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dimanche 5 janvier 2020 à 07:31

Restauration de l’église de Perrecy-les-Forges

L’association finance les travaux à hauteur de 16 100 €



 



A Perrecy-les-Forges, la conservation du patrimoine local est prise très au sérieux. En effet, l’association pour la restauration de l’église Saint-Pierre et Saint-Benoît de PERRECY-LES-FORGES (REP) contribue à la conservation du patrimoine local en participant au financement des travaux de restauration.

A cet effet, l’association vient tout juste de réaliser un virement à la mairie de Perrecy-les-Forges, à hauteur de 16 100 €. Cette somme prend en charge 90 % de la campagne restauration du tympan qui s’est poursuivie toute cette année 2019.

 

Jean Labarre, Président de l’association REP souligne : « Cette opération, peu courante, est assez remarquable pour être soulignée car s’il est bien fréquent que les mairies, par des subventions de fonctionnement, aident financièrement leurs associations, l’inverse est plutôt rare.

Cela est pourtant la raison d’être et l’objectif de l’Association R.E.P. :

« Faire connaître au plus grand nombre la richesse du patrimoine historique de notre commune, encourager les dons de mécènes sur des objectifs déterminés, les recueillir et les remettre, le moment venu, à la mairie pour l’aider dans l’entreprise de sauvegarde de son prieuré roman ».

Par ce virement, notre Association et tous les donateurs qui y ont contribué, sont heureux de prendre en charge 90% du coût du dernier chantier de restauration des sculptures du narthex, chantier passé en commande par la mairie sous l’impulsion et le suivi des services  nationaux des Monuments Historiques, sans participation financière de l’État. »

 

Un prieuré du 10e siècle sous surveillance

 

En 732 Charles Martel arrête les arabes à Poitiers. Pour le remercier de l’avoir aidé, il donne à son frère Childebrand de très grands domaines dans la région de Perrecy. Un descendant de ce dernier les lègue à l’Abbaye bénédictine de St Benoît sur Loire en 876. Aussitôt des moines s’installent, construisent un Prieuré et édifient un monument imposant qui subsiste en grande partie aujourd’hui, l’église Saint Pierre Saint Benoît.

La partie la plus ancienne 10/11e siècle est un chef d’œuvre de l’art roman primitif simple et dépouillé avec une coupole lanterne particulièrement haute pour une construction carolingienne (18 mètres).

Un narthex de grande dimension, édifié au 12e siècle, témoigne de la richesse du Roman à son apogée avec, en particulier, un remarquable tympan présentant un Christ en Majesté qui est connu des spécialistes du monde entier.

 

Entre 2011 et 2014 une importante campagne de travaux a permis de sauver la nef d’un risque grave d’effondrement. Ainsi, environ un tiers de l’édifice a été restauré.

Au printemps 2014 à l’initiative de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers de Cluny et de l’INP (institut national du patrimoine) les riches sculptures du narthex ont fait l’objet d’une numérisation en 3D suivie d’un examen très approfondi sur le site.

Les conclusions de l’étude menée sont alarmantes et soulignent alors le besoin urgent d’entreprendre des travaux de restauration pour sauver les sculptures en grand danger.

 

La petite commune rurale de Perrecy (1750 habitants), propriétaire du bâtiment, demande de l’aide car, après avoir fait face aux coûts du sauvetage de la nef, elle se trouve bien démunie.

Afin de soutenir la commune, une association, qui depuis 10 ans se félicite d’ avoir recueilli la confiance de mécènes, a décidé désormais d’ orienter son action en faveur d’un objectif ciblé.

C’est ainsi qu’elle relance une campagne et fait appel aux dons pour le sauvetage de ces remarquables sculptures.

 

Des travaux délicats en 2019

 

En 2019, l’attention de l’association REP et de la municipalité s’est donc portée sur le portail sculpté de l’église de Perrecy-les-Forges. L’intervention s’est déroulée sur 6 mois. Les travaux ont été engagés le 16 avril 2019 et se sont terminés le 12 septembre.

Ils ont été réalisés par Violaine Pillard et Fanny Grué, Restauratrices de sculptures.

 

Les restaurateurs du patrimoine public ont pour mission de prolonger la vie des œuvres pour les transmettre aux générations futures. C’est cet impératif qui conduit avant tout le choix de leurs méthodes et qui nécessite qu’ils élaborent un diagnostic précis à chaque fois avant de commencer les travaux. On pourrait s’attendre à ce qu’ils remettent à neuf, mais ce n’est pas leur démarche. En effet, les erreurs du passé leur ont appris que certaines opérations abîmaient davantage les œuvres, d’autant plus que les « réparations » s’accumulent au cours des siècles, et qu’il ne reste en fin de compte presque plus rien de l’original et de l’authentique.

 

Pour le chantier de Perrecy, ces travaux ont été engagés en raison de l’état d’altération avancé des sculptures du portail qui avait été signalé depuis longtemps mais ils devaient être précédés en priorité par les travaux structurels sur le bâtiment.

 

L’objectif de la mission était de prolonger la conservation des éléments encore en place sans restituer les fragments manquants et en utilisant des méthodes stables dans le temps.

Les travaux effectués ont consisté en un traitement des algues du mois d’avril au mois de juillet sur toute la surface du mur et du portail. Ce traitement demande trois semaines entre chaque application pour être effectif. Il a été passé trois fois, à chaque fois à un mois d’intervalle.

 

Durant les premiers mois de travaux, les restauratrices ont fait réaliser des analyses à partir de petits prélèvements de pierre pour savoir exactement pourquoi les sculptures de la frise du linteau étaient extrêmement fissurées.

La pierre du linteau est différente de la pierre utilisée pour le tympan. Elle est de couleur plus blanche et son grain est très fin ce qui a permis de sculpter des détails très précis et de réaliser certains personnages en haut relief, parfois presque en ronde bosse.

Le résultat des analyses en laboratoire a montré que la cause de ces altérations était en grande partie due à la composition de cette pierre qui est naturellement très fragile et que ses caractéristiques étaient incompatibles avec les colles ou des produits de consolidation habituellement employés en restauration.

Le taux d’humidité important qui subsiste dans le porche de l’église tant que la toiture n’a pas été refaite était également un critère important pour choisir une méthode permettant de laisser les échanges d’humidité libres dans la pierre et la laisser respirer au gré des variations saisonnières.

 

Une consolidation des fissures sur les sculptures du linteau

 

Lors de la troisième session, le nettoyage des algues a été terminé, puis les restauratrices ont commencé la consolidation des fissures sur la frise du linteau. Cette opération a été effectuée pas à pas pour que les infiltrations dans les fentes pénètrent le plus loin possible sans exercer de pression sur les fragments en équilibre. Il fallait par ailleurs éviter toute coulure sur les restes de polychromie. (Travail effectué progressivement à la pipette, le consolidant est une sorte de lait de chaux.)

La quatrième session a été consacrée essentiellement à la suite de la consolidation des fissures sur le linteau et à des travaux de finition sur le tympan (bouchage des grandes fentes au mortier et de quelques joints ouverts, notamment autour du claveau qui est légèrement descendu sur la voussure.

 

D’après les deux restauratrices, cette intervention a permis de sauvegarder le volume des personnages encore en place et éviter qu’ils se délitent entièrement comme « on peut le voir sur les personnages au début et à la fin de la frise ».

« Enfin, le traitement des algues et les finitions sur le tympan redonnent à l’ensemble une harmonie générale qui invite le spectateur à apprécier le caractère exceptionnel de ce joyau de l’art roman. Malheureusement, le taux d’humidité très important dans le narthex favorise le développement des algues. Seuls les travaux de gros œuvre sur la toiture du porche permettront d’assainir l’intégralité du porche, d’éviter une nouvelle colonisation sur le portail et de garantir un environnement de conservation pérenne. » ont-elles indiqué sur le site de l’association REP.

 

L’association compte bien poursuivre les travaux de restauration et de préservation du patrimoine de la commune. A ce titre, il est possible de soutenir ces travaux.

 

Pour en savoir plus sur les objectifs de l’association, ses actualités, visitez son site :

http://eglise.perrecy.free.fr/

 

Grâce aux actions de ses bénévoles, c’est un joyaux de l’art roman qui est conservé et peut-être admiré. A découvrir ou re-découvrir !

 

EM

 

 

 



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