Situation en Cisjordanie et Israël : Didier Mathus ne croit plus guère à un état Palestinien
Il revient d'un voyage parlementaire qui, pour lui, a été édifiant !
De retour d’un voyage parlementaire en Israël et Cisjordanie, Didier Mathus, député de Saône-et-Loire fait un constat peu encourageant.
« C’est au retour d’un court séjour en Israël et Cisjordanie que j’ai appris le renoncement de Barak Obama et Hillary Clinton sur le moratoire de la colonisation.
En vérité, cela ne constitue pas une surprise compte-tenu du climat que j’ai pu percevoir sur place en conduisant une délégation de l’Assemblée.
Côté israélien, tous les contacts que nous avons pu avoir avec des dirigeants, des personnalités ou des journalistes nous ont dressé un portrait d’une société israélienne aujourd’hui très fragmentée, ayant beaucoup dérivé à droite, où l’esprit des pionniers ashkénazes teinté d’idéalisme a depuis longtemps disparu. L’égalitarisme des kibboutz n’est plus qu’un souvenir folklorique. La gauche israélienne plombée par les choix d’Ehud Barak et de Shimon Peres est en voie de disparition.
A Tel-Aviv la moderne, le conflit avec les palestiniens n’est qu’une préoccupation lointaine. A part quelques journalistes de Haaretz, personne ne se soucie vraiment de ce qui se passe de l’autre côté des barbelés de Gaza ou du mur qui enserre peu à peu les villages de Cisjordanie. L’indifférence est de mise, le gouvernement de Nétanyahou est le plus radical qu’Israël ait jamais connu et on ne voit pas d’alternative à cette coalition. Il n’est pas acquis qu’un gouvernement Kadima conduirait une politique réellement différente. Hélas, le parti travailliste s’abîme et se déshonore en participant à cette coalition. Le calme relatif sur le front des attentats semble consolider le sentiment dominant : il n’y a pas aujourd’hui en Israël de désir de paix.
Jérusalem. L’entrée à Gaza nous est interdite par le gouvernement israélien qui refuse les observateurs étrangers depuis la guerre de 2008. Nous partageons donc l’essentiel de notre temps entre Jérusalem, Ramallah, Bethléem et des villages de Cisjordanie hachés par le tracé du mur et des routes de contournement des colonies comme Bil’in.
Nous rencontrons Salam Fayyad le Premier Ministre de l’Autorité palestinienne, Saeb Erekat, patron sans illusions des négociateurs palestiniens et de nombreux dirigeants et membres du Conseil législatif.
Avec l’ONU nous irons voir sur place les dommages causés par le mur dans plusieurs villages autour de Bethléem.
Une lumineuse déambulation depuis le Mont des Oliviers jusqu’au cœur de la vieille ville avec le père de Tarragon, dominicain de l’Ecole française biblique, dont la culture et l’intelligence narquoise sont un régal. Son cœur bat pour le peuple de Palestine. Il vit à Jérusalem depuis près de 30 ans. Entre l’Esplanade des Mosquées, le Mur des Lamentations et le Saint Sépulcre, sur ce triangle de 500 mètres de côté où s’affrontent les passions religieuses…
Mais surtout, surtout, le spectacle de la colonisation galopante qui coupe peu à peu Jérusalem-Est de la Cisjordanie et qui conquiert une à une toutes les collines des territoires. Il n’y a plus aujourd’hui d’intégrité territoriale viable pour un hypothétique état palestinien. S’il venait à se créer, il ne serait qu’un bantoustan, un agrégat de petites villes et de villages coupés les uns des autres, cisaillé de routes réservées aux colons.
Depuis 1993 et la signature des accords d’Oslo, formidable moment de courage politique qui fit honneur à Rabin et Arafat, mais aussitôt exécutée comme le fut Rabin, j’ai dû retourner en Palestine une bonne dizaine de fois.
Aujourd’hui force est de se poser cette question : les négociations ont-elles été autre chose pour les gouvernements israéliens qu’un rideau de fumée, une façon de gagner du temps pour poursuivre l’essentiel : la conquête territoriale par la colonisation à marche forcée ?
L’administration américaine avait visé juste en exigeant un moratoire comme préalable aux négociations. Elle n’a pas bénéficié du rapport de force qui lui aurait permis de gagner la partie. Après les élections de midterm, on voit mal ce qui pourrait insuffler à la communauté internationale le courage d’exiger qu’on applique dans cette partie du monde les mêmes règles qu’elle impose partout ailleurs.
Je crains que les palestiniens, au final si peu belliqueux, ne soient encore seuls pour longtemps. »
Didier Mathus
3 commentaires sur “Situation en Cisjordanie et Israël : Didier Mathus ne croit plus guère à un état Palestinien”
Mais que va t il faire dans cette galère ?
Monsieur Mathus, regardez ce qu il ce passe à Montceau!!!! Avant d’aller voir la misère ailleurs!!!!!!!!!!!!!
Bel écrivain ce monsieur Mathus… J’espère que ce voyage n’a pas coûté trop cher aux contribuable français… parce que M. Mathus devrait s’intéresser un peu plus aux difficultés de nos concitoyens…. C’est plus facile de « se la jouer » en Palestine que dans nos banlieues……