussi pointe du doigt la dynamique associative du territoire qui couvre un éventail très large. Il dénonce un article rédigé par quelqu’un qui ne connaît pas la réalité humaine du territoire.

 

Jean-Paul Luard, Maire des Bizots, rappelle pour sa part les débuts de la CUCM dans les années 1970. « On est parti de pas grand-chose. Aujourd’hui on a un certain nombre de structures ».

 

David Marti conclut le tour de table en indiquant que les élus, et pas seulement ceux de la CUCM, contestent la méthode. Il existe sans doute d’autres outils permettant d’affiner la photographie d’un territoire.

 

« La force de la CUCM, c’est ce collectif, l’envie commune de faire réussir le territoire » ainsi s’achève la réponse des maires de la CUCM à l’INSEE, envoyant aussi un signal fort aux autres partenaires institutionnels et industriels sur la réalité du territoire communautaire.

 

EM