Montceau-les-Mines – « Les Déracinés »
Un voyage émouvant dans la mémoire des mineurs et des immigrés
En ce samedi 18 octobre, à Montceau-les-Mines, la salle du Syndicat des Mineurs pleine à craquer a vibré d’émotion pour la grande première du spectacle « Les Déracinés », une création originale de Gilles Maccaglia. Conçu comme un voyage à travers le temps, ce spectacle en deux actes rend hommage aux vagues d’immigration qui ont façonné l’histoire du bassin minier montcellien.
La première partie a évoqué l’arrivée des Polonais à partir de 1918, au lendemain de la renaissance de la Pologne. Hymnes, danses traditionnelles de Lublin, chants populaires et scènes de la vie minière ont retracé avec sensibilité les débuts de cette communauté laborieuse, marquée par les accords franco-polonais de 1919. Les chanteurs de la Chorale Polonia ont offert une prestation pleine d’émotion et de ferveur. Les danseurs, de générations variées, ont impressionné par leur énergie et leur sincérité : on a vu ainsi de très jeunes artistes partager la scène avec des danseurs plus expérimentés, dans une transmission qui semblait naturelle et touchante.
Cet acte initial a également mis à l’honneur la tradition du “Śmigus-Dyngus”, ou “Dingus”, fête populaire célébrée le lundi de Pâques non seulement en Pologne mais également dans les quartiers du bassin minier.
La seconde partie, L’arrivée des Italiens, a plongé le public dans l’après-guerre. Ruinée, l’Italie a vu partir ses travailleurs vers la France. À Montceau-les-Mines, Giacomo et Maria, personnages symboliques, incarnent ces destins d’exil et d’espoir. Les scènes ont mêlés émotion et humour, avec notamment une grande référence à Don Camillo, ce prêtre haut en couleur devenu légendaire grâce aux films où il fut interprété par Fernandel, et dont l’esprit simple et chaleureux a marqué plus d’une génération. Un clin d’œil local aussi, puisque le “vrai” Don Camillo fut prêtre entre Le Creusot et Montceau les mines, renforçant encore le lien entre histoire italienne et mémoire du territoire.
Entre un Fratelli d’Italia qui a donné des frissons au public, Mamma, Romagna Mia et une première interprétation de Bella Ciao, la musique et les merveilleux chants de la chorale Bella Italia ont servi de fil rouge à ce récit collectif, mêlant émotion, nostalgie et fierté.
Imaginé, écrit et scénarisé par Gilles Maccaglia, le spectacle a vu le jour grâce aux chorales Polonia et Bella Italia ainsi qu’au comité de jumelage Montceau–Żory. Sur scène, près de cinquante artistes, quatre musiciens, un chef de chœur et une équipe de bénévoles ont uni leurs talents après près d’un an de préparation.
Le final a littéralement soulevé la salle. Après l’interprétation d’Avenue de l’amitié, moment fort réunissant tous les artistes sur scène, les premières notes de Bella Ciao ont de nouveau retenti, cette fois pour clore la soirée dans une ambiance de fête. Le public, debout, a repris à l’unisson le refrain bien connu du chant révolutionnaire italien avant que tous les artistes ne descendent dans la salle pour entraîner tout le monde dans une grande farandole improvisée. Un moment fort, chaleureux et mémorable, à l’image de Montceau-les-Mines et de son histoire.
Nicolas Gidaszewski