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lundi 25 juillet 2011 à 12:51

« Le nucléaire, un choix de déraison »

Par Nicole Eschmann, vice-présidente EELV du Conseil régional de Bourgogne



« Areva et EDF signeront ce lundi trois accords techniques et commerciaux, dont l’un portant sur le réacteur de troisième génération l’EPR,  dans l’usine d’Areva de Saint-Marcel avec Henri Proglio, président d’EDF et de Luc Oursel, président d’Areva, en présence d’Eric Besson. Un Éric Besson qui déclare «Le nucléaire, un choix de raison». Manifestement ses raisons ne sont pas les nôtres, tout dépend des intérêts que l’on défend.

Si ce sont les intérêts du gouvernement, ils sont à géométrie variable : Anne Lauvergeon rappelle qu’en 2003, l’Etat veut fusionner Areva et Alstom pour sauver ce dernier de la faillite; en 2004, il promet une ouverture du capital à 40% et y renonce en 2005; en 2006, il s’oppose à l’acquisition d’une mine représentant 35% des réserves mondiales d’uranium; en 2007, nouveau projet de fusion avec Alstom; en 2009, il faut de nouveau démanteler Areva. Elle ajoute que « l’Etat nous a aussi refusé un développement dans l’éolien au prétexte que les énergies renouvelables n’avaient pas d’avenir! ».

Si ce sont les intérêts d’Areva, avec une perte de 423 millions d’euros en 2010, une action en chute libre, et une notation dégradée par les agences, il serait impératif de fixer un nouvel équilibre économique. Le renforcement de la sûreté de leurs installations respectives induira un surcoût conséquent, s’ajoutant au manque à gagner dans la vente de combustibles ou dans le retraitement des déchets. Il sera alors tentant de faire comme aux Etats-Unis après le 11 septembre : presque RIEN en matière de sécurité !

Nous pensons qu’il faut arrêter immédiatement les chantiers des 2 EPR dont l’ampleur des travaux sous-estimés a doublé le temps et le coût de construction. Et qu’Areva se donne les moyens d’être numéro 1 mondial dans la filière inexistante du démantèlement, source d’emploi et de productivité.

Si ce sont les intérêts des citoyens, il est impensable de poursuivre dans l’insécurité nucléaire : absence de démocratie, décisions unilatérales justifiées par des « experts » liés aux décideurs, maintenance en sous-traitance entraînant l’insécurité des intérimaires, travail dissimulé sur le chantier EPR de Flamanville, documents confidentiels d’EDF démontrant que la conception de l’EPR implique un sérieux risque d’accident majeur (risque pris en conscience par EDF par calcul économique), engagements diplomatiques et militaires de protection des sources d’approvisionnement en uranium, déchets nucléaires transportés chaque jour pour un stockage éternel. En cas de nouvel accident après Three Mile Island, Tchernobyl et Fukushima , il nous faudra assumer l’abandon de territoires, les confinements et d’innombrables déchets, des millions de cancers, (400000 pour le Japon prévus par le professeur et expert en radiations Chris Busby), Un coût humain et financier inquantifiable. C’est au-delà de notre compréhension et de notre imagination.


L’incertitude du nucléaire est aujourd’hui certaine : l’Allemagne, la Suisse et l’Italie ont décidé de mettre fin à leur programme nucléaire civil. Le nucléaire, du seul « fait du Prince », a d’emblée été écarté des débats du Grenelle de l’environnement, mais il s’invite, pour la première fois, au programme de la présidentielle. Pour l’éviter, Nicolas Sarkozy a demandé à Eric Besson d’examiner le scénario théorique d’une sortie du nucléaire, à l’occasion de l’étude prospective « Energies 2050 ». Nous pensons que le débat sur le nucléaire doit échapper aux experts et revenir aux citoyens, pour en finir avec cette union sacrée autour du dogme nucléaire civil et de la  foi dans la techno-science . Il nécessite l’engagement sans réserve de toutes les forces morales et spirituelles du pays car c’est d’un choix de civilisation qu’il s’agit. « Etre dans le nucléaire ressemblera plus que jamais, selon le mot d’Anne Lauvergeon lors de son pot d’adieu, à faire du canot en remontant des rapides. » Nous ne voulons plus être les seuls à nager à contre-courant de l’histoire. »


Nicole Eschmann, vice-présidente Europe Ecologie – Les Verts du Conseil régional de Bourgogne





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9 commentaires sur “« Le nucléaire, un choix de déraison »”

  1. Daniel Z dit :

    «  » » Nous pensons que le débat sur le nucléaire doit échapper aux experts et revenir aux citoyens… » » »

    J’aime bien cette formulation qui en dit beaucoup à elle seule….

    Oui, éliminons les experts pour discuter « l’coup au café du commerce…. »

    Amicalement

  2. Nomade dit :

    Personne n’est POUR le nucléaire pour se faire plaisir!
    Mais quelle autre énergie? On veux sortir du pétrole et avoir des transports et un chauffage électrique propre donc notre consommation électrique va exploser, il faut donc produire plus.
    L’éolien? les verts sont les premiers a contester son efficacité.
    Le solaire? des panneaux en silicium ultra polluants a fabriquer pour un résultat mitigé.

    Alors non, on est pas pour le nucléaire mais on a pas vraiment le choix. Pour le développement d’ITER, je ne vois pas trop de problème, plus de déchets hautement radioactif c’est plutôt bien non?

  3. maxouille71 dit :

    Les verts veulent un changement brutal. Mais nous n’avons pas d’énergie de substitution. Si nous arrêtons le nucléaire d’un coup, nous nous éclairerons à la bougie ?!
    D’autre partis moins extrême veulent plutôt renforcer la sécurité du nucléaire tout à la fois en recherchant ou développant d’autres énergies. Mais ça qu’une vague bleu marine en aurait la capacité.

  4. jc71 dit :

    c’est vrai ! pour l’instant rien de concret pour remplacer le nucléaire !!!

  5. carole b. dit :

    Bien sûr que si, il y a des rapports concrets pour remplacer le nucléaire, allez voir les propositions de mégawatts (composé d’experts et scientifiques indépendants) et ils vous montreront comment on peut concrètement en sortir en développant les autres énergies. Et les autrichiens en sont sortis depuis quelques années et ne s’éclairent pas  » à la bougie » pour autant, et je ne pense pas non plus que les allemands et italiens aient l’intention de revenir à la bougie.. Vous êtes tous les bienvenus pour assister aux soirées -débat autour de l’énergie proposées par le collectif anti nucléaire 71.
    Amicalement

  6. Daniel Z dit :

    Autriche vous dites ?

    «  » » En effet, la consommation du pays est supérieure à la production.
    Production En 2007, la production du pays se monte à 64,283 TWh, dont 38,196 TWh par des centrales hydrauliques, 19,335 TWh par des centrales thermiques et 6,752 TWh d’autres énergies renouvelables.

    Hydroélectricité L’énergie hydraulique est la principale source de production d’électricité en Autriche, avec 38,196 TWh soit 59,4 % de la production du pays. » » »

    http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_en_Autriche

    «  » » 8,1 % de l’électricité en Autriche provient de sources renouvelables subventionnées. L’Autriche se place au premier plan des producteurs d’électricité verte – éolienne, biogaz, biomasse, solaire, géothermie, petites centrales hydrauliques. L’hydraulique domine en tant que capacité installée – 2505 centrales – suivi par le thermique – 615 centrales – et les énergies renouvelables – 2668 installations. Face à une consommation croissante – + 1,7 % par an jusqu’en 2016, l’Autriche importe même si elle affiche de belles performances et un réseau électrique le plus fiable d’Europe. » » »

    http://www.ubifrance.fr/electricite-energies-renouvelables-nucleaire/001B1000199A+le-marche-de-l-electricite-en-autriche.html?SourceSiteMap=1191

    Vous arriverez, vous, à produire 60% de l’energie française avec les barrages, alors qu’il n’existe presque plus de sites à équiper ?

    Le bilan : En 2010 :

    Nucléaire: 407,9 TWh Hydroélectrique: 68 TWh Thermique à flamme: 59,4 TWh
    éolienne: 9,5 TWh autres énergies renouvelables: 5,5 TWh

    Du boulot pour remplacer le nucléaire non ?

    Amicalement

  7. carole b. dit :

    c’est le site négawatts, pardon pour la faute de frappe.

  8. fredo dit :

    Il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir….et surtout en matière de nucléaire…

  9. Nomade dit :

    Intéressants les scénarios de negawatts, franchement à lire.
    Comme leur slogan l’indique « sobriété, efficacité, renouvelables », le point de départ du changement est une baisse de notre consommation électrique. Les citoyens font leurs efforts, isolation des maisons, ampoules basse consommation etc…. Les industriels commencent aussi a réagir, l’état aussi, je pense que c’est compréhensible que cela prenne du temps.
    Cependant, je pense qu’il faut voir beaucoup plus loin dans l’avenir, l’Homme, dans sa globalité est amené à consommé de plus en plus d’énergie électrique (généralisation des voitures électriques, Multiplication des outils électrique – mécanisation, et recherche – le CNES consomme l’équivalent d’un réacteur nucléaire). Donc même si on arrive à court terme à baisser notre consommation et à passer du nucléaire au renouvelable, notre consommation continuera d’augmenter au delà des limites énergétiques de notre planète, donc c’est reculer pour mieux sauter.
    Donc oui au renouvelables, a l’efficacité, mais nos besoins énergétique grandissants passeront forcement par l’atome.