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dimanche 13 août 2017 à 06:32

La vie peu commune de Guy Mezery (Blanzy)

Episode 5



 

 

 

 

 

Rappel de l’épisode précédent

 

« La » rencontre

 

Noël arrivait, le « bébé » était en cours de fabrication et Guy et Christine se préparaient à passer le réveillon dans un restaurant du coin, juste pour ne pas être seuls en ce soir de Noël.

 

Les enfants étaient en vacances pour une semaine chez l’autre parent et l’occasion était belle de se retrouver en amoureux, autour d’une bonne table.

Mais ce que l’épouse de Guy ne lui avait pas dit, c’est qu’elle avait retrouvé…sa mère ! Et elle lui proposait, comme cadeau de Noël, de « monter » à Paris pour la rencontrer. A la fois heureux et angoissé, mais aussi agacé par le fait que ce soit elle qui avait réussi ce tour de force, l’envie fut grande de lui dire de s’occuper de ses affaires ! Mais Guy était disons…un tantinet curieux !

 

 

 

Enfin, il allait rencontrer cette fameuse mère qui l’avait tranquillement abandonné tout minot. Et c’est dans la Deuche que, le dernier week-end où le couple n’avait pas les enfants, juste avant Noël, que les voilà partis pour se rendre dans un café à Clignancourt.

 

 

 

Une mère différente des rêves de Guy

 

 

 

Aussitôt franchi le seuil du bistrot « Chez Adrien », Guy et son épouse Christine s’installent à une table et attendent qu’on vienne les servir. Et soudain, une femme apparait par la porte battante qui séparait les cuisines de la salle du café.

 

 

 

« Ma mère ! J’étais devant ma mère » pensa Guy, soudain terrassé par l’émotion. Il dira plus tard qu’aucun doute n’était permis : celle-ci était le portrait craché de son frère ! Il constate que cette femme était très loin de l’idée qu’il s’en faisait, dans ses souvenirs d’enfant.

 

 

 

Il l’avait imaginée grande, belle et élégante. La femme qui se tenait devant lui mesurait un mètre cinquante-cinq et sa robe à manches courtes contenait à grand-peine une forte poitrine et des bras boudinés. Par contre, Guy lui reconnait une très belle chevelure noire et d’éclatantes dents blanches, parfaitement alignées.

Et curieusement, Guy fait le parallèle en l’imaginant jeune. « Elle ressemblait à mon amie : même corpulence, même chevelure, même sourire ravageur » constate-t-il immédiatement. Anxieux, l’homme se demande ce qu’il va se passer, maintenant qu’ils sont face-à-face. Ce fut un suspense qui créa la panique dans la tête de Guy. Un séisme même !

 

 

 

Pour rien…Car rien ne se passa. Ce qui aurait dû être le moment le plus important de son existence n’a pas eu lieu ! « Ma re-naissance n’a pas eu lieu ! » s’est désolé celui qui espérait que la femme qui l’avait mis au monde fasse preuve d’un tant soit peu de reconnaissance. A défaut d’amour…

 

 

Et on reste confondu devant autant d’indifférence : la femme leur a proposé le…menu, pris leur commande, avant de retourner en cuisine. Considéré comme un simple client. De quoi être estomaqué, déçu, dépité !

 

 

Du coup, seule Christine a parlé, tandis qu’il se murait dans un mutisme compréhensible.

 

 

 

Un vide sidéral

 

 

 

Vide. Complètement vide de l’intérieur. Pourquoi s’être lancé dans cette rencontre qui ne lui apportait que de nouvelles déceptions ? Guy, finalement, était bien dans sa vie, était heureux et il se demandait pourquoi il avait chamboulé l’ordre établi.

 

 

 

Et ce n’est pas en grignotant quelques cacahuètes en sirotant son porto, que le courage vint à Guy, pour se présenter à sa mère. Du coup, l’ambiance était devenue pesante entre lui et Christine et l’appétit ne fut pas vraiment au rendez-vous.

 

 

 

Puis, lorsque l’instigatrice de cette rencontre revint des lavabos, avec à ses côtés Andrée-Marie, la mère de Guy, Christine lui annonça : « Je lui ai dit qui tu étais ! ».

Et là, miracle ! La main d’Andrée-Marie s’est posée sur celle de Guy. « Une grosse main chaleureuse, charnue, solide…de vraies mains de travailleuse » remarqua celui-ci. Le retour en arrière était devenu impossible ! Le contact avait été établi, mais Guy restait amorphe…

 

 

La douche froide

 

 

Les premiers mots d’Andrée Marie à son fils retrouvé furent prononcés tellement bas, qu’ils en étaient presque inaudibles. Mais ceux-ci firent l’effet d’une douche froide à celui qui espérait tant de ces retrouvailles. « J’attendais ce moment depuis longtemps ! » dira Andrée-Marie à un Guy sidéré.

 

 

« Elle attendait ? Mais elle attendait quoi ? » s’étrangla Guy en lui-même. Est-ce à l’enfant abandonné de rechercher sa mère ? Qu’avait-elle fait pour le retrouver durant toutes ces années ? « Rien, sinon oublier qu’elle avait mis au monde et abandonné trois innocents… » se désola l’ancien pupille.

 

 

 

Pardon…un petit mot qui n’est jamais venu

 

 

 

 « J’attendais ce moment depuis longtemps… » Et lui donc ! En fait, Guy n’attendait pas grand-chose de sa mère. Juste un petit mot pour passer l’éponge et tout reprendre à zéro : « Pardon… ». Etait-ce si difficile à prononcer ? Andrée Marie a été incapable de le prononcer. « Pire, dira l’homme, elle n’en a même pas ressenti la nécessité ! ». Ajoutant : « Elle se posait en victime, alors qu’elle était coupable ! ».

 

 

Rappelée à l’ordre par un homme derrière le comptoir qui lui enjoignait de servir les autres clients, Andrée Marie revint avec celui qu’elle présenta comme son ami. « Venez donc réveillonner à la maison pour Noël ! » les invita-t-il très naturellement.

 

 

Maman

 

 

 

Premier réveillon de Guy et Christine, à Maisons-Alfort, chez Andrée Marie. « Maman » avait mis les petits plats dans les grands » se souvient Guy. Par contre, Dédé, le compagnon de celle-ci tombe de sa chaise en apprenant que celle qui était sa compagne depuis quinze ans, avait non pas un, mais trois enfants.

 

 

De son côté, Béatrice, la sœur de Guy, avait entamé la même démarche pour retrouver leur mère. Pourtant, elle ne la rencontrera qu’en février 1978 et n’aura pas l’honneur de connaitre Dédé, qui avait mis les voiles tout de suite après le fameux réveillon de Noël. Ben oui ! Cacher trois enfants sans jamais se trahir, ça reste en travers de la gorge…Non ?

 

 

Quant à Alain, le frère de Guy et de Béatrice, il déclara que pour lui, sa mère n’existait pas…

 

 

Retour à la maison pour Guy et Christine, qui se sont attelés avec ferveur à la finalisation de leur « bébé », le manuel pratique de l’affuteur…

 

 

A suivre…

 

 

ND

 

 

 

 

 






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