La Claudine aime bien le week-end, mais parfois le lundi est le bienvenu.
Le calendrier scolaire, nouveau champ de bataille idéologique ?
Noël rebaptisé ? Quand la laïcité rallume la guerre des guirlandes
La Claudine le constate chaque jour un peu plus, la France adore les polémiques symboliques. La dernière en date : faut-il encore parler de « vacances de Noël » et de « Toussaint » dans le calendrier scolaire, ou les renommer « vacances de fin d’année » et « d’automne » ?
À l’origine de la controverse, une proposition du syndicat enseignant FSU-SNUIPP, déposée devant le Conseil supérieur de l’Éducation. Objectif affiché : laïciser les appellations pour coller à la neutralité républicaine.
Certains parlent de querelle byzantine, d’argutie, de vaine polémique sur le sexe des anges quand d’autres prennent très au sérieux ce type de débat qui fait les grandes heures des chaines d’info en continu. La Caludine se sent un peu « dépassée » par tous ces flots de salive dépensés pendant des heures et des heures, des lignes et des lignes, mais s’il faut débattre alors débattons !
Selon RMC et BFMTV, le syndicat souhaite remplacer les références religieuses par des termes neutres. Noël, Toussaint, voire Pâques, passeraient ainsi au tamis de la laïcité. Une initiative qui, si elle reste pour l’instant symbolique, a déclenché une tempête médiatique.
Dans Le JDD et L’Express, les opposants dénoncent une « atteinte aux racines chrétiennes » et une « déformation symbolique » qui irait au-delà de la laïcité. À la radio comme à la télévision, les interventions indignées s’enchaînent : « On veut nous voler notre histoire, notre identité, notre chocolat chaud sous le sapin ! », ironise un éditorialiste.
Face à eux, les partisans relativisent. « On ne change que les mots, pas les traditions », répète-t-on sur les plateaux de BFMTV et dans les colonnes de 20 Minutes. L’argument : l’école publique doit éviter des références confessionnelles trop marquées, par souci d’inclusion.
La Claudine se dit que voilà un problème bien français, pourtant le cas n’est pas inédit. En Belgique, rappelle la RTBF, les congés portent déjà des noms neutres : vacances d’hiver, d’automne, de printemps. En France, certaines municipalités avaient tenté de rebaptiser les marchés de Noël en « marchés d’hiver », déclenchant chaque fois une levée de boucliers.
Mais quels sont donc les enjeux qui se cachent derrière tout ça ?
On pourrait juger les échanges à ce propos anecdotiques. Que nenni, derrière l’anecdote se cache un malaise plus profond.
Pour les promoteurs de cette réforme, c’est une question de cohérence républicaine et de neutralité.
Pour ses opposants, c’est une atteinte au patrimoine culturel et aux traditions.
Entre les deux, l’opinion publique oscille entre colère et indifférence : les enfants, eux, retiennent surtout deux semaines sans école.
La Claudine se dit que l’on peut en rire, s’en ficher comme de l’an 40 ou en piquer une colère noire, mais en fait le sujet est là, sur le tapis.
« Guerre des guirlandes », « querelle des étiquettes »… Les chroniqueurs radio et presse en rient, mais la polémique révèle bien une difficulté française à articuler trois réalités : un héritage chrétien évident, une société de plus en plus plurielle, et une République sommée d’être neutre sans effacer son passé.
Et surtout une notion de laïcité de plus en plus élastique et contestée, même lorsqu’elle est réaffirmée par certains.
Pourtant il y a bien plus préoccupant, plus prégnant, parce que pendant que l’on s’écharpe sur l’intitulé des vacances, les vrais dossiers — hôpital, climat, inégalités — attendent toujours sous le sapin.
Le vrai calendrier d’urgence n’est pas celui des vacances, mais celui des grands défis du pays. La Claudine pense avec une certaine tristesse que pendant que la France se chamaille sur Noël, l’hôpital et le climat restent coincés en étude surveillée.
Gilles Desnoix