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mardi 4 novembre 2025 à 03:31

Chats errants : la stérilisation piétine, les violences s’accroissent

  Focus Saône-et-Loire et bassin minier de Montceau



 

En France, la question des « chats libres » est revenue au cœur des préoccupations : face à une reproduction rapide et à des ressources dispersées, les campagnes de stérilisation peinent à réduire durablement la population féline errante. Chacun dans son coin peut s’en rendre compte et subir les inconvénients de cette situation dont nous sommes tous quelque part responsables faute de prendre réellement les choses en main.

Pendant que des associations locales s’épuisent à colmater les trous, des cas récurrents d’empoisonnements, de tirs et de sévices viennent rappeler l’urgence sanitaire et éthique du sujet. On cite des cas sur Montceau, Sanvignes.

 Sur le terrain, le schéma est récurrent : des volontaires capturent des animaux, financent en partie des opérations vétérinaires, remettent en liberté des colonies stérilisées (méthode TNR : trap/neuter/return) et tentent d’organiser des familles d’accueil pour les chatons. Ces actions montrent des résultats localisés mais restent insuffisantes au regard de l’ampleur du problème, dénoncent les acteurs du secteur.

Le Monde a résumé cette « bataille déséquilibrée » : malgré des lois et quelques financements ponctuels, le maillage manque, tant en moyens vétérinaires qu’en financement pérenne.

 

On peut honnêtement se poser la question : pourquoi ça coince ?

Plusieurs verrous expliquent l’échec partiel des politiques actuelles. D’abord l’échelle : un couple de chats non stérilisés peut donner naissance à des milliers de descendants en quelques années, et la dynamique de reproduction dépasse rapidement ce que peuvent traiter associations et collectivités. Ensuite le coût : stérilisation, identification et soins pèsent financièrement. Tout le monde ne dispose pas des ressources suffisantes. Les subventions nationales, parfois ponctuelles, ne suffisent pas à assurer un plan continu et déployé. Enfin, la logistique : capture, transport, convalescence et relâcher demandent des compétences, des vétérinaires partenaires et des bénévoles formés, qui font souvent défaut hors des grandes villes.

À cela s’ajoutent des facteurs sociaux : l’abandon d’animaux après les vacances, des propriétaires négligents (ils sont légion), et des riverains exaspérés par des nuisances réelles (prolifération, saleté, prédation sur la faune locale) qui, parfois, basculent dans l’illégalité.

Le manque de sanctions effectives et la difficulté à conduire des enquêtes locales favorisent l’impunité lorsque des actes de cruauté sont commis.

 

On peut tout de même souligner les initiatives et bonnes pratiques, tout en constatant qu’elles sont inégales.

Des collectivités ont engagé des campagnes ciblées : conventions avec des vétérinaires, partenariats avec des refuges et cofinancements avec des fondations. Les associations « Écoles du chat » ou des refuges locaux jouent un rôle pivot dans le repérage, la capture, la convalescence et l’adoption. Mais ces initiatives restent souvent ponctuelles, liées à des appels à projets ou à des mécènes, et leur succès dépend fortement de la présence d’un tissu associatif actif. Et ce dernier souvent se sent dépassé, en difficulté d’adaptation. Une grande partie des bénévoles appartient à la catégorie des retraités et des séniors.

 

En Saône-et-Loire, il existe un maillage associatif, la mise en place de campagnes locales… et toujours des violences signalées

Le département de Saône-et-Loire illustre bien ce contraste. À Chalon-sur-Saône et dans les communes voisines, des « écoles du chat » et des associations locales stérilisent des colonies depuis des années, s’appuyant sur des vétérinaires partenaires et des familles d’accueil. Ces réseaux permettent de limiter localement la reproduction et de prendre en charge les chatons, mais ils sont régulièrement débordés, notamment au printemps et en été, saison des naissances. Beaucoup ont envie de baisser les bras devant l’importance de la population à traiter, l’inertie d’une partie des propriétaires ou « détenteurs » de chats, mais aussi face à la montée de la violence dans les réactions.

Parallèlement, des signalements de maltraitance ponctuent les titres locaux : empoisonnements, animaux retrouvés mutilés ou atteints par des plombs, disparitions inexpliquées. La Fondation 30 Millions d’Amis et des associations locales rapportent des vagues d’empoisonnements dans plusieurs communes bourguignonnes, illustrant une réalité inquiétante et diffuse. Ces affaires soulignent l’importance non seulement d’agir sur la stérilisation mais aussi sur la prévention, la détection et la répression des actes criminels contre les animaux.

 

Le bassin minier de Montceau-les-Mines : Il existe une mobilisation municipale mais des cas inquiétants perdurent

Sur le bassin minier (Montceau et villes, Blanzy, Saint-Vallier, Sanvignes), la situation est particulièrement documentée : la pression sociale (logements collectifs, zones industrielles, friches) et la présence historique d’un tissu social fragilisé ont favorisé la prolifération de colonies. Les associations locales « Pattes de Velours », « Les félins sans famille » et d’autres refuges du bassin travaillent en partenariat avec la municipalité.

En 2025, le 21 mars, le conseil municipal de Montceau-les-Mines a voté une convention tripartite pour mener des campagnes d’identification et de stérilisation sur 2025-2026, avec le soutien de la Fondation 30 Millions d’Amis et de cliniques vétérinaires locales. Des subventions ont été versées aux acteurs locaux comme lassociation Pattes de velours souhaitant mettre en place un site internet. Cet outil permettra de référencer les chats qui seront proposés à l’adoption. L’association Les Félins sans famille œuvre aussi activement sur le territoire communal pour la protection et le soin des chats errants au travers d’actions contribuant à la régulation de la population féline, à la prévention des nuisances et à l’amélioration du bien-être animal au sein de la ville. Le conseil municipal a voté une subvention exceptionnelle de 400 € pour couvrir une partie des frais des soins vétérinaires engagés pour les chats errants de la commune.

Pour autant, les violences envers les chats restent un motif d’alerte sur le bassin minier : la presse locale a documenté plusieurs cas d’empoisonnements et d’animaux retrouvés blessés par des plombs ou disparus dans des circonstances suspectes. Ces faits alimentent la peur des habitants et accentuent le sentiment d’urgence qui a poussé la municipalité et les associations à s’organiser. Mais ils montrent aussi que la stérilisation seule ne suffit pas : il faut des dispositifs complémentaires, prévention, information, surveillance et sanctions, pour protéger les animaux.

 

Face à ces constats et interrogations, la question finale reste : que faire ? Quelles pistes pressantes suivre ?

Les acteurs identifient plusieurs leviers concrets : transformer les aides ponctuelles en programme national pluriannuel, renforcer les dispositifs mobiles vétérinaires pour les zones sous-dotées, généraliser la stérilisation et l’identification des chats domestiques pour casser la chaîne d’abandon, et renforcer la détection et la répression des violences animales. Enfin, des campagnes d’information locale sont essentielles pour expliquer le TNR, diminuer la stigmatisation des colonies et mobiliser les riverains.

Blanzy présente un engagement concret, avec convention, infrastructure (cabane/chalet), stérilisation et identification, en partenariat associatif.

Sanvignes est bien concernée par les campagnes de stérilisation/nourrissage via Pattes de Velours, et le contexte de violences y est aussi signalé. En 2022, à Sanvignes, la presse signale que « les chats SDF ont désormais un toit et à manger » : l’association Pattes de Velours avait installé une cantine à nourriture et des petites maisons en bois sur le territoire, pour des chats errants.

Saint-Vallier est particulièrement engagée dans la convention et dispose d’un nombre de « points de nourrissage » recensés, ce qui suggère une action structurée.

 

La réussite d’une politique durable nécessite un mix : moyens financiers stables, réseau vétérinaire élargi, implication municipale et action judiciaire contre les auteurs de violences. Les initiatives locales, comme celles observées en Saône-et-Loire et à Montceau, montrent que des progrès sont possibles lorsqu’on articule collectivités et associations. Mais sans une stratégie nationale coordonnée et des moyens pérennes, la France continuera d’osciller entre « opérations de secours » et épisodes dramatiques d’empoisonnement ou de cruauté.

Les bénévoles, qui se dévouent inlassablement et souvent sur leurs deniers sur le terrain, méritent bien que l’on s’intéresse de plus près au sujet et que l’on apporte des solutions plus pérennes et plus importantes.

 

Gilles Desnoix

 

Sources : Le Monde.fr, 30 Millions d’Amis, Info-Chalon.com, Charolais News, Montceau-news.

 

 

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