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lundi 27 octobre 2025 à 03:59

La Claudine aime les week-ends, mais parfois le lundi est le bienvenu.

Quand on nous prend des vessies pour des lanternes… version “éléments de langage”



 

L’époque présente est à la saturation de discours, de grandes déclarations ronflantes, d’anathèmes et d’objurgations. Et ceci à l’international, au national, au local. Même les bandeaux sous les reportages accroissent encore la pression sur la rétine du téléspectateur qui en finit par ne plus en croire ses oreilles.

Il faut le dire simplement, la Claudine sent parfois la moutarde lui monter au nez face à ces cataractes verbales qui, pour la majorité, n’apportent rien de plus à la bonne compréhension des choses… bien au contraire.

Comme la Claudine, tout un chacun a remarqué que plus les discours politiques sont longs, plus on se dit : « Tiens, qu’est-ce qu’on va encore nous raconter comme belle histoire ? » On dirait qu’ils veulent nous faire croire que si ça sonne compliqué, c’est que c’est intelligent. Cette sensation intrigue autant qu’elle m’amuse… enfin les premières fois

La Claudine ne se dit pas que tout est bidon. Mais il faut bien avouer que souvent, entre la déclaration philosophico-révolutionnaire de comptoir et la promesse qui brille comme un sapin de Noël, c’est à qui enfumera le plus la salle ou le plateau télé.

Pour illustrer son propos, la Claudine reprend des expressions de langue de bois émaillant les discours bien gonflés à l’air chaud : « réinventer la proximité territoriale », « déployer une transition vertueuse », « réenchanter le quotidien »… Et hop, tout le monde applaudit !
La Claudine la première… mais parce qu’elle adore quand c’est gratuit !

 

Elle se répète qu’en vrai, c’est comme ces feux d’artifice du 14 juillet à la pluie : ça part fort et ça retombe dans la gadoue. Et nous tous, les deux pieds dans le réel, on se retrouve à se demander si tout ce blabla ne serait pas qu’un glaçon aromatisé saveur promesse.

Heureusement il y a des émissions sérieuses où l’on décrypte tout ça, où l’on sépare le vrai du faux et où l’on va chercher le fond sous la communication. Mais il faut bien remarquer que ces émissions sont souvent tardives et sur des chaines où peu de monde va.

Parce qu’à force de mettre la forme avant le fond, on finit par oublier qu’il y a un fond. Ou qu’il devrait y en avoir un, normalement.

On remplace les idées par des mots compliqués, du genre à vous faire croire que vous n’avez pas assez de diplômes pour comprendre pourquoi la route n’est toujours pas réparée.

La Claudine se rend bien compte que quand ça ne marche pas, on assiste au festival des « Nous avons changé de paradigme », « Ce n’est pas un échec, c’est une transformation en cours »… « On a manqué de pédagogie » (sous-entendu : c’était génial, mais vous n’avez pas suivi le cours…), « Les gens n’ont pas compris l’ambition » (ah ben oui, on est restés bloqués au niveau CE2 du discours politique !), « Le temps nous donnera raison » (traduction : laissez-nous encore quelques décennies pour peut-être faire un truc), « La société n’était pas prête » (ce n’est pas la réforme qui était bancale, c’est le peuple qui s’obstine à ne rien comprendre !), — « La mise en œuvre a été sous-estimée » (sans blague ?), — « Les critiques sont avant tout politiques » (alors qu’eux… pas du tout, voyons !).

En clair : c’est raté, mais chut, on continue !

Parfois, la Claudine se demande si les “éléments de langage”, ce n’est pas simplement du vent mis en costume-cravate.

Elle a donc rédigé son manifeste officiel : des idées, oui ! Des lanternes, pourquoi pas ! Mais des lanternes qui éclairent de vraies idées. Parce que sinon, à force de s’éclairer à la vessie rhétorique, on va se cogner dans tous les murs… et ici à Montceau, les murs, on les connaît !

 

La Claudine pense que la prochaine fois qu’on lui parlera de « vision », elle se demandera où sont ses lunettes.

 

Gilles Desnoix

 

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Un commentaire sur “La Claudine aime les week-ends, mais parfois le lundi est le bienvenu.”

  1. Partageuse dit :

    Excellent. Et j’ajouterai que certains politiques ont pris l’habitude de détourner complètement le sens des mots pour vous faire gober des lanternes : le meilleur exemple est le mot « liberté » qui aboutit à faire admettre une « vérité alternative »… Lire l’excellent Olivier Mannoni, celui qui a été chargé de traduire Hitler.