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lundi 14 juillet 2025 à 10:58

La Claudine aime les week-ends, mais parfois le lundi est le bienvenu

  Et si on résolvait la crise du logement… par la colocation forcée chez Mamie ?



 

La Claudine supporte mal les grandes idées qui remettent en cause la vie des gens en les montrant du doigt. Mais l’État cherche 40/45 milliards, alors le concours Lépine des fausses bonnes idées bat son plein. C’est la foire au « haro sur le baudet » ; ce dernier prend l’apparence du retraité, du propriétaire de pavillon, du nanti de base avec plus de 2000€ de retraite mensuelle.
La dernière lubie reprise en chœur par la presse mainstream : « 25 % des résidences françaises sont sous-occupées : une solution pour résoudre la crise du logement ? » La Claudine se dit que la construction de logements neufs semblerait une solution de bon sens. Eh bien que nenni, les enfants, on ne voit pas ça comme ça dans le microcosme.

Vous cherchez un logement ? Bonne chance. Vous en avez un avec plus de deux fenêtres et sans moisissures ? Vous êtes un privilégié. Mais rassurez-vous, une solution semble se dessiner à l’horizon : pourquoi ne pas réquisitionner les maisons de 120 m² où vivent… deux chats et une dame nommée Jacqueline ? Eh oui, selon une étude de l’Insee publiée le 8 juillet, un quart des résidences principales en France sont largement sous-occupées. Autrement dit : il reste des chambres d’amis, du parquet inutilisé, et des salons qu’on n’ose même plus chauffer.

L’hécatombe des mètres carrés vacants

En 2022, 2,1 millions de personnes seules et 3,6 millions de couples sans enfant vivaient dans des logements d’au moins cinq pièces. Résultat ? Plus de 7,6 millions de logements comptent au moins trois pièces de trop par rapport au nombre théorique nécessaire pour leurs occupants. Autrement dit : dans ces maisons, il y a plus de pièces vides que de gens. La Claudine s’étonne que l’on n’ait pas songé à sortir ces pièces en trop pour les réunir ailleurs afin de faire des logements collectifs. Quand on en est pas à une sottise près, cette idée devrait faire florès.
L’Insee est formel : ce sont souvent de grandes maisons individuelles, habitées depuis longtemps par des propriétaires âgés. Les enfants sont partis depuis 2003, mais la chambre « de Léa » (qui a 42 ans et vit à Montréal) est toujours là, au cas où.

La colocation intergénérationnelle subie : l’avenir ?

Imaginez donc : au lieu de construire à tout-va, on pourrait proposer un système de colocation nationale. Un jeune actif mal-logé débarque dans une maison de 140 m² en Bretagne, tape à la porte d’une mamie retraitée, et dit :
— Bonjour, j’ai vu que vous aviez trois pièces de trop. Voici mon sac et mon chat.
Le gouvernement pourrait même lancer un site : « SousToit.fr : partage ton espace mort ». Avec des slogans comme :
« Tu vis dans une maison vide ? Rends-toi utile. Accueille un intermittent du spectacle !»

Ou encore : « Une pièce inoccupée, c’est un étudiant à la rue. »
Guingamp, capitale du logement vide.

Les taux les plus affolants de sous-occupation se trouvent là où le cidre est bon et le mètre carré raisonnable : en Bretagne. La Claudine adore la Bretagne, elle ne s’est jamais aperçue que les maisons bretonnes à Guingamp ou ailleurs étaient si grandes.

À Guingamp, 35 % des logements sont des maisons ou appartements « très largement trop grands ». Si vous cherchez une chambre de 20 m² avec vue sur jardin, c’est donc là qu’il faut aller. Mais il faudra faire la conversation tous les soirs autour d’une soupe aux poireaux.

 

Une autre solution, plus douce, est en train d’émerger sous le nom de RB&b : Résidence Bienveillante et Bon accueil. Cette initiative locale propose de mettre en relation, via des associations ou des plateformes publiques, des personnes âgées disposant de pièces inoccupées avec des jeunes en recherche de logement temporaire ou transitoire. Contrairement à la colocation imposée, le système repose sur le volontariat, la bienveillance mutuelle, et une charte de respect. Il ne s’agit pas de forcer la main à Mamie, mais de créer un cadre serein, sécurisé, avec parfois un petit loyer symbolique ou des services en échange. Une sorte de cohabitation choisie, loin des slogans gouvernementaux à l’emporte-pièce.

Et pourquoi ne pas taxer les mètres carrés inutilisés ?
Autre idée lumineuse : créer une taxe au mètre carré vide. Trois chambres non utilisées ? Hop, impôt solidarité jeunesse. Chaque pièce libre devient une niche fiscale… mais inversée.

Bon, la Claudine plaisante (à peine). Car derrière cette situation kafkaïenne se cache une vraie absurdité : pendant que des millions de Français peinent à se loger, 100 m² dorment, silencieusement, dans les campagnes, les petites villes… et dans les souvenirs d’enfants partis depuis longtemps. Et il faut se rappeler qu’au début de l’ère Macron l’idée saugrenue et injuste est née et a été sérieusement étudiée de faire payer un loyer aux propriétaires occupants. Le gland ne tombe jamais loin du chêne, d’ailleurs ce sont toujours les mêmes énarques à la manœuvre.

Pour se résumer, la Claudine rassemble un peu ses idées dadaïstes :
— Oui, on pourrait théoriquement loger tout le monde en réorganisant les gens déjà logés.

— Non, personne ne veut vraiment imposer à Gérard, 22 ans, de partager la salle de bain avec Monique, 77 ans.

— Mais oui, la question du logement est aussi une affaire d’occupation intelligente de l’espace, pas seulement de bétonnage.

Alors, colocation nationale ou meilleure planification urbaine ? En attendant, il convient d’être gentil avec la grand-tante : sa chambre d’amis pourrait bien devenir le seul plan logement valable.

 

Gilles Desnoix

 

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