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jeudi 22 mai 2025 à 05:50

La CGT honore l’un des siens, le centenaire Roger Joly

Un hommage vibrant de ses compagnons de lutte, médailles à la clé.



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 Ce mardi 20 mai, aux jardins Médicis où il a établi ses quartiers, Roger Joly a reçu l’hommage de ses compagnons de la CGT. Il a reçu des mains de Régis Sarandao, secrétaire du syndicat mines énergie 71, et de Patrick Bobin, les médailles de la CGT. Elles brillent, elles sont belles, elles sont lourdes, Roger, lui qui est multimédaillé, les montre comme des trophées. Des petits gâteaux, des chocolats et des pâtes de fruit, des jus de fruit, du café permettent à tous de trinquer et d’écouter l’émouvant hommage que la CGT Mines Énergie rend d’une voix vibrante d’émotion à son compagnon de route depuis 1947.

 

 « Hommage à Roger JOLY

Il y a tout juste 100 ans, naissait Roger JOLY le 16 mai 1925. Fils et petit-fils de mineurs, il grandit dans le bassin minier. Presque toute la famille travaillait dans la compagnie des mines de Blanzy. La mine était toute puissante. L’injustice régnait, son père était « marqué au rouge » car il refusait d’aller à la messe… Durant la Seconde Guerre mondiale, le patronat minier mit rapidement au travail les mineurs pour l’occupant allemand, qui fit régner la terreur sur le bassin minier avec la complicité active du régime de Vichy. C’est à ce moment-là que Roger devint un rebelle et qu’il s‘engagea dans la résistance. Il participa activement au maquis de Collonges-en-Charollais, aux sabotages, à la bataille de Cluny ; puis, avant la libération de Montceau le 6 septembre 1944, à la bataille de Génelard et de Galuzot.  Après cette période, il s’engagea au 5ᵉ régiment de dragons dans les Alpes jusqu’en 1947.

Il débute sa carrière à la mine en 1957 comme coloniste pendant 23 ans aux puits Plichon et Darcy, la même année où il achète le café rue Jean Jaurès à côté du syndicat des mineurs, l’annexe du syndicat comme on l’appelait, endroit de rencontre par excellence des militants mineurs, de l’UL ou de l’UD : on y causait beaucoup, c’était devenu un lieu de vie, d’échanges et de débats, de circulations des informations, sous l’attention bienveillante de Roger et de son épouse Juliette. Ils partageaient tous les combats des mineurs ; les jours de grèves, non seulement on ne payait pas nos consommations, mais on repartait avec des sous pour la collecte des grévistes… Roger aimait bien plus que de raison son pays. Une petite anecdote ; un jour, un gars, debout au comptoir, qui dégustait un verre de côte du Rhône, lui dit qu’à la retraite, il veut s’installer dans le midi ; Roger lui répond avec son humour particulier : « Pourquoi y’a pas de cimetières là-bas ? » L’autre répond goguenard : « Ben si… » Et Roger assène alors le coup de grâce : « Alors, s’il y a des cimetières, y est pas mieux qu’au Montceau, reste donc là ! ». Autre anecdote ; c’était le 31 juillet 2014. Roger appelle 2 de ses camarades, Le Cobus et le Robert, et leur dit : « Vous savez, les copains, aujourd’hui, c’est le centième anniversaire de l’assassinat de Jean JAURES. Il est venu 2 fois à Montceau, au syndicat des mineurs. Il faut faire quelque chose. »  Ni une ni deux, nos trois compères se dirigèrent au syndicat déserté ce jour-là. Ils montèrent au 1ᵉʳ étage, ouvrirent la fenêtre du balcon et, là, Roger hissa avec fierté le drapeau rouge sur la façade…

Après la fermeture de son café en 2006, Roger ne va pas rester inactif : il rejoindra l’ANACR (association nationale des anciens combattants de la résistance) du Bassin minier dont il deviendra le président. Malgré le poids des ans, il ne refuse jamais de partager son parcours de résistant avec la jeunesse ; il s’adonne avec application au devoir de mémoire ; et, encore aujourd’hui, à l’EPHAD des Jardins de Médicis où il réside, il continue de témoigner avec les jeunes des lycées. S’il est des distinctions qui sont bien méritées, c’est bien le cas pour Roger, qui a reçu la médaille de chevalier de la Légion d’honneur des mains du préfet de Saône-et-Loire en décembre 2024, qui reconnait ce parcours de vie étonnant de ce résistant, mineur, syndicaliste et cafetier.

Étant le seul à connaître la recette du Tojo cassis (NDLR).

Adhérent à la CGT depuis 1947, notre syndicat Mines-Énergies CGT 71 lui a remis sa 77ᵉ carte syndicale. De la chambre de son EHPAD, s’il n’était pas malvoyant, il pourrait apercevoir la façade du syndicat des mineurs et son café, lieux qu’il a tant aimés. Il y a pas si longtemps, il passait encore voir les copains, faisait son tour de marché et achetait son fromage de chèvre. Roger est une figure de la mine, une figure de Montceau-les-Mines, le témoin d’un monde qui n’existe plus, qui n’existera plus, mais lui, il existe ! Merci Roger pour tout ce que tu as accompli et joyeux anniversaire. »

 

Grand moment d’émotion pour tous et pour Roger devenu tout rouge. Ce qui amène une autre anecdote dont il est friand et qu’il conte toujours en passionnant son public. Il rappelle la fois où il a attrapé la rougeole. Conduit à l’hôpital, il a été oublié quasiment une journée avant que l’on se rappelle de son existence dans le service. Narrant cette histoire de rougeole un jour à Mme le Maire de Montceau, Marie-Claude Jarrot, cette dernière un rien moqueuse lui a répondu : « La rougeole ? Monsieur Joly, mais vous avez bien toujours été rouge. »

 Un bon après-midi de partage et d’échanges entre anciens de la mine.

 

Gilles Desnoix

PS : la recette du Tojo cassis : Il faut savoir que le surnom d’Edmond Marc, secrétaire général du syndicat des mineurs après-guerre, emprisonné avec d’autres camarades après les grèves de 1948, était « tojo » ! Donc, pour arroser la nouvelle année, la joyeuse bande réunie cet après-midi aux jardins Médicis allait, avec d’autres camarades du syndicat, demander au Roger un tojo cassis (Marc cassis).

Le doux : ½ mesure de cassis, 1 mesure de marc ; le tendre : ½ mesure de cassis, 2 mesures de marc ; le fougueux : 1 mesure de cassis, 3 mesures de marc ; l’énivrant : 1 mesure de cassis, 4 mesures de marc. C’est selon le goût et la santé du buveur. 

 

 

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