« Le gouvernement n’est pas seulement obscène de surjouer la peur afin d’imposer une rigueur, qui épargne les responsables de la crise et de la dette publique, et fait payer les salariés. Il ment quand il affirme qu’« il n’est pas utile de s’en prendre aux agences de notation, aux banquiers, aux spéculateurs ». Il est criminel quand il persévère dans l’appauvrissement de l’Etat français et de ses citoyens, et dans  l’allégeance aux marchés financiers.

La droite a appauvri l’Etat français et ses citoyens: en 73, Valéry Giscard d’Estaing, ministre des finances de Georges Pompidou, réforme la Banque de France, lui interdisant de prêter à l’Etat français, à des taux très faibles, lequel est contraint de se financer aux taux d’intérêt de marché auprès des banques privées. Puis en 98, la Banque Centrale Européenne est créée avec interdiction de financer les Etats : elle prête uniquement aux banques privées à de très faibles taux, lesquelles reprêtent aux Etats à des taux très supérieurs, parfois à la limite de l’usure. De plus, l’État s’est appauvri lui-même un peu plus en privatisant ses entreprises, ses banques, ses autoroutes, ses services publics. Enfin, depuis 10 ans, la droite mène au pas de charge une contre-révolution libérale : baisse des impôts payés par les ménages les plus riches et par les plus grandes entreprises, celles du CAC 40 ; fin du dialogue social, ce qui a permis aux actionnaires de capter l’augmentation de la valeur ajoutée créée durant cette décennie au détriment des salariés ; attaques contre l’éducation, la santé, la retraite… politique de classe qui détruit notre modèle social.

Les dépenses publiques n’ont pas augmenté, ce sont les recettes qui ont baissé de près de 120 milliards en dix ans et ont creusé les déficits (rapport du 6 juillet 2011 à l’Assemblée nationale de Gille Carrez, député UMP). Très appauvri, l’Etat n’a pourtant pas hésité à sauver les banques en 2008, la banque Dexia en 2011, à abaisser la fiscalité sur la restauration de 19,6% à 5,5% contre l’avis de tous les experts (3 milliards), et à quasi-supprimer l’ISF.

Pour sortir du déficit et de la dette qu’elle a créés au bénéfice de sa classe, la droite ose tout, mais seulement contre les classes modestes : appeler à l’effort partagé, au sacrifice de tous ; envisager l’instauration d’une deuxième «journée de solidarité» pendant laquelle les salariés travailleraient sans être payés, au bénéfice de l’Etat ; diminuer encore les dépenses de santé, les prestations sociales ; repousser encore la date de départ à la retraite ; relever l’impôt le plus injuste, la TVA, au lieu de l’impôt sur le revenu, progressif, qui permet la redistribution. Ce plan d’austérité est non seulement socialement inacceptable, mais il aggrave la récession.

Toute solution à la crise financière impose de changer le statut de la BCE et de la Banque de France qui doivent pouvoir, sous contrôle démocratique, financer l’Etat et ses politiques. D’auditer les dettes publiques, pour déterminer les dettes légitimes qui deviendraient remboursables à la BCE. De revenir à la fiscalité de l’an 2000. D’adopter un impôt plancher pour les grandes sociétés pour les aligner sur les PME. De rétablir la fiscalité sur le patrimoine. De lutter contre les paradis fiscaux pour récupérer les 30 milliards de recettes non perçues par an.

La justice sociale et la préparation de l’avenir imposent de sanctuariser toutes les dépenses sociales. De mettre les banques sous contrôle, afin qu’elles financent l’économie réelle. De mettre en place une taxe sur les énergies non renouvelables pour financer les investissements écologiques nécessaires pour créer les centaines de milliers d’emplois verts, non délocalisables, qui permettront de redonner espoir en l’avenir. »

Nicole Eschmann, vice-présidente du Conseil régional de Bourgogne