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lundi 30 mars 2020 à 07:03

Michelin au ralenti à Montceau-les-Mines depuis le début de la crise sanitaire

Le syndicat Sud demande la fermeture totale du site





Ce dimanche, le syndicat Sud Michelin Blanzy assurait une conférence de presse pour faire un point sur la situation dans l’entreprise.

Et c’est en présence de Jean-Alexis Dionnet, délégué syndical SUD, secrétaire du CSE Michelin, secrétaire de la CSSCT, membre du comité central et de la commission centrale SSCT ; de Christine Grémy, suppléante SUD au CSE, membre de la commission sécurité et de Cédric Ravier, titulaire SUD au CSE concerné par une potentielle reprise et personne dite vulnérable suite à des problèmes de santé intrafamiliaux que la conférence de presse s’est tenue.

Retour sur les quinze derniers jours

Le syndicat rappelle le contexte dans lequel le 15 mars dernier, les salariés de Michelin apprenaient la décision du groupe de fermer toutes ses usines en Espagne, en Italie et en France.

Et de préciser : « Le 16 mars, l’épidémie de Covid-19 sévit depuis quasi un mois en France en faisant, même si c’est déjà trop, moins de 150 morts. La direction clermontoise convoque un comité central extraordinaire confirmant les propos de Ouest-France à une différence près. Elle annonce que les sites de Bourges et de Montceau tourneront au ralenti tant que cela sera possible. Montceau étant le fournisseur de l’opération Barkane au Mali, une vingtaine de salariés, continueront de travailler. Michelin évoque une possible réquisition. Nous sommes surpris du peu de stock pour l’armée française mais aussi d’entendre parler de réquisition car en aucun cas, les salariés Michelin n’ont un contrat où il est spécifié qu’ils peuvent être réquisitionnés lors d’une crise sanitaire. Le confinement français est dans les tuyaux mais n’est pas effectif pour le moment. »

SUD s’est alors rapproché de la sous-préfecture et de l’inspection du travail. La première a répondu rapidement alors que la seconde n’a à ce jour toujours pas répondu aux demandes du syndicat. Aussi le syndicat Sud s’appuie sur les retours d’autres collègues de Bourges qui leur transmettent régulièrement les échanges qu’ils ont avec leur inspection du travail, notamment sur la question cruciale du droit de retrait.

Les conditions de travail scrutées à la loupe par le syndicat

Pendant les 2 semaines de fermeture partielle, SUD est venu régulièrement sur le site de Montceau-les-Mines, voir les conditions de travail des salariés. Parallèlement, plus d’une centaine d’heures de réunion se sont déroulées en visio et au téléphone avec soit la direction clermontoise soit avec la direction du site. Les lois changeant quasi quotidiennement, une des priorités était de connaître la rémunération que les salariés placés chez eux allaient avoir. Aujourd’hui encore, personne ne sait vraiment puisque dès demain, Michelin ouvrira en central une négociation d’après le syndicat Sud.

Dès l’annonce de fermeture du site, SUD a posé plusieurs revendications « tout à fait légitimes et faisables » selon celui-ci : le maintien des salaires à 100% qui au vu des bénéfices 2019 de l’entreprise n’était pas un effort insurmontable. Michelin refuse, le groupe propose un complément du chômage partiel d’un peu moins de 8% net. Autre demande de SUD : le gel des dividendes versés aux actionnaires, autre refus. Aujourd’hui, l’État pourrait contraindre Michelin à suivre cette deuxième revendication.

 

Des protections pour les salariés ou pour le personnel soignant

Toujours pendant cette période, le syndicat indique avoir demandé à de multiples reprises que soit offert à l’hôpital de Montceau ou du Creusot, le stock de gel hydroalcoolique et de masques, puisque selon le syndicat quasi aucun agent ne portait ses protections. Seul le personnel des expéditions et le poste de garde en était équipé.

« Il a fallu le commentaire d’un élu SUD sur la vidéo du président Ménégaux pour que les premiers masques apparaissent dans les ateliers, le 26 mars, soit 10 jours après la soi-disant fermeture. L’entreprise de son côté, nous a affirmé avoir fait des dons mais sans faire de communication dessus. Aujourd’hui, on sait qu’en France, Michelin vient de recevoir 230 000 masques. SUD a demandé que ces masques soient envoyés à ceux qui sont actuellement en pénurie et qui sauvent des vies. » a précisé le syndicat.

Une reprise de l’activité chez Michelin ?

C’est aussi ce qu’a évoqué le syndicat qui s’appuie pour cela sur les fuites d’informations chez notre confrère Ouest-France, jeudi dernier. Michelin y annoncerait qu’il veut reprendre la production.

D’ailleurs vendredi dernier, un comité central a duré 8 heures de temps, la direction consultant les instances représentatives sur les modalités de réouverture. « Il faut savoir qu’en France, toute modification passe par une consultation. Le mot est bien choisi car effectivement l’entreprise demande l’avis des représentants mais rien ne la contraint à le respecter. La seule arme des syndicats dans ce genre de situation est de ne pas rendre d’avis car ils n’ont pas assez d’éléments. Lors de ce comité central, le délégué syndical central SUD a réussi à imposer le point de vue de SUD, ne pas rendre d’avis tant que la direction ne présentait pas de garantie. Plusieurs organisations telle la CGT, FO ou la CFDT voulaient rendre un avis négatif. Mais rien que le fait d’exprimer cet avis permettait à Michelin de lancer la machine. Finalement, toutes les organisations syndicales se rassemblent derrière SUD et informent la direction qu’elles ne sont pas en possibilité de rendre un avis. Elles détaillent une liste d’informations et de garanties qu’elles souhaitent avoir. » explique le syndicat Sud.

 

Un protocole de sécurité dans les usines qui rouvriront

La direction de Michelin est revenue en milieu d’après-midi vendredi avec un protocole de sécurité qui sera mis en place dans toutes les usines qui travailleront.

« L’impression qui règne est vraiment que Michelin gère tout dans la précipitation. Pourquoi ce protocole n’a-t-il pas été présenté aux élus puisqu’il existait ? A se demander, s’il ne vient pas d’être rédigé à la demande des élus. Pour la première fois, il est enfin écrit que l’entreprise s’engage à fournir du gel aux salariés, des masques, à mettre en place une distanciation des personnes, une séparation des flux de personnel notamment au changement de poste, la désinfection des locaux et autres, tout ce que les organisations syndicales demandaient depuis le début. » explique le syndicat Sud.

 

Le document mis à disposition par le syndicat montre des mesures drastiques : prise de température des salariés, mise à disposition de masques (selon la distance entre les salariés) et de gel hydroalcoolique, limitation du nombre de salariés sur le site suivant les besoins de l’entreprise et pour respecter les mesures de distanciation sociale, organisation des flux de salariés, de leurs arrivées et départs sur le site. Des indications spécifiques ont été données pour l’usage des locaux communs (toilettes, salles de pause, douches etc.)

Une décision de reprise pointée du doigt par le syndicat

Le syndicat Sud réitère à l’entreprise que sa décision de réouverture va à l’encontre des recommandations médicales et du fameux « restez chez vous ». Le syndicat ne peut pas cautionner qu’un salarié se mette ou mette sa famille en danger surtout lorsqu’on apprend la mort d’une adolescente de 16 ans sans antécédents. Le syndicat indique que « grâce à son intervention au comité central », il a obtenu la garantie que le simple fait à un agent de déclarer sa peur de venir travailler lui permettra de rester chez lui, au chômage partiel, tout le temps du confinement et ce sans risque de pression ou de sanction de la part de sa hiérarchie.

Aujourd’hui, on parle de 10% du personnel présent sur le site blanzynois, soit une grosse centaine de personnes sur les 1200 habituelles. Malgré ces nombreuses garanties, le syndicat souligne des manquements dans l’application des règles sanitaires de la part de certains responsables. « Ils prennent des initiatives contraires aux garanties obtenues par les organisations syndicales. Il a encore fallu l’intervention de SUD, une partie du week-end, pour éviter que lundi matin des salariés viennent travailler sans aucune formation. » a précisé le syndicat.

Le syndicat s’interroge sur la pertinence et l’éthique de la reprise du travail chez Michelin : « En plein début du pic épidémiologique, SUD ne peut que s’indigner que Michelin fasse passer le business avant la morale. Comment ne pas trouver immoral qu’un salarié risque 135€ en allant faire du vélo avec ses enfants ou en allant à la pêche, et que ce même salarié puisse se rendre à son travail avec les risques que l’on connaît. »

Le syndicat se veut le garant de la protection des salariés dans le contexte épidémiologique actuel. « Aucun pneu « barkane » ne remplacera la vie d’un salarié. Aucune preuve n’est apportée ni de Michelin, ni de l’État sur la nécessité de produire. Pour ces raisons, SUD ne peut que réitérer sa demande de fermeture totale du site pendant les 3 prochaines semaines, le temps que l’effet du confinement se fasse ressentir, de compléter à 100% les salaires des personnes placées au chômage partiel. »

Dès ce lundi donc, l’usine Michelin ouvrira potentiellement ses portes suivant ses besoins, des besoins qui suivraient d’abord une nécessité militaire. Cette réouverture pose la question de l’adaptation du site sanitaire du moment. Les décisions prises et présentées par le groupe suffiront-elles à rassurer les salariés ?

 

 



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8 commentaires sur “Michelin au ralenti à Montceau-les-Mines depuis le début de la crise sanitaire”

  1. Realiste dit :

    Avec le Covid 19, 2 options :

    1 – S’ engager à fond comme les infirmières et les médecins

    ou

    2 – Se retirer en vitesse comme la CGT et SUD

  2. GG dit :

    Super commentaire de « Réaliste » après avoir écrit cette réflexion
    j’espère qu’il est sorti prendre l’air pour oxygéner son cerveau…
    C’est vrai que comparé le travail indispensable d’une infirmière pour sauver la population et fabriquer des pneus est très judicieux.
    Je signale également qu’il y a des infirmiers et infirmières syndiqués
    à la CGT ou Sud.

  3. coincoindu71 dit :

    Comment font TOUTES les personnes qui travaillent actuellement volontairement ou contraint par leurs professions ? je pense qu’elles prennent sur elles alors prenez exemple et en plus vous avez le culot de demander l’intégralité de votre salaire en étant au chômage alors que bon nombres d’employés vont perdre une partie de leur salaire voir pire. Alors messieurs de SUD par solidarité faites comme tout ces travailleurs allez au boulot pour limiter les dégâts

  4. DIONNET dit :

    Sacré coincoindu71, à mon avis toi, tu n’as pas compris le #restezchezvous. Rester confiné, c’est dur comme mots à comprendre! Alors effectivement, il y en a qui sont obligé d’aller travailler et nous pensons à elles. Mais si on allait tous bosser pour faire comme eux, on friserai l’hécatombe. Remarque c’est peut-être ta vision pour diminuer le chômage et régler le problème des retraites, pas la notre. Quand au salaire, c’est sur qu’un ouvrier peut se permettre de perdre 15% de son salaire, après si des gens comme toi, qui prône le refus du confinement, veulent donner 15% de leur salaires pour les aider pourquoi pas. A Michelin, il y a des divorcés, des personnes seules, des familles nombreuses qui pour certains commencent déjà le mois dans le rouge. Alors si tu penses être grassement payé au point d’être prêt à perdre 15%, pensez à eux. Dernière chose, j’espère que tu fais partie des rares personnes qui ne cotoie pas un Bib, sinon ce serait dommage qu’il transmette le covid-19 à un de tes êtres chers. Arrêtez de médire et #restezchezvous!

  5. Realiste dit :

    GG j’insiste et signe. Je sais de quoi je parle car j’ en ai eu dans mon équipe …

    Il y a effectivement des syndicats représentés en médical
    et je reconnait qu’il y a des exceptions comme dans tout groupement

    Mais en toute honnêteté regardez qui préconise un retrait partout ailleurs plutôt qu’un encouragement à s’engager ?

    C’est dans la nature de ces 2 syndicats … Je n’invente rien.

  6. timina dit :

    COINCOIN 71
    justement les personnes qui vont travailler y sont contraintes et c’est pour les besoins vitaux des personnes !!!
    Le service medical(medecins ,infirmiers,infirmieres tout ceux qui font partis du corps medical!!!
    Les auxiliaires de vies qui vont s’occuper des personnes a domiciles!
    et toutes les autres !!!aussi ceux qui travaillent dans les grandes surfaces ,boulanger etc..
    Toutes ces personnes risquent d’etre contaminees!et mettent leurs vies en peril !
    Et le seul moyen d’eviter d’empirer cette crise sanitaire c’est de rester en confinement!jusqu’a la date emise par le gouvernement!
    J’estime que la vie est plus precieuse !!!que la production de pneus pour l’instant!!et aussi par respect de ceux qui risquent chaque jour!!!
    Ce n’est pas le moment de faire de la politique!!mais plutot d’etre solidaire !!!
    bien evidemment si vous vous rendez vraiment compte de la situation actuelle!!

  7. timina dit :

    et pour info tous les jours je vais au boulot!!!

  8. Gerard13 dit :

    C’est assez cocasse de voir comment, lorsque ça nous arrange, on suit à la lettre les recommandations du gouvernement ….