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vendredi 18 mars 2011 à 11:46

« L’Education Nationale ne prépare plus l’avenir »

Déplore Nicole Eschmann, vice-présidente du conseil régional



« En un an de mandat de Vice-présidente du Conseil régional en charge des lycées, j’aurais visité l’ensemble des lycées publics, d’enseignement général, technologique, professionnel ou agricole de Bourgogne, rencontré les équipes éducatives, pris la mesure de leur fort investissement dans l’éducation de notre jeunesse, leur engagement à préserver la qualité de l’enseignement public et partagé leurs vives inquiétudes sur le devenir de l’Education Nationale. En 2011, bien que 150 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans qualification ni diplôme, 16 000 postes d’enseignants seront encore supprimés, dont 311 en Bourgogne, sans oublier 25 postes administratifs, dont 4 conseillers principaux d’éducation en Saône-et-Loire.

Le gouvernement avait d’abord rogné les emplois hors classe, personnels d’éducation, d’orientation et de santé scolaire, agents administratifs, personnels de remplacement. Puis il a taillé dans les programmes et diminué les horaires de plusieurs disciplines. En 2010, il a supprimé la formation initiale des reçus au concours de l’Education nationale, leur donnant des classes en responsabilité, en temps complet et un tutorat pas toujours pas mis en place. Une entrée dans le métier  brutale, épuisante, démoralisante, dont seuls les plus résistants en sortiront titularisés en juin. Grâce aux troncs communs mis en place par la succession de réformes (Bac Pro supprimant CAP et BEP, troncs communs généralisés en seconde et en première, réforme des premières STI) on passe aisément d’une moyenne de 27 élèves par classe à 35.



Avec la Dotation Horaire Globale (DGH) par établissement, total des heures allouées par le recteur pour le fonctionnement de l’année scolaire à venir, le collège ou le lycée doit en déduire lui-même le nombre de postes et de classes qu’il aura à la rentrée prochaine. La perversité supplémentaire consiste à obliger à remplacer par des heures supplémentaires une partie importante des heures postes, donc des postes d’enseignants. Cela conduit mécaniquement aux suppressions de postes, mais aussi à des transformations de postes en demi-postes, au roulement d’un professeur sur plusieurs établissements parfois éloigné de plusieurs dizaines de km, à l’obligation d’heures supplémentaires et au recrutement de vacataires par petites annonces.


Dans tous les établissements, l’impact de ces suppressions se traduit par plus d’élèves par classe, moins de dédoublements de cours, moins d’options, moins d’enseignants titulaires, moins d’adultes disponibles, moins de soutien aux élèves, plus d’emplois précaires sans formation professionnelle, plus d’heures supplémentaires alourdissant et dégradant le travail. Les parents s’aperçoivent que les attaques au quotidien contre l’Education Nationale touchent maintenant leur propre enfant. Chacun, parent, enseignant, membre de la direction, élève, élu, s’alarme des dysfonctionnements sur la mission de l’EN, des dégradations des conditions d’étude des élèves et de travail des personnels. La contestation prend de l’ampleur avec le rejet massif dans les Conseils d’Administration de la DGH.


Dans le même temps, la majorité parlementaire a décidé de favoriser l’enseignement privé au détriment du service public. Ses choix dessinent une Ecole où les inégalités se creusent, où la concurrence se renforce entre établissements, où il n’existe plus de moyens pour des actions culturelles, sportives ou de prévention, où l’avenir n’est plus préparé. La nécessité d’un véritable débat sur l’avenir de l’Ecole publique devient crucial.


Lors de la séance plénière du Conseil régional du 14 mars, j’ai invité tous les élus régionaux siégeant dans les conseils d’administration des lycées à soutenir fortement la communauté éducative dans son engagement permanent pour la réussite de nos jeunes. J’invite aujourd’hui tous les citoyens à être aux côtés des enseignants le 19 mars pour défendre l’Ecole publique, laïque et gratuite.« 


Nicole Eschmann
vice-présidente du Conseil régional de Bourgogne en charge des lycées






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2 commentaires sur “« L’Education Nationale ne prépare plus l’avenir »”

  1. chimel dit :

    bjr

    la suppression de postes d’enseignants n’est sans doute pas une bonne chose pour l’avenir de nos gosses mais que pensez vous du record du monde d’absentéisme dans l’éducation nationale qui fait que 80 a 100000 professeurs sont constamment indisponibles??????

  2. Daniel Z dit :

    Je ne voudrais pas être outrancier, mais l’E.N. est elle capable de définir ce que sera l’avenir ?
    En a t’elle seulement les compétences ?

    L’E.N. n’est elle pas une entreprise que la Nation a installé pour dispenser l’éducation voulue par les représentants du peuple ?

    J’ai de plus en plus l’impression qu’elle est devenue une organisation indépendante où des courants, voire des mouvances instaurent leurs philosophies propres, surtout quand je lis que « certains » ont décidé de ne pas se conformer aux programmes prévus.

    Par curiosité, essayez donc de dire à un employeur du privé que vous oeuvrerez à votre idée…..

    Cordialement