Saint-Vallier : Jacques Racouchot
Saint-Vallier et la révolution française.
Ce dimanche après-midi était l’occasion pour Jacques Racouchot de présenter un second volet de ses conférences. La première traitait de la vie quotidienne sous Louis XIV, la seconde nous raconte la ville de Saint-Vallier pendant la période de la révolution française.
Le travail réalisé par Jacques Racouchot ne fut pas aisé, en effet, les documents, les sources de cette époque sont rares.
La première partie de l’exposé nous présente l’état de la paroisse de Saint-Vallier avant la révolution française : le nombre de foyer ( ou de feux), les types de métier exercés par les habitants, les habitations, les vêtements…On apprend ainsi que les « scieurs de long », dont la mission était de scier le bois en long avec une grande scie qui nécessitait la présence de deux personnes, venait pour la grande majorité d’entre eux de la région du Puy en Velay. Il fallait en effet un savoir- faire familial. Aussi, le travail commandait-il déjà des mouvements migratoires.
Jacques Racouchot nous présente aussi le système d’imposition. Nous apprenons ainsi que les personnes qui payent le plus d’impôts ne sont pas forcement les propriétaires mais les laboureurs. Il s’agirait du style de vie des laboureurs, en communauté, qui faisait monter le taux d’imposition de ces derniers.
La seconde partie de la conférence nous présente des éléments qui prouvent un « état d’esprit »particulier lors de cette période. Par exemple, on remarque des questionnements quant à la collecte des impôts. Le collecteur ne paierait ainsi pas beaucoup d’impôt par rapport à son train de vie.
Un archiprêtre visite la paroisse et rapporte que l’état de l’église est déplorable. Il remarque également que les cabarets tournent à pleins pendant les vêpres et que la population joue même aux quilles pendant cette période. Jacques Racouchot nous montre ainsi qu’il y a, pour la population, une forme d’indépendance. En effet, les sacrements sont toujours respectés mais les pratiques courantes deviennent de moins en moins usuelles.
Nous pouvons également écouter l’anecdote du conflit des Bois Francs. Sans entrer dans les détails, la gestion de ce lieu incombait à des seigneurs et des « francs ». Les seigneurs, obéissant à un mouvement plus large de réappropriation des terres, ont voulu exclure les francs ( non nobles) de la gestion de ce territoire. On remarque l’implication du curé de Saint-Vallier, l’abbé Martin. Ce dernier n’hésitait pas à prendre parti pour ses paroissiens malgré la proximité entre les nobles et le clergé.
Jacques Racouchot entre alors dans l’implication de Saint-Vallier dans la révolution. Le propos est organisé en aller-retour. Nous voyons comment réagit la localité aux événements nationaux. On apprend ainsi que l’exécution de Robespierre n’est connu que deux mois après. Il est intéressant de voir les applications des décisions nationales sur le local.
La volonté de rompre avec tout élément monarchique ou religieux a eu des conséquences très locales. Ainsi en Novembre 1793, SAINT-Vallier devient : Vallier les bois. Mont SAINT-Vincent devient : Belvedère. SAINT Bonnet de Joux devient : Bonnet rouge.
Sans être plus exhaustif, la conférence nous confronte à nos représentations de la révolution française. Jacques Racouchot, dans sa conclusion, nous explique que l’histoire que nous avons apprise est une histoire majoritairement parisienne. Le travail proposé est d’illustrer le rapport d’une population éloignée de la capitale aux grands événements.
C’est un vrai bon moment. La voix profonde de Jacques Racouchot nous projette dans une époque assez méconnue du point de vue de la vie quotidienne. Le rythme du discours est parfaitement maitrisé et l’on ne s’ennuie pas. Un pupitre, un micro, quelques documents projetés et un véritable talent oratoire ; tous les ingrédients pour suspendre le temps, suspendre l’histoire en cette fin de dimanche après midi.