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lundi 10 novembre 2025 à 04:39

La Claudine aime les week-ends, mais parfois le lundi est le bienvenu.

  7 novembre 2025 : le jour à partir duquel les femmes commencent à travailler “gratuitement”



 

Il existe des tonnes de calendriers, pour tout et pour rien, des centaines de journées mondiales de… Et pourtant il existe une date dans le calendrier dont on parle trop peu : celle où, symboliquement, les femmes cessent d’être rémunérées autant que les hommes.

On parle beaucoup plus du jour du dépassement, qui a eu lieu cette année le 24 juillet. Vous savez, le jour où l’humanité a déjà consommé toutes les ressources de la Terre. Mais l’on parle peu de ce 7 novembre, pour 2025 : le jour où les femmes commencent à travailler “gratuitement” par rapport aux revenus des hommes.

Ce jour-là n’est pas une grève, ni une décision individuelle. C’est le résultat d’un calcul basé sur un écart salarial national persistant.

 

D’où vient cette date ? Comment est-elle calculée ?

Au début, la Claudine pensait qu’il s’agissait encore d’un de ces gadgets des réseaux sociaux, après y avoir fourré son nez, elle en a vite compris l’intérêt et la pertinence.

Ce “jour symbolique” repose sur un calcul simple et reconnu : On prend l’écart de salaire moyen entre les femmes et les hommes, tous contrats confondus (temps plein + temps partiel). En France, cet écart se situe autour de 15 % à 16 % selon les données officielles récentes (INSEE, DARES, Eurostat). Cet écart est ensuite reporté sur le calendrier annuel, soit 365 jours. 15 % d’une année = environ 55 jours de travail non rémunérés à valeur égale. 365 jours moins 55 jours = autour du 7 ou 8 novembre.

Ce calcul n’affirme pas que les femmes ne sont plus payées à partir de cette date, mais qu’elles ne le sont pas au même niveau que les hommes pour un travail équivalent, sur l’ensemble de l’année.

 

Pour la Claudine, c’est le symbole qui compte, qui démontre et surtout qui démonte les grandes théories économiques et sociales ambiantes : l’écart salarial est une réalité mesurée et certifiée.

Les chiffres ne viennent pas d’opinions ou d’estimations militantes, mais d’organismes publics comme :

– l’INSEE qui établit qu’il existe un écart d’environ 15,4 % entre les salaires hommes/femmes, tous contrats confondus,

– Eurostat qui calcule qu’il persiste un écart persistant en France supérieur à la moyenne de l’Union européenne,

– la DARES (ministère du Travail) qui précise que les femmes sont majoritaires dans les bas salaires et les temps partiels subis.

 

Ce que constate la Claudine en lisant les études et statistiques, c’est que les chiffres produits et mis en avant cachent un certain nombre de réalités que l’on met moins en lumière :

– Les femmes dépassent les hommes en niveau de diplôme, mais pas en salaire,

– Elles sont moins nombreuses aux postes de direction,

– Leurs carrières sont plus souvent interrompues ou ralenties par la maternité,

– Elles assurent davantage de tâches familiales non rémunérées, ce qui influence leur vie professionnelle.

La Claudine l’entend bien : « ce sont des choses ressassées ! Et pourquoi est-ce que ça ne change pas ? Pourquoi l’écart ne diminue pas plus vite ? »

 

Il existe 3 causes principales au fait que les choses ne progressent pas réellement :

– Le temps partiel subi principalement par le salariat féminin. Près de 80 % des emplois à temps partiel sont occupés par des femmes (commerce, aide à la personne, santé, éducation…). Beaucoup aimeraient travailler davantage, mais n’en ont pas la possibilité.

– Les métiers féminisés sont moins payés dans les secteurs essentiels comme le soin, l’accompagnement, l’aide à domicile, l’éducation, la petite enfance…

Métiers qui sont majoritairement féminins et moins valorisés financièrement que d’autres domaines. Et lorsqu’il s’agit de métiers où les deux sexes occupent des places d’encadrement ou de direction, même à égalité ou supériorité de diplômes ou de compétences, les salaires sont souvent moins élevés.

– La parentalité impacte encore surtout les femmes.   Même aujourd’hui, ce sont encore majoritairement elles qui réduisent leur temps de travail après une naissance, ajustent leurs horaires, prennent les congés parentaux, gèrent les rendez-vous médicaux, organisent l’intendance familiale.

Ce “travail invisible” ne figure sur aucune fiche de paye, mais il pèse lourd dans les inégalités salariales.

 

Ce jour symbolique sert à rendre visible une injustice difficile à percevoir au quotidien, à transformer un pourcentage abstrait en un message concret, à rappeler que l’égalité salariale n’est toujours pas atteinte, à ouvrir le débat dans les foyers, les entreprises, les institutions, les territoires.

 

Et ici, à Montceau et dans le bassin minier ?

Notre territoire n’est pas isolé de cette réalité, il existe aussi des secteurs très féminisés (commerce, soins, aide à la personne), des emplois souvent fragmentés ou à temps partiel, des femmes fortement impliquées dans le tissu social, associatif et familial.

La Claudine le constate chaque jour sur le terrain : il existe aussi un engagement local important pour l’accompagnement, mais encore trop peu de solutions sur l’égalité professionnelle elle-même. Elle n’en doute pas une seule seconde, les progrès viendront aussi d’ici : des employeurs, des collectivités, des associations, des familles, des jeunes générations. Le Bassin minier a toujours été une terre de lutte et de progrès social : bon sang ne saurait mentir.

 

Mais faut-il encore attendre 2050 pour l’égalité ?

Cela navre la Claudine, mais c’est ce qu’estiment certains rapports au rythme actuel de progression. Elle sait, elle, que l’histoire prouve qu’un changement réel s’accélère quand la société s’en empare collectivement.

Chacun, chacune, sait que l’égalité salariale n’est pas un “détail administratif”. Cela signifie plus d’autonomie financière, moins de précarité pour les mères isolées, de meilleures retraites pour les femmes, un modèle social plus juste pour les enfants qui grandissent aujourd’hui.

 

Donc ce 7 novembre 2025 la Claudine n’a pas applaudi ou hué une date injuste,
mais elle a décidé de rappeler qu’elle ne devrait pas exister.

 

Pour la Claudine : l’égalité ne doit pas être un symbole un jour par an, mais une réalité tous les jours.

 

Gilles Desnoix

 

 

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