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mardi 19 août 2025 à 05:46

Suppression de deux jours fériés payés en France : entre choc budgétaire et fracture sociale

À Montceau comme ailleurs : faut-il sacrifier deux jours fériés pour sauver les comptes ?



 

De l’ex-carreau de la mine aux ateliers, des commerces aux familles, chacun se demande : effort citoyen ou injustice sociale ?

 

Rappelons ce qu’est le système des jours fériés en France aujourd’hui.

La France compte actuellement 11 jours fériés légaux payés, du 1ᵉʳ janvier au 25 décembre, incluant des commémorations civiles et religieuses. Les salariés bénéficient de ces jours sans perte de salaire, sauf le 1ᵉʳ mai, seule journée rémunérée double. Un sondage récent indique que 7 Français sur 10 y sont opposés. Dans certaines régions comme l’Alsace-Moselle ou les territoires ultramarins, des jours fériés supplémentaires sont accordés.

 

La proposition de François Bayrou : de quoi s’agit-il ?

Le Premier ministre, François Bayrou, a proposé de supprimer deux jours fériés, ciblant notamment le lundi de Pâques et le 8 mai, afin de générer 4 à 4,2 milliards d’euros d’économies dès 2026. L’objectif affiché est de « produire plus » dans un contexte de production jugée inférieure de 10 à 15 % par habitant aux voisins européens. Une lettre d’orientation a été envoyée aux partenaires sociaux le 10 août, ouvrant la négociation, avec une réponse attendue d’ici au 30 septembre ou début septembre.

 

Notons quelques données pour éclairer le sujet :

– Actuellement en France : 11 jours fériés payés.

– La proposition vise 2 jours, le lundi de Pâques et le 8 mai.

– Le gouvernement espère arriver à 4 à 4,2 milliards € d’économies dès 2026.

– La prévision du ministère des Finances est de 0,5 % de hausse du PIB.

– 8 syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, FSU, Solidaires) sont unis contre la réforme, ils représentent plus de 98 % des syndiqués en France, secteurs public et privé confondus.

– 1 pétition nationale lancée le 22 juillet 2025 par les huit principaux syndicats sur Change.org.

https://www.change.org/p/budget-les-sacrifices-pour-le-monde-du-travail-%C3%A7a-suffit?recruited_by_id=1c4f9f50-66fb-11f0-a645-5d273d84b7d7&utm_source=share_petition&utm_campaign=psf_promote_or_share&utm_term=psf&utm_medium=copylink

– 1 appel tous azimuts à bloquer la France le 10 septembre.

 

Et à partir de là, les polémiques, les prises de position, les appels aux lecteurs, auditeurs et téléspectateurs s’enclenchent et depuis des semaines on nous rebat les oreilles avec cette proposition gouvernementale. Il y a donc les pour et les contre, les « je m’en fous » et les « je ne sais pas » sont priés de se taire.

 

Les arguments pour et contre ne fleurissent pas toujours dans la délicatesse.

 

Les pour :

– Relance de la production et réduction de la dette : Bayrou évoque une hausse possible de 0,5 % du PIB.

– Modèle économique pragmatique : l’État souhaite plus d’activité malgré un budget contraint.

– Cadre déjà existant : les mécanismes rappellent la journée de solidarité (lundi de Pentecôte non travaillé depuis 2004 mais payé).

 

Les Contre :

– Symbolique forte : le 8 mai commémore la victoire de 1945 ; le lundi de Pâques a une tradition religieuse pour beaucoup.

– Opposition syndicale unanime : huit syndicats (CFDT, CGT, CFTC, FO…) qualifient cela de « recul social majeur » et ont lancé une pétition qui a rapidement recueilli des centaines de milliers de signatures.

– Résistance politique interne : des députés de la majorité s’y opposent, la qualifiant de mesure contraire à leurs valeurs.

– Effets économiques contestés : des économistes alertent sur le bien-être des salariés, la motivation, et la difficulté à quantifier les gains à long terme.

– Impact limité pour les salariés : les salariés annualisés ne gagneront rien de plus, sauf les intérimaires ou journaliers payés à la journée.

 

Ces positions se sont exprimées dans la presse écrite, parlée, télévisuelle :   

– Vidéo YouTube du 6 août 2025 : Bayrou défend sa proposition comme « acceptable » et ouverte aux négociations sur le choix des jours.

– Lettre aux partenaires sociaux du 10 août : document d’orientation détaillé, ciblant le lundi de Pâques et le 8 mai, tout en suggérant une marge de discussion.

– Réactions politiques locales : certains députés, voire du bloc central, se déclarent opposés, évoquant la perte de sens du 8 mai et dénonçant une mesure injuste.

– Mobilisation syndicale : les syndicats dénoncent le plan (43,8 Md € d’économies globales) comme une attaque contre les travailleurs et lancent une pétition nationale.

Bernard Cohen-Hadad, président de la CPME d’Île-de-France, s’est montré « extrêmement favorable » à la suppression des jours fériés. Il y voit un « enjeu de finances publiques », et invite au « patriotisme économique », formulant : « Si ça aide notre société, il faut passer par là »

Michel Picon, président de l’U2P, (Union des entreprises de proximité) a vivement critiqué la mesure, la qualifiant de « mauvaise décision », en soulignant qu’elle générera « 4,2 milliards de charges supplémentaires pour les entreprises » sans aucune compensation réelle

 

De leur côté les médias ont largement donné la parole aux citoyens. Ces interventions reflètent souvent les éléments de langage politiques des deux camps.

– Sur RMC : un professionnel du tourisme explique : « Un jour férié, c’est 25 % de chiffre d’affaires en plus. Retirer ces jours, c’est 200 millions d’euros perdus. ». C’est un argument économique concret, repris par les syndicats du secteur.

– Sur TF1/LCI : une téléspectatrice s’indigne : « Pourquoi toujours demander aux travailleurs de sacrifier leurs avantages ? ». Cela a une résonance avec les discours syndicaux : défense des acquis et justice sociale.

– Sur BFMTV : dans un reportage dans le Pas-de-Calais : « forte incompréhension sociale, voire de la colère » et un économiste invité abonde : « Travailler un jour de plus sans gagner davantage, ce n’est pas neutre. ». On trouve là une combinaison d’un ressenti populaire et d’une analyse rationnelle.

Dans Le Dauphiné) : certains lecteurs relativisent : « Beaucoup de métiers travaillent déjà les jours fériés ». Il s’agit d’un argument en ligne avec le discours gouvernemental sur la solidarité nationale.

 

La proposition gouvernementale va s’appuyer sur la méthode Bayrou : dialogue social et pédagogie. Il revendique une méthode pédagogique : vidéos explicatives, podcasts, transparence, rappelant l’approche de Pierre Mendès France. Il envoie des courriers aux syndicats et au patronat, pour engager un dialogue avant la rentrée.

Toutefois, beaucoup jugent le calendrier serré et la méthode plus unilatérale que consensuelle. Et puis il y a les précédents des consultations dont les résultats laissent nombre de participants et commentateurs sur leur faim. Rappelons-nous celle sur les retraites (janv.-mars 2025), le « conclave » par lequel Bayrou a tenté de rouvrir le débat sur l’âge légal de départ, qui a eu du mal à démarrer, qui n’a pas compté tous les invités et qui s’est terminé sans consensus. Ou encore celui sur la proportionnelle pour les législatives (avril 2025), consultation très politique, voire politicienne, engagée et reçue avec scepticisme par certains alliés, et jugée hors propos dans le contexte budgétaire. On pourrait rappeler aussi les grandes consultations nationales depuis 2019 qui ont accouché d’une souris. Oui, il y a une démarche consultative régulière, mais souvent marquée par des tensions internes et par peu de résultats en conclusion.

 

À Montceau-les-Mines, comme partout en France, cette proposition cristallise les tensions entre efficacité économique et protection du patrimoine social. Il est essentiel que les voix locales – salariés, associations, élus, syndicats – puissent être entendues dans la phase de concertation. Mais ici comme ailleurs la question dépasse les chiffres. Pour un salarié, c’est un repère familial et social qu’on menace. Pour un hôtelier ou un restaurateur, c’est une journée de recettes vitales. Pour d’autres, c’est une occasion de solidarité nationale… ou un effort imposé de trop.

Car derrière les chiffres et les discours parisiens, ce sont nos vies locales qui sont concernées : jours de fête, jours de mémoire, jours de respiration. Alors, faut-il accepter de travailler plus… ou défendre ces repères coûte que coûte ?

 

Ce sujet mérite d’être suivi avec attention dès la rentrée, afin de mieux comprendre les suites de la négociation d’ici au 30 septembre, et son impact concret sur la vie quotidienne de nos lecteurs. Et surtout nous aurons à prendre en compte le 10 septembre et l’appel à bloquer la France.

 

Gilles Desnoix

 

 

Sources : www.hellowork.com, CNEWS, Wikipédia, Economiematin, 

forbes.fr, laidoffcentral.com, RMC, France 24, rtl.fr, Europe 1, Linternaute.com

Village de la Justice, Echos Plus, Inspection du Travail

 

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Un commentaire sur “Suppression de deux jours fériés payés en France : entre choc budgétaire et fracture sociale”

  1. titou dit :

    bonsoir

    prenez plutôt le 1 Mai et la c’est vraiment la fête du travail.On nous fait payer les 3300000 milliard qu ils ont bouffé.Faut arrêter. C’est eux qui ont tout mangé. Déjà trop de députés et de sénateurs et trop d’avantages pour poser vos fesses sur un banc.et même a tout les niveaux.les élus exonéré d’impôts sur leur salaire.Je pense qu’il faut revoir tout cela.bonne soirée .salutations