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lundi 10 mai 2021 à 06:29

Blanzy – Festival OMB au lycée Claudie Haigneré

Une conférence sur le chevalier de Saint-George et sa mère, esclave noire.





 

 

C’est au lycée Claudie Haigneré que s’est tenue vendredi matin l’inauguration de la 12ème édition du festival d’Outre-Mer en  Bourgogne.

 

Après la présentation d’une exposition sur la Martinique et l’esclavage réalisée par une classe de terminale CAP,  une conférence sur le chevalier de Saint-George et sa mère a été donnée par une auteure parisienne. La matinée s’est terminée par un déjeuner créole au restaurant scolaire du lycée.

 

Igo Drane, conteur martiniquais, introduit la conférence offerte au 2 classes réunies sous le préau du lycée avec les personnalités présentes à l’inauguration du festival OMB. Ce passeur de paroles a su faire participer les élèves autour d’un flot de mots et de sons de la langue créole, scandés et répétés en écho par le public, dans la tradition antillaise.

 

 Jeanne Romana, auteure originaire de Guadeloupe, comme les héros de son roman : « Nanon et moi, le chevalier de Saint-George » dressa pour l’assistance leur portrait dans le contexte historique de l’époque.

Tout d’abord, Joseph Bologne de Saint-George, plus connu sous le nom de chevalier de Saint-George, né le 25 décembre 1745 en Guadeloupe d’un père aristocrate colon et d’une mère esclave. Métis, avec le statut d’esclave selon le Code noir en vigueur à l’époque, Joseph arrive jeune en métropole. Par la volonté de son père, il reçoit  l’éducation d’un aristocrate en homme de couleur libre, lui permettant de développer brillamment plusieurs compétences: l’escrime, la musique et la carrière militaire. Excellent maître d’armes, c’est surtout un musicien complet : compositeur, violoniste et chef d’orchestre.

Saint-George a exprimé ses talents musicaux parallèlement à sa carrière militaire. Admis dans les gendarmes de la Garde du Roi, son père lui achète une charge de conseiller du Roi. Enrôlé dans la Garde nationale au moment de la Révolution Française, il est envoyé dans nord du pays défendre les frontières contre les armées étrangères.

Victime des excès de la Révolution, sous la Terreur il fut dénoncé, arrêté, incarcéré. Révoqué de l’armée, privé de tous ses revenus, il meurt ruiné en 1799 à Paris. Une deuxième mort frappe son œuvre musicale en 1802 avec le rétablissement de l’esclavage. Ses pièces sont chassées du répertoire.

Jeanne Romana s’attacha à faire ressortir de son exposé la figure emblématique représentée par le chevalier de Saint-George, qui fut un pont entre 2 mondes : la noblesse dont il fait partie (ses œuvres musicales sont jouées à la cour du Roi à Versailles) et les Révolutionnaires de 1789 qu’il rallie (1er colonel de l’armée française à la peau noire, il crée un régiment de Noirs et de Métis : « la légion de Saint-George »). Cette dualité singulière est aussi celle d’un « mulâtre » qui semblait avoir honte de sa mère esclave.

 

C’est avec cette femme qui accepta de rester dans l’ombre de son fils, que l’auteure finit sa conférence. Elle a travaillé à partir de ressources historiques pour imaginer son récit, celui d’une femme noire vivant dans le contexte révolutionnaire. Redonnant vie à Nanon, son livre est un vibrant hommage à la mère de Saint-George, l’esclave oubliée par tous ceux qui ont admiré son fils.

 

Une belle fin de cette conférence passionnante qui permit à toute l’assistance de déguster un repas créole concocté par le chef et son équipe au restaurant scolaire, paré aux couleurs de la Martinique.

 

V.M

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 






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