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mercredi 6 mai 2020 à 06:56

Les arts du spectacle dans une attente interminable

Laura, danseuse professionnelle témoigne



 



Laura, originaire de St Vallier, danse depuis l’âge de 6 ans, peut-être même avant d’après ses proches. En tout cas, elle a pris ses premiers cours de danse à 6 ans. A la base, elle pratique la danse moderne, jazz, le contemporain. Et elle s’est ouverte à d’autres danses telles que le hip-hop, le cabaret etc.

Âgée de 25 ans, elle pratique aujourd’hui la danse en tant que professionnelle depuis trois ans. Pour ce faire, elle a suivi 4 ans de formation d’abord en danse urbaine puis trois ans de danse contemporaine, jazz et classique à Paris, loin de sa Bourgogne natale.

 

Elle travaille sous le régime d’intermittente du spectacle. Cela signifie qu’elle doit justifier de 507 heures de travail soit 53 cachets, afin de pouvoir avoir droit aux indemnités de chômage. Et trouver ces cachets est loin d’être facile, spécialement de nos jours.

 

Un quotidien centré sur le maintien de la forme et l’entraînement

 

Revenue dans le quartier des Bois Francs à St Vallier, elle cherche à maintenir un rythme. Tout l’enjeu du quotidien de Laura est aussi d’être autonome, de garder la détermination. Et elle avoue avoir du mal certaines fois. Pourtant c’est primordial pour elle pour maintenir sa musculature et sa souplesse. Cette musculature, la visite des salles de sport n’y suffirait pas, car elle est spécifique à sa pratique. « Le risque à la reprise, c’est de blesser. Il va falloir redémarrer la machine » reconnaît-elle, tout en consentant que tous ses collègues sont dans le même cas qu’elle.

 

Et d’ajouter : « Le corps va prendre son temps. Il faut garder l’intensité des entraînements. ». Pour un danseur ou une danseuse professionnelle, l’entraînement passe par 3 à 6h de danse par jour quand il travaille contre 6h à 8h de danse quand il suit une formation. Effectivement le corps est mis à rude épreuve.

A cela s’ajoute des cours de musculation.

 

Avec le confinement, Laura a donc dû mettre en place une nouvelle organisation de son quotidien et revoir certains de ses projets. Elle devait partir aux Etats-Unis pour des projets professionnels. Elle travaille en effet à la création d’une compagnie de danse avec un binôme. Et pendant le confinement, une partie seulement du travail peut se poursuivre. Les deux associés échangent les idées, tentent de se projeter en faisant des visioconférences. Ils se concentrent sur les visuels. Mais le processus de création est en stand-by. Difficile donc de mettre en mouvement des chorégraphies, malgré les échanges en visioconférence et les écrits.

 

Un sort incertain pour les intermittents du spectacle

 

Ceux que l’on appelle les intermittents du spectacle comprennent de nombreux métiers : chanteurs, danseurs, acteurs, maquilleurs etc.

Et le système de soutien de ces métiers du spectacle, unique dans le monde, est questionné en ce moment. Pourquoi ? Parce que ces professionnels sont aujourd’hui les plus touchés par la crise économique : tous les spectacles, toutes les représentations ont été annulés. Et la reprise n’est pas annoncée au mieux avant septembre.

 

Comment vivre pendant ce temps-là surtout quand les intermittents arrivent en fin de droits ?

 

Laura nous explique que des décrets devaient sortir pour permettre la possibilité de décaler la date « anniversaire » des intermittents, date de fin de droits. Pour Laura, cette date est celle du 9 juillet prochain.

Pour ceux dont la date anniversaire était pendant le confinement ont vu celle-ci repoussée finalement d’un mois.

 

Selon Laura, les décrets sortis ne sont finalement pas très clairs. « Rien ne va reprendre, ni même les animations dans les campings, les ESAT etc. et qui comptent beaucoup dans le décompte de nos droits ». En effet, certains intermittents réalisent de nombreux cachets au cours de la saison estivale et complètent les autres cachets nécessaires au cours de l’année.

 

Laura reconnaît la chance d’avoir un système qui reconnaisse un statut spécifique pour encourager le processus créatif. Toutefois les derniers décrets sortis les concernant posent de réelles questions pour le devenir des intermittents du spectacle.

 

Trouver un autre travail à côté n’a pas la même importance. Pour Laura et pour bien d’autres intermittents, la situation est floue et angoissante.

Et déjà de nombreuses lettres ont été envoyées au ministre en charge de la culture. Des nombreuses pétitions pour encourager et soutenir les intermittents du spectacle tournent sur la toile aussi. Car pour eux, il sera impossible de réaliser les 507 heures nécessaires pour renouveler leurs droits. Déjà 2020 semble être « une année noire » pour ce secteur d’activités.

 

Pour Laura, les prochaines semaines seront cruciales. Son quotidien est aussi ponctué par de nombreuses questions : doit-elle/ peut-elle rester/ revenir à Paris ? En a-t-elle les moyens ? Va-t-elle pouvoir continuer son métier ? Ou doit-elle reprendre des études et changer de métier ? Quel plan B adopter ?

Si un plan de soutien pour le tourisme, autre secteur très touché également a été imaginé, en sera-t-il de même pour le secteur des arts et du spectacle ?

 

Dossier à suivre dans les prochaines semaines.

 

EM

 

 

 

 

 

 

 

 






Un commentaire sur “Les arts du spectacle dans une attente interminable”

  1. citoyen du monde dit :

    Courage mademoiselle tout coeur.