Les cinémas Panacéa et la Ligue des Droits de l’Homme Montceau ont proposé ce jeudi 10  juillet 2025 une soirée Ciné – Débat avec la projection du film « Chroniques de Téhéran » d’Ali Asgari et Alireza Khatami et la présence de Louis Arnaud, détenu en Iran pendant près de deux ans et libéré en juin 2024.

Dominique Niemec, présidente du comité local de la LDH et Guillaume Marchal, cinémas Panacéa, ont présenté le déroulement de la soirée et salué les 200 spectateurs présents. Le film « Chroniques de Téhéran » a été présenté à Cannes dans la sélection un autre regard 2023. Il  montre neuf visages de la vie quotidienne à Téhéran.

Un homme déclare la naissance de son fils et se trouve confronté à la bureaucratie qui refuse le prénom choisi. Une mère habille sa fille pour la rentrée. Une élève est convoquée par la directrice. Une jeune femme conteste une contravention. Une jeune fille se présente à un entretien d’embauche. Un jeune homme vient retirer son permis de conduire. Un homme au chômage répond à une annonce. Un réalisateur demande une autorisation de tournage. Une femme cherche à retrouver son chien.

Pour Louis Arnaud, dans chacune des situations, on peut voir le contrôle exercé par ce pouvoir sur la vie des iraniens, en ville, dans les campagnes, Il n’y a pas un espace de respiration. Ils sont pris à la gorge. Il faut voir le nombre de corps de police, la quantité de ressources allouées à ce contrôle et à cette répression et à une présence totale de la religion au détriment de tous les autres secteurs de la société. L’économie est en ruine. C’est le délitement de la société civile. L’élite s’exile.

Puis, ce fut le moment des questions de la part des spectateurs et des réponses de Louis Arnaud.

Quelles étaient tes motivations pour se rendre en Iran ?

Comment s’est passée ton arrestation ?

Comment vit-on l’enfermement ? Quelles explications pour la différence de traitement entre les différents prisonniers – otages ?

Penses-tu que les choses peuvent basculer dans le bon sens ?

Comment vois-tu la com autour de ta libération ?…

« J’avais séjourné quelques jours en Iran en 2018. Je voulais absolument y retrouner. Tout se trouve là-bas. Les paysages fabuleux, les cultures, des identités fortes, des modes vestimentaires, des langues différentes, l’Histoire… Le berceau de l’Humanité ! C’est pour tout ça que j’y allais et pour l’hospitalité légendaire des iraniens ».

« Lors de l’arrestation, on ne comprend pas ce qui se passe. Ça doit être une erreur, on n’a rien fait de mal mais plus le temps passe plus on se dit qu’on a dans son téléphone telle ou telle photo, on gamberge au fil des interrogatoires ».

« J’étais avec des prisonniers de plusieurs nationalités : suédois, allemand, espagnol, … des français, … On est face à des institutions rivales, une lutte pour le pouvoir entre les différentes factions. Il n’y a pas de cohérence.

Quand ils m’ont arrêté, il y avait des milliers d’iraniens arrêtés. Ils n’ont pas eu le temps de s’occuper de mon cas plus précisément ».

 

« Quel avenir ? J’ai côtoyé beaucoup de prisonniers politiques qui croient et espèrent le  changement. Mais quand ? Impossible de le savoir. Ça va être quoi l’étincelle ? La mort du guide ? L’effondrement de l’économie ? Et pour quelles formes de transition ? Le fils du Shah ? Y-a-t-il une voie pour la démocratie ? Que veut le peuple iranien ?

« Le quai d’Orsay verrouille. Il souhaite ne pas faire de vague pendant les négociations avant que l’on deviennent des cas publics. On devient otage-d’état au fil du temps. Au début de mon arrestation, j’étais un instrument de propagande.

 

Pour conclure, Louis Arnaud précise qu’un livre sortira début mars pour parler des iraniens et de leur courage, une réflexion sur la résilience et la transcendance de l’épreuve.

 

J.L Pradines