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dimanche 21 octobre 2012 à 08:17

Un jeune Montcellien qui exerce un métier rare

Julien Bourgeois, un scaphandrier heureux.



 

 

Julien Bourgeois, scaphandrier heureux.

 

 

Un indéniable parfum d’aventures s’attache à chacun de ses pas laborieux sur le fond. Casque à hublot  incontournable et sourire épanoui, il n’a pas, comme Tintin, découvert l’épave de la Licorne, ni le trésor de Rackham le Rouge et pourtant…

 

 

Julien Bourgeois est un jeune homme de 31 ans, bien dans ses baskets, ou plutôt dans ses palmes, puisqu’il exerce la profession de scaphandrier ou plongeur TP (travaux publics). Un métier qui fait rêver et qui fait défiler devant nos yeux des images idylliques de fonds marins et de coraux, de baleines joueuses, mais aussi de requins plus ou moins sympas. Lagons bleus, plage de sable blanc et cocotiers, le décor est planté. Sauf que la réalité n’est pas tout à fait celle-ci.

 

 

 

 

Le jeune montcellien a débuté ses études en préparant un bac STI en génie mécanique au lycée Parriat. Puis, en 2000,  il passe les tests afin d’intégrer la Marine Nationale. Le 15 janvier 2001, Julien part 4 mois à l’Ecole de maistrance de Brest. Cette dernière est implantée au centre d’instruction naval qui surplombe la base navale et la rade de Brest. Une école prestigieuse puisqu’elle forme depuis 1988 des officiers mariniers capables d’encadrer des équipes de travail ou d’opérateurs. A noter que cette école recrute chaque année environ 800 élèves. A l’issue de cette formation, il rejoint pour 6 mois l’école des apprentis-mécaniciens de Saint-Mandrier à Toulon.

 

Puis Julien embarque successivement sur le bateau-école Jaguar, sur l’Aviso Commandant Blaison (qui est spécialisé dans la lutte anti-sous-marine côtière), sur le TCD (transport de chalands de débarquement) Ouragan,  un ancien navire de la marine nationale française. Et pour finir, sur un CDIC (chaland de débarquement d’infanterie et de chars)  « Le Rapière »,  barge de débarquement utilisé par la marine nationale. Le jeune marin, qui s’était engagé pour 10 ans, décide soudain de « casser » son contrat, ayant une bonne raison à cela. Il vient en effet de décider de se reconvertir et d’échapper ainsi à la monotonie du métier. C’est sûr : il veut devenir scaphandrier.

 

 

 

 

 

Et c’est ainsi que le garçon rejoint l’Institut National de Plongée Professionnelle (INPP) de Marseille. Huit semaines de stage en classe II (qui permet de rester 4 heures maximum dans l’eau à une profondeur de 60 m), mention A (travaux sous-marins)  pour un coût de…12 130 euros. Mais Julien a touché de l’argent de la Marine et se débrouille pour le reste. Au diable l’avarice ! Il met à profit le célèbre dicton « A cœur vaillant, rien d’impossible ». Et dans la foulée, il s’initie au BOSIET, un  programme qui s’adresse aux personnels embarqués sur des unités mobiles offshore (Plateformes pétrolières, F.P.S.O, barges…) pour une activité professionnelle de plus de 3 jours. Julien travaillera ensuite une année en travaux publics plongée avant de se retrouver au Gabon en 2008 sur une plateforme pétrolière.

 

Il y restera un an puis part à Saint-Louis, au Sénégal, où il contribue à restaurer le pont Faidherbe, patrimoine de l’UNESCO (conçu par Gustave Eiffel pour franchir le Danube et qui a été expédié par erreur à Saint-Louis en 1897). Un pont qui provoque un trait d’humour de la part des Sénégalais avec cette question : « Pourquoi ce pont est le plus léger du monde ? » et la réponse : « Parce qu’il est fait d’herbe ! ».

 

 


    

Mais l’aventure ne fait que commencer pour le futur scaphandrier. Car il travaille ensuite en Angola sur une plateforme pétrolière puis en Libye pour un chantier d’alimentation en eau d’une centrale électrique. Enfin, ce sera le Gabon et le Cameroun où le montcellien de souche travaille pour Perenco, une compagnie pétrolière indépendante franco-britannique et ce, par le biais d’une autre société : Naurex.

Désirant gravir les échelons, Julien Bourgeois suit à cette époque une formation « Dive Médic »  Des exercices sur l’apprentissage de l’utilisation d’un Défibrillateur Externe Automatisé (DEA) et l’utilisation du matériel d’oxygénothérapie lui sont dispensés. Afin d’y apprendre les gestes qui sauvent…et tout acquérant une certification Cofrend (technique TOFD). Cette technique est utilisée pour le contrôle d’acier au carbone faiblement allié (contrôle des soudures par exemple).

 

 

 

 

Nous voici début 2012. Julien souhaite ne plus avoir de limite en matière de plongée. Il veut pouvoir descendre à plus de 60 m de profondeur. Mais pour cela, il doit passer de classe II A à classe III A (plongées dites à saturation). Ce qui sera fait en temps et en heure pour le courageux jeune homme.

 

Mais si le métier fait rêver, Julien apporte un bémol à cela. En riant, il précise que le métier est difficile, qu’il requiert beaucoup d’endurance, une bonne connaissance de soi, un minimum de bonne condition physique et un tempérament pour le moins nomade. Quant aux lieux où il intervient, jugez-en plutôt : ce peut être dans des égouts,  des cuves de lait, de bière, d’huile ou de…moutarde ! Autrement, Julien travaille sur des ponts, des barrages mais tout cela n’est rien. En effet, il intervient aussi en milieux hostiles telles les centrales d’épuration ou les piscines nucléaires. Brrrr !!!! Cela fait froid dans le dos…Et la plupart du temps, si le scaphandrier voit ses mains dans les eaux troubles, il a de la chance !

 

 

Et quand il se retrouve sur les plateformes pétrolières, le scaphandrier sait qu’il va se  retrouver très certainement avec les mêmes co-équipiers. « Surtout en Afrique » sourit le jeune homme. Des équipes (des belges, des hollandais, des philippins…) qui sont composées de 7 plongeurs et d’un superviseur et qui sont soudées comme les doigts de la main. Et si l’on demande au professionnel qu’il est devenu, s’il a quelquefois peur  dans l’exercice de son travail, il rit et déclare « Depuis 2007, j’ai acquis beaucoup d’expérience et je n’ai plus aucune appréhension. Je ne veux pas penser que je fais un métier dangereux et qu’on n’est jamais sûr d’en sortir indemne, car si c’était le cas, il faudrait que j’arrête tout de suite ! ».

 

Ce qu’il apprécie ? Jamais de train-train, les voyages et la cadence. En effet, Julien travaille 6 semaines au rythme de 12 h par jour et 7 jours sur 7. Il est ensuite en repos six semaines, puis reprend le même cycle. Le montcellien précise qu’il existe environ 600 scaphandriers professionnels en France et entre 200 et 300 à l’étranger. Un travail où il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus et où il faut savoir « faire son trou ». D’ailleurs, Julien est trop modeste pour le dire, mais s’il est mandaté pour de nombreuses missions, c’est que son professionnalisme est maintenant connu des employeurs.

 

 

 

Au fait, quelle est la tenue du plongeur ? Pour les classes 1 et 2, le matériel utilisé est relativement classique, combinaison étanche, masque facial ou casque alimenté à partir de la surface par un système de narguilé, système de téléphonie intégré dans le facial ou le casque. Le choix du matériel est bien sûr défini par le type de travail.

Pour les plongeurs offshore (classes 2 et 3) qui plongent à 200 ou 300 m, L’équipement est composé d’une combinaison étanche éventuellement chauffée, d’un casque avec système de communication, d’un narguilé pour l’alimentation en gaz respiratoire, et d’un biberon de secours avec du gaz respiratoire.  A noter que les mélanges respiratoires utilisés sont de plus en plus complexes. En effet,  l’hélium et l’hydrogène interviennent de plus en plus dans la composition des mélanges.

 

 

 

Julien précise quant à lui, que lorsqu’il est dans une eau à 32 °, il porte une combinaison qui lui permet de sentir la douceur de l’eau. « Et c’est très agréable » livre-t-il en souriant.

Côté salaire, le jeune homme annonce la somme de 335 euros par jour pour un plongeur de base, à l’étranger. Mais attention, précise-t-il, si cela peux paraitre énorme, il faut savoir que lorsque nous sommes en repos, nous n’avons bien sûr pas de salaire, pas de couverture sociale et surtout, pas de retraite !

 

 

Et malgré qu’un scaphandrier se doive d’être libre comme l’air en raison de ses nombreux déplacements, Julien a dérogé à la règle. En 2008, au Gabon (il restait quelquefois sur place entre deux missions), il a rencontré Kelly, une jeune gabonaise maman d’un petit Enzo de 5 ans. Au terme de quatre ans d’amour, ils se sont mariés le 4 août dernier à la mairie de Montceau et vivent des jours heureux dans notre ville. Seul bémol : Kelly craint le froid de notre pays mais s’y plait bien quand même. En fait, elle patiente car la famille a un projet : s’installer l’année prochaine en Afrique du Sud. Et puis, Julien va s’atteler à l’apprentissage de la langue anglaise, indispensable dans son métier.

 

A ce jour, le jeune marié s’apprête à repartir en mission, dès la fin du mois. Mais il se console en pensant qu’il va pouvoir à nouveau admirer les requins bouledogues (pas dangereux selon le plongeur), les requins baleines, les tortues, les dauphins et les poissons exotiques. Eh oui ! cela arrive quand même quelquefois. Et puis, comme le scaphandrier le dit : « rien n’est pareil à chaque plongée, ni le courant, ni la lumière… ».  Bref, Julien le scaphandrier est heureux et ça se voit….

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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7 commentaires sur “Un jeune Montcellien qui exerce un métier rare”

  1. reponsarien dit :

    CHAPEAU BAS MONSIEUR !
    BELLE LECON DE PERSEVERANCE, DE LUCIDITE ET DE PASSION !

  2. cocotte 71 dit :

    Merci Montceau News pour ce beau reportage, nous faire découvrir le métier de scaphandrier en image est passionnant. bravo Julien, je vous souhaite pleins de bonheur à venir dans votre vie professionnelle et privée.

  3. Daniel Z dit :

    Magnifique reportage, Montceau News !
    Félicitations et grand merci à Julien pour toutes ces informations et ces photos.
    Amitiés

  4. chalara dit :

    Joli article Jules, nous sommes très fiere de toi!! tes potes, Raph, laeti et Charlie!

  5. montcellien dit :

    Chapeau jeune homme , il en faudrait beaucoup comme vous …

  6. gus71 dit :

    bravo JULIEN ! contents d’avoir de tes nouvelles et de voir que tu as réussi ta vie. amitiés de toute la famille GUS (en souvenir de vacances de ski passées à AURIS)

  7. guga71300 dit :

    Bien mon juju, t un champion champion. t notre fierté de montceau mon couz. gros bisou

    alex