Suite à la visite du ministre de l’Education Nationale Luc Chatel à Dijon, Nicole Eschmann, vice-présidente du Conseil régional de Bourgogne en charge des lycées, nous prie d’insérer :

« Bien que le ministre ait proclamé sa satisfaction lors de son bilan d’étape début décembre, ses déplacements soulignent la précipitation et  l’improvisation de la réforme des lycées, comme en témoigne l’émoi provoqué par l’absence de manuels scolaires à la rentrée 2010. Là où Darcos a échoué, Luc Chatel parviendra-t-il à rassurer ?

Les parents, qui dans les 1.667 lycées de France multiplient les questions sur la mise en place la réforme de la classe de seconde et redoutent l’accroissement du nombre d’élèves par classes, initié dans le primaire dans une note envoyée aux recteurs en septembre. Dans les prochaines années, le nombre d’élèves par classe devrait augmenter, selon l’OCDE, «compte tenu des politiques à l’œuvre aujourd’hui et de la suppression d’ici à 2012 de 10 % du nombre d’enseignants français».

Les élèves de seconde : avec la difficile mise en place de l’aide personnalisée de deux heures hebdomadaires en seconde. «C’est la conception humaniste de l’enseignement qui est en train de disparaître, s’alarme le président de la Société des agrégés. L’enseignement n’a plus pour but d’élever les individus. Et nous avons affaire à un processus européen, mis en place par les textes de la Commission sur les “compétences clés”.»

Les 15.000 professeurs débutants qui se retrouvent à plein temps face aux élèves sans avoir reçu de formation pédagogique, par la suppression de l’année de formation théorique en alternance d’un an dans les IUFM. Alors qu’ « Enseigner, cela s’apprend », 82% de ces stagiaires se disent «fatigués», et 94% jugent la préparation de la classe «lourde, très lourde ou beaucoup trop lourde ». Points positifs pour le ministère : diminuer le nombre de postes d’enseignants et laisser les officines privées monnayer du coaching pédagogique pour les enseignants débutants.

Les enseignants en 1ère qui s’inquiètent du recul de leurs matières : les professeurs de sciences économiques et sociales, puis les historiens, devront à la rentrée 2011 traiter le programme des trois années de lycée en deux ans pour les filières ES et L, en tronc commun avec les S pour la classe de première. L’enseignement scientifique est réduit à 35 % du volume horaire en classe de première S.

Les enseignants de séries technologiques industrielles, de laboratoires et d’arts appliqués (STI) : après la réforme de la voie professionnelle, celle de la seconde générale et technologique, celle de la voie générale, voici la réforme des STI, sous-tendue par les mêmes principes : diminution des horaires des disciplines technologiques, tronc commun pour les disciplines générales, mise à disposition des établissements d’un volant d’heures globalisées pour les travaux pratiques répartis par les conseils pédagogiques, 2 heures d’accompagnement personnalisé, réduction du taux d’encadrement.

Le projet efface la spécificité de la voie technologique, qui conduit à la réussite de nombreux jeunes pour qui c’est encore le seul ascenseur social, force nombre d’enseignants à envisager des reconversions et nuit au développement industriel du pays.

Mais Luc Chatel peut rassurer Xavier Darcos avec la réduction continue et massive du nombre d’enseignants et les choix idéologiques de programmes comme l’économie appliquée qui offre une approche nullement critique de l’économie et de son historique.

Mais aussi le patronat (presque seul à voter la réforme des STI qui nuit pourtant au développement industriel du pays) avec l’application de réformes successives qui ne reconnaissent que les compétences utiles à s’adapter au monde du travail, globalisé et flexible… et désindustrialisé. »