Belle leçon de solidarité ce vendredi soir à l’ECLA où les membres du Lions Club de Montceau avaient invité trois personnes d’exception en la matière. Le thème choisi traitait de l’engagement citoyen d’où il ressortait que dans ce domaine, il ne faut pas subir, mais agir.

 

Devant un public attentif, le président du Lions, Jean-Louis Jacob a ouvert la séance en expliquant le pourquoi de cette soirée. Et en précisant d’entrée, que les bénéfices de cette dernière seraient reversés équitablement entre deux associations : l’ARM (Les amis de Reine de Miséricorde), l’ERM (Les enfants de Reine de Miséricorde) et la Fédération des Communautés de l’Arche en France.

 

L’implication de ces associations mérite que nous les présentions. L’ARM est une association reconnue d’utilité publique, qui assure le financement de diverses initiatives locales. Notamment le fonctionnement de deux centres de recueil d’enfants de la rue ou en grande difficulté familiale, les parrainages individuels qui impliquent la scolarisation des enfants. Il s’agit également de la construction et le fonctionnement d’écoles, de salles d’étude, d’internats scolaires et de centres d’aide à la nutrition. Des microprojets individuels et collectifs sont aussi mis en place. Ces programmes sont conduits via une ONG locale créée par l’association et par les congrégations des Pères lazaristes auprès d’ethnies marginalisées.

 

Pour sa part, l’ERM est un Organisme Autorisé pour l’Adoption (O.A.A.). Il est né à Coutances en 1990, sous forme d’association loi 1901. Cet organisme a été agréé par le Conseil Général de la Manche et habilité à exercer en Éthiopie, par le Ministère des Affaires Étrangères mais également au Burkina-Faso.

 

Quant à L’Arche en France, c’est une fédération regroupant un réseau de 25 associations, en charge de 31 communautés où vivent les adultes handicapés mentaux. Elles sont présentes sur tout le territoire national. Berceau historique de L’Arche, la France dispose du réseau associatif le plus dense avec L’Arche Canada.

 

Cette conférence a donc vu le jour grâce (ou à cause) aux remarques récurrentes qui étaient adressées aux membres du Lions de Montceau, plus particulièrement lors des opérations « Roses de l’Espoir ». Et ce, avec différentes cibles : Alzheimer, le Téléthon et les maladies génétiques et le cancer de l’enfant. Et bien évidemment, la grande question était : « Pourquoi vous substituez-vous à l’Etat, alors que c’est à lui de financer la santé, la recherche etc ? ». La réponse immédiate des Lions a tout naturellement été la suivante : « Le défi pour notre société et de reconstruire les solidarités et le citoyen ne peut laisser à l’Etat, la seule charge d’initier de nouveaux modes de solidarité ».

 

C’est donc un vaste débat qui s’est engagé ce vendredi soir, sous la houlette de Vincent Bizollon (ancien gouverneur Lions du district centre-est) qui a coordonné cette soirée.

 

En tout premier lieu, c’est Stéphan Posner (directeur de la Communauté de l’Arche en France) qui a présenté la Fédération. A savoir qu’elle est présente sur les cinq continents, avec 140 communautés. La France en compte 31, regroupant 2 000 handicapés, 700 salariés et 300 bénévoles au service civique. Puis, M. Posner a évoqué son rôle au sein des personnes accueillies, par le biais d’un témoignage très émouvant, où la très forte relation qui s’établit entre la personne handicapée et son accompagnant est saisissante. A maintes reprises, l’homme a expliqué de façon posée et réfléchie, combien cette relation enrichit celui qui s’engage. Et de façon presque égoïste puisque le représentant de la Communauté avoue y avoir trouvé « un lieu d’expérience qui l’a tiré vers le haut ».

 

A la question « Comment maintenir la motivation des bénévoles au sein de ces communautés ? » puisque que c’était l’objet de cette conférence, Stephan Posner explique que cette problématique illustre parfaitement l’engagement à l’Arche. C’est-à-dire « ne pas faire pour les personnes », mais « vivre avec elles ». En effet, précise-il, la solidarité ne peut pas être un processus qui consiste à donner quelque chose à quelqu’un qui ne l’a pas. L’engagement des bénévoles est beaucoup plus profond que cela…
M. Posner a raconté les relations extraordinaires qui se tissent avec les handicapés, en livrant quelques anecdotes tour à tour tendres et poignantes. Notamment quand fut abordé le devenir des pensionnaires vieillissants. La question se pose alors de savoir ce qu’ils vont devenir, quelle relation trouveront-ils au sein des maisons de retraite et « c’est un gros défi » conclut Stephan.

 

Non moins émouvant et formateur, fut le récit de Gilbert Bayon, président de ERM et ARM, ces associations jumelles qui œuvrent pour l’adoption en Ethiopie et qui accomplissent un travail humanitaire important dans ce pays. M. Bayon et son épouse Christine ont consacré toute leur vie à cette association, avec une foi inébranlable, qui transparait dans le récit dès les premiers mots.

 

Gilbert et Christine, qui ont trois enfants biologiques, étaient désireux d’ouvrir leur maison et leur cœur à des enfants en détresse. Leurs recherches en vue d’adoption les ont conduits à correspondre avec des religieuses de la Congrégation des “Filles de Sainte Anne” en Éthiopie. Celles-ci non seulement leur proposent des enfants à adopter, mais leur demandent aussi de l’aide pour trouver d’autres familles adoptives et surtout accomplir les formalités administratives nécessaires.

 

Dans le même temps, le couple entre en contact avec un responsable éthiopien de la “Relief and Réhabilitation Commission” qui deviendra le correspondant principal de l’organisme d’adoption. Sollicités par les religieuses et par des couples désireux d’adopter, ils sont amenés à fonder cette association qu’ils placent sous la protection de Marie “Reine de Miséricorde”. Dans le même temps ils adoptent eux-mêmes trois enfants.

 

Courant 2005, le millième enfant adopté par l’intermédiaire d’E.R.M. est arrivé en France. La structure s’est progressivement étoffée. L’organisme gère plusieurs maisons d’accueil en Éthiopie et collabore avec les orphelinats du Burkina-Faso. Plus de 600 parrains contribuent mensuellement à transformer la vie des enfants par une aide substantielle qui permet à leurs parents ou tuteurs de mieux les nourrir, vêtir et de les envoyer à l’école.

 

Enseignant, Gilbert Bayon cumule de nombreuses activités et inévitablement, la question a été posée par un auditeur dans la salle : « Les journées font 24h, comment faites-vous pour assumer autant de travail ? ». M. Bayon a apporté beaucoup d’humour dans sa réponse, arguant que « comme tout le monde le sait, un enseignant ne travaille pas beaucoup et mon épouse est mère au foyer. Toutefois, je reconnais que ces responsabilités engendrent des couchers tardifs et des réveils matinaux. Mais nous sommes tellement complémentaires avec Christine que cela se passe bien… ».

 

Enfin, parole fut donnée au Dr Corinne Lartaud, membre du Lions Club de Valmont. Gynécologue au Creusot, elle est rentrée depuis le début de la semaine d’une mission de dépistage du diabète au Bénin, pour le compte de l’association Médico-Lions Clubs de France (association humanitaire d’aide au Tiers Monde). Le thème retenu cette année pour sensibiliser la population béninoise était « Manger et bouger ». Durant cette journée, des dépistages ont été organisés avec la collaboration des agents de santé qui ont été formés préalablement.

 

La Journée nationale du diabète au Bénin a donné lieu à d’intenses préparatifs, notamment pour ce qui est de la formation. Avec la mise en place du programme d’éducation à la santé dans les écoles et la mise en place du programme de formation des médecins et des personnels para –médicaux.

 

Le Dr Lartaud, à l’aide d’un superbe diaporama, a expliqué à la salle pourquoi cette lutte contre le diabète au Bénin, puisque ce dernier a longtemps été considéré comme une maladie des pays riches. « Le diabète touche pourtant massivement les pays dits émergents, comme ceux de l’Afrique. Et surtout des diabètes de type II, considérés jusqu’alors comme l’apanage des pays opulents » devait relater Mme Lartaud.

 

La praticienne précise que le diabète va représenter un grave problème économique en raison d’un dépistage tardif et d’une inertie des patients à se soigner. En cause également une mauvaise organisation des soins, une maladie parfaitement silencieuse, des soignants peu nombreux et mal formés, de la concurrence avec d’autres maladies et surtout du manque de médicaments trop coûteux. D’où cette mission importante au Bénin (à Sakété).

 

Corinne Lartaud raconte que cette journée, qui a eu lieu le 14 novembre dernier, a été l’occasion d’une immense fête pour la population, qui nourrissait de très gros espoirs avec cette manifestation. Notamment en matière de prise en charge d’une maladie qui leur fait peur. Sur place, les élus, les personnalités du gouvernement et les personnalités Lions. Cela a été le coup d’envoi du démarrage de la campagne de dépistage du diabète, puis du traitement. Elle sera suivie de plusieurs jours de dépistage dans d’autres communes (Ifangni, Kétou, Pobé et Adja Ouéré).

 

 

Il resta ensuite très peu de temps à Vincent Bizollon pour présenter le Lions, sa création, ses actions etc. Mais le coordinateur de cette soirée écourta bien volontiers son intervention pour laisser la parole au public. Ce dernier posa quelques questions sur l’engagement de l’Etat, la motivation des bénévoles, les risques encourus lors des adoptions d’enfants en Ethiopie etc. En bref, il ressortit qu’avant toute chose, il faut faire en sorte que tout le monde se sente concerné par les problématiques évoquées. Enfin, le public fit une véritable ovation aux intervenants pour l’humanité et l’intensité de leurs témoignages, mais aussi pour leur abnégation et leur pugnacité à faire avancer les choses.