Comme toutes les semaines, retrouvez le billet d’humeur de section P.S. de Saint-Vallier :

« Il faut quelque fois puiser dans ses anciennes lectures. C’est ainsi que nous avons retrouvé un article de « La Tribune » de début 2010 qui affirmait qu’une grande banque pouvait dorénavant faire faillite alors que cela aurait été purement et simplement inconcevable 8 mois au préalable, soit à l’automne 2009… Et oui le temps économique a cela d’extraordinaire qu’il rend possible l’impossible en un temps qui n’est pas celui de l’activité humaine.

Revenons à cet article si édifiant aujourd’hui. A cette époque, même si la question d’une potentielle faillite d’ Etat se posait, le journal prenait le risque de répondre par la négative en affirmant qu’un Etat n’était pas et ne serait jamais une entreprise. Aussi, un Etat pouvait être en cessation de paiement, en incapacité de rembourser sa dette ou à payer ses fonctionnaires, mais jamais, au grand jamais, un Etat serait en situation de disparaître suite à une liquidation judiciaire pour cause de surendettement. Ceci n’est pas de la science fiction car aujourd’hui la Grèce va certainement devoir vendre des terrains, des îles etc… bref perdre un peu de son existence. En fait, le Mexique ( en 1982 ) ou l’Argentine ( en 2001 ) avaient été en défaut de paiement, mais à chaque fois les bonnes vieilles recettes de relances économiques avaient permis de sauver ces économies nationales.

Ceci n’est plus tout à fait vrai aujourd’hui. La politique cumulative d’inflation et de dévaluation monétaire demeure impossible en Europe avec sa monnaie unique. Le rééchelonnement de la dette a déjà été pratiqué sans succès et les prêteurs ne se bousculent plus au portillon. La mise sous tutelle est quasi automatique en zone communautaire, reste la participation contrainte du domaine bancaire privé qui a plus l’habitude de créer les crises que de les estomper… Bref, les solutions ne sont pas pléthores et notre inquiétude en est d’autant plus grande.

Néanmoins un accord a été trouvé pour sauver la Grèce. Et même si cela était impératif pour sauver l’existence même de l’Europe, nous ne pouvons pas oublier qu’il aura fallu quelques heures pour trouver 110 Milliards € sans même un regard pour les somaliens frappés par la famine. Bien sûr le raccourci est facile, mais nul ne peut contester qu’il y a un temps pour tout et surtout des priorités capitalistiques plus qu’humaines.

A méditer… »