Montceau : Auprès de mon arbre…
L’incroyable histoire de Jocelyne Lautissier, ancienne directrice d’école
Dans un petit coin tranquille près de Montceau, plus précisément dans la forêt du Plessis, où le béton menace chaque parcelle de verdure, une femme se dresse, seule, entre un hêtre magnifique et les lames prêtes à l’abattre.
Pour elle, cet arbre n’est pas simplement du bois et des feuilles. C’est un témoin silencieux de générations passées, un refuge pour la vie, et un symbole de résistance. Mais pas que…
Cette femme, c’est Jocelyne Lautissier, une ancienne directrice d’école, qui a vécu une histoire incroyable, avec un arbre de cette même forêt. Découvrons ensemble cette fabuleuse histoire qui a mobilisé pas mal de personnes, qui ont eu à cœur d’aider Jocelyne pour…
Mais pas si vite !
Il grave son prénom et son âge sur un hêtre
Par une douce soirée d’été 1949, où les étoiles semblaient plus proches et le vent portait les secrets des bois, un jeune homme de 19 ans se tenait devant un hêtre imposant.
Armé d’un simple canif, il traça lentement sur l’écorce rugueuse son prénom et son âge : Maurice 19A. Ce geste, presque anodin, était pour lui une sorte de jeu. Il ne savait pas encore qu’au fil des décennies, ces lettres gravées deviendraient les témoins silencieux d’une vie entière, reliées à cet arbre d’une manière qu’il n’aurait jamais imaginée.
Ce jeune homme, Maurice Griveau, était le père de Jocelyne. Elle raconte :
« Un jour, pendant l’année 1970, papa nous a emmenés en promenade dans la forêt du Plessis, du côté du quartier du Colombiers. Il voulait nous montrer cet arbre, où il avait gravé son prénom en 1949, alors qu’il avait 19 ans.
Il avait emporté son couteau Opinel et il s’est mis à graver mes initiales : JG 15 A (Jocelyne Griveau, 15 ans) juste au-dessus de son prénom.
C’était effectivement l’année de mes 15 ans. Celle où j’ai quitté la maison de mes parents en septembre 1970. Je ne suis jamais revenue chez eux, car je me suis mariée jeune, avant d’avoir terminé mes études ».
Un arbre étroitement surveillé par Jocelyne
« Au fil des ans, j’allais voir régulièrement « mon arbre » car je me suis toujours rappelée où il se trouvait… Et en 2013, lorsque je l’ai montré à Kathy et Danielle, deux amies, au cours d’une promenade, j’ai eu peur en le voyant marqué à la craie.
Ayant peur qu’on l’abatte, j’y allais de temps en temps, et c’est un peu le hasard qui m’y a fait aller à des moments où il se passait quelque chose. Comme si j’étais « guidée ».
Mon arbre a été coupé !
« Quelle triste nouvelle… Mon arbre a été coupé ! Il gît au milieu de ses congénères, tous abattus comme lui.
Ce n’est jamais facile de voir quelque chose d’aussi vivant et symbolique disparaître, surtout quand il a une place spéciale dans votre histoire. Cet arbre portait des souvenirs, des initiales, et un lien profond avec le passé et surtout avec mon papa). L’idée de perdre tout cela m’a bouleversée.
Ce qui est aussi incroyable dans cette histoire, c’est que j’ai pu retrouver mon arbre parmi les innombrables arbres coupés. Un homme présent sur les lieux, à qui j’ai raconté mon histoire, a bien voulu m’aider.
J’ai déjà pu savoir, en regardant les photos sur mon téléphone avec ce monsieur, qu’il s’agissait d’un hêtre, puisque le tronc de cet arbre était lisse. J’ai aussi pu apprendre que cet arbre avait une partie jumelle qui avait déjà été coupée.
Ce qui avait rendu ma recherche précédente plus difficile. En effet l’arbre paraissait plus petit, pourtant, j’étais sûre que c’était le bon endroit, dans le virage du chemin, et surtout, j’avais pu retrouver les inscriptions.
Ne voulant pas abuser de la gentillesse de cet employé qui nettoyait le chemin devenu boueux après la coupe et le transport des arbres, je suis repartie. Mais je suis revenue le lendemain, bien décidée à retrouver mon arbre avec les indices que m’avait déjà donné cet homme si gentil.
Je ne veux pas que mon arbre finisse en pieds de chaises
Finalement, je l’ai retrouvé : un arbre au tronc lisse, la trace de la partie jumelle et ce dessin en forme de cœur, avec les lettres DS. Ces dernières n’étaient pas les inscriptions gravées par papa, mais que j’avais bel et bien vu figurer au-dessus de mes propres initiales.
Alors, j’ai pu contempler avec une immense tristesse mon arbre couché sur le sol. Comme me le faisait remarquer Patrick, un collègue : « Ces beaux hêtres bons pour l’abattage, finiront en pieds de chaises à Rancy ou en plans de travail de cuisines à Conforama. Ainsi va la vie !
Ajoutant : « Ton arbre aura une nouvelle vie ». Pas vraiment une consolation…
Jocelyne arrivera-t-elle à récupérer son arbre ?
Rendez-vous mardi prochain pour la suite de cette belle histoire familiale.
Nelly Desplanches