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vendredi 2 avril 2021 à 06:17

« Pour une révision du plan loup et la préservation d’un élevage en plein air « 

Tribune de Josiane CORNELOUP, Députée de Saône-et-Loire, 2ème circonscription 





La convention de Berne signée en 1979 classe le loup comme une « espèce strictement protégée ». A cette époque, le loup a disparu de France. Sa réintroduction au début des années 90 aboutit aujourd’hui à la déstabilisation d’un mode agropastoral qui repose sur le pâturage en plein air. Là où sont présents les loups, l’augmentation de leur prédation est telle que de nombreux éleveurs et bergers, découragés, vivant dans l’angoisse permanente de subir de nouvelles attaques, préfèrent renoncer à leur métier alors qu’il est prouvé qu’ils jouent un rôle essentiel dans la préservation de l’environnement et de la biodiversité.

 

L’élevage en plein air a permis le façonnage des paysages dont certains sont inscrits ou candidatent au patrimoine mondial de l’UNESCO, comme les Cévennes ou le Pays Charolais-Brionnais.

C’est tout un écosystème, des productions locales labellisées qui sont ainsi menacés avec les dommages occasionnés par des meutes de loups dont le nombre va croissant au fil des années, et colonisent progressivement une bonne partie du pays : l’Arc alpin, la Lorraine, le Sud du Massif Central et l’Est des Pyrénées, la Champagne, la Bourgogne Franche-Comté.
Dans ces territoires, ce sont 40 % du cheptel ovin qui ont disparu en deux décennies. Des études scientifiques mettent en garde contre les risques de désertification des écosystèmes abandonnés par les bergers et annoncent « l’enfrichement et la dégradation des habitats de nombreuses autres espèces protégées ».

Indemniser en partie les pertes subies par les éleveurs qui supportent toujours un important manque à gagner, déclarer des zones « difficilement protégeables », comme dans le sud de l’Aveyron, aux fins d’abattage des loups sans recourir préalablement à la mise en place de dispositifs complets de protection des parcelles, ne suffit plus.
En outre, l’efficacité de tels moyens impliquerait dans certaines régions de transformer le bocage en véritables camps retranchés. Ainsi, dans le Charolais-Brionnais, des centaines de kilomètres de filets électriques d’une hauteur de plusieurs mètres seraient nécessaires pour assurer la protection d’un bocage très parcellisé, ce qui engendrerait un coût supplémentaire pour l’Etat, un reste à charge rédhibitoire pour les éleveurs, lesquels devraient en outre supporter une charge de travail considérable aux bénéfices bien aléatoires.

Alors qu’aujourd’hui, le bien-être animal commande d’abandonner l’élevage en cage des poules et des lapins, les consignes délivrées par les services de l’Etat aux éleveurs d’ovins consistent à retenir leurs troupeaux en bergerie, pour les protéger du loup !

Force est de constater que la cohabitation entre l’homme et le loup devient impossible. Les attaques lupines ont explosé en l’espace de près de 30 ans, causé la mort de 13 000 bêtes en 2019, principalement des ovins, sans compter les animaux disparus, blessés.

L’Arc alpin, quant à lui, a vu ses populations de grands ongulés et cervidés (chamois, mouflons et chevreuils) sérieusement amputées par la prédation des meutes de loups dont les dégâts majeurs toujours plus nombreux fragilisent la biodiversité de ce vaste ensemble géographique.

Il est par conséquent urgent pour la France d’obtenir du comité permanent de la Convention de Berne une modification du statut du loup en rétrogradant son espèce du classement d’« espèce strictement protégée » à « espèce protégée », prévue à l’annexe 3, ce qui autoriserait une régulation plus adaptée.

Dans le même temps, il est impératif de réviser les dispositions du « plan national d’actions 2018-2023 du loup et les activités d’élevage » en allégeant la surprotection d’une espèce qui n’est nullement menacée de disparition.

En renonçant à un prélèvement proportionnel à sa forte croissance, au nom d’une vision bucolique qui idéalise la réintroduction des grands prédateurs dans le territoire français, les pouvoirs publics acceptent la disparition programmée d’élevages d’alpage ou en plaine, la mise en péril d’un patrimoine culturel et paysager et la fin de productions de qualité à forte valeur ajoutée.

C’est in fine un choix de société majeur que nous devons opérer : soit nous décidons d’abandonner des pans entiers de nos territoires ruraux aux loups, bientôt vidés de leurs populations faute du maintien d’une activité économique suffisante, soit au contraire, la condition humaine l’emporte sur celle de l’animal, et nous devons prendre les mesures répondant à la détresse d’hommes et de femmes qui n’en peuvent plus de supporter les conséquences dramatiques de décisions politiques dogmatiques et déconnectées de la réalité de nos territoires.

Il est de notre devoir de préserver cet ancestral mode d’élevage en plein air dont l’excellence donne naissance à des productions de très grande qualité et répond aux enjeux prégnants environnementaux, de développement durable, de santé et d’autonomie alimentaire. Autant de principes que devrait promouvoir le texte de la prochaine PAC, et traduire la stratégie globale alimentaire européenne présentée pour la première fois en 2020 par la Commission sous le mot d’ordre : « de la ferme à la fourchette ». Il est temps de réagir !

 

Josiane Corneloup, députée de Saône-et-Loire

Cosignataires : Marie Mercier et Fabien Genet Sénateurs de Saône-et-Loire ; Emmanuelle Anthoine, Députée de la Drôme ; Julien Aubert, Député du Vaucluse ; Edith Audibert, Députée du Var ; Xavier Batut, Député de Seine-Maritime ; Thibault Bazin, Député de la Meurthe-et-Moselle ;Valérie Bazin-Malgras, Députée de l’Aube ; Valérie Beauvais, Députée de la Marne ; Thierry Benoit, Député de l’Ille-et-Vilaine ; Emilie Bonnivard, Députée de la Savoie ;Jean-Yves Bony, Député du Cantal ;Claire Bouchet, Députée des Hautes-Alpes ;Marine Brenier, Députée des Alpes-Maritimes ; Xavier Breton, Député de l’Ain ; Guy Bricout, Député du Nord ;Fabrice Brun, Député de l’Ardèche ; Jacques Cattin, Député du Haut-Rhin ; Eric Ciotti, Député des Alpes-Maritimes ; Marie-Christine Dalloz, Députée du Jura ; Vincent Descoeur, Député du Cantal ;Raphaël Gauvain, Député de Saône-et-Loire ; Emmanuelle Ménard, Députée de l’Hérault ; Gérard Menuel, Député de l’Aube ;Frédérique Meunier, Députée de la Corrèze ;Pierre Morel A L’Huissier, député de la Lozère ; Bernard Perrut, Député du Rhône ; Bérengère Poletti, Députée des Ardennes ;Didier Quentin, Député de la Charente-Maritime ; Rémy Rebeyrotte, Député de Saône-et-Loire ; Jean-Luc REITZER, Député du Haut-Rhin ; Vincent Rolland, Député de la Savoie ; Jean-Marie Sermier, Député du Jura ; Benoit Simian, Député de la Gironde ; Jean-Louis Thiériot, Député de Seine-et-Marne ; Isabelle Valentin, Députée de la Haute-Loire ; Pierre Venteau, Député de la Haute-Vienne ; Jean-Pierre Vigier, Député de la Haute-Loire ;Stéphane Viry, Député des Vosges.

 

Josiane CORNELOUP

Députée de Saône-et-Loire

2ème circonscription 

 

 

 






Un commentaire sur “« Pour une révision du plan loup et la préservation d’un élevage en plein air « ”

  1. boris dit :

    Vous avez raison madame, ou on garde les loups et on importe des gigots d’agneau de nouvelle zelande. Pour ma part, je prefere cuisiner un bon gigot de nos producteur, plutot qque de cuisiner une viande peu chere mais incipide, qui ne vaux pas unmatch france/all blacks.