55 ans de jumelage entre Eisenberg et Sanvignes : l’amitié, en toute légèreté
Un protocole allégé, un instant de recueillement, la joie – et son Ode qui s’élève.
Ein leichter Ritus, ein stiller Moment der Einkehr, die Freude – und ihre Ode erklingt.
Entre la médiathèque et le Liberty, dans ce lieu de passage et de mémoire, souffle un esprit de fête. Ici, pas de rubans dorés ni de discours compassés. Pour célébrer les 55 ans du jumelage entre Eisenberg (Pfalz) et Sanvignes, la cérémonie a troqué le cérémonial pour la chaleur humaine, l’apparat pour l’élan du cœur.
Comme le rappellent Jean-Claude Lagrange, maire de Sanvignes, et Valérie Douhard, présidente du comité de jumelage, c’est la sincérité qui prime : « Foin des postures, vive la proximité ». Le symbole le plus éclatant ? Le maire et la première adjointe d’Eisenberg, Sisi Lattauer – charismatique et impériale – dansant ensemble sur la pelouse, portés par les notes joyeuses de l’harmonie municipale, sous la baguette inspirée de Steve Pazsek.
55 ans. Une vie.
Des grands-parents aux petits-enfants, des valises pleines d’accents à celles chargées de souvenirs, ce demi-siècle et des poussières a vu défiler les visages de l’amitié.
Valérie Douhard s’en réjouit : les amis allemands sont venus cette fois avec deux nouvelles familles. Sanvignes aussi accueille du sang neuf. L’élan du jumelage ne faiblit pas. Il se renouvelle, se dépouille des formules figées pour mieux vibrer à l’unisson de son temps. Quand les cœurs sont proches, le décorum devient superflu.
Une vingtaine d’Eisenbergeois mêlés aux Sanvignards, aux élus, aux voisins venus en renfort participent à cette cérémonie d’anniversaire. Parmi eux, Marie-Claude Valabrègue, l’enseignante, la traductrice, l’amie fidèle. Elle traduit le discours du maire, son ancien élève. Elle incarne cette transmission, ce fil qui lie les générations. Elle traduit aussi l’adresse du chef d’horchestre au public rassemblé devant l’harmonie qui a donné un magnifique concert.
Puis vient le discours à deux voix, celui de Valérie Douhard et Sisi Lattauer. Deux langues, une même émotion. Les mots se croisent, s’accordent, se répondent dans un duo sensible. Suit le concert de 45 minutes, vibrant hommage à la complicité franco-allemande, en débutant par l’Ode à la joie, devenue l’hymne européen..
La cérémonie se prolonge dans le silence d’un instant : on se rend près de l’arbre planté à la mémoire de Jacqueline Combier, grande figure de Sanvignes et du jumelage. Un arbre offert par les amis de Baldock, ville jumelée avec Sanvignes, absents lors de son inhumation, mais présents en pensée.
Et puis vient le verre de l’amitié, partagé au Liberty. Des bulles dans les verres, des sourires sur les lèvres, des promesses dans les regards.
La délégation d’Eisenberg n’a pas le temps de s’ennuyer : château de Digoine, concours de pétanque au boulodrome de Montceau, visite de Michelin, repas partagés, brunch d’au revoir… Un programme dense jusqu’à dimanche, mais le cœur léger. Car l’amitié, elle, ne pèse jamais. Elle élève.
Gilles Desnoix