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mercredi 2 juillet 2025 à 05:46

Sanvignes-les-Mines : Jean Claude Lagrange, 1995-2025, 30 ans déjà

30 ans de transformations, de persévérance… et un brin de socialisme bien tempéré ! Et voila c’est fini



 

1995-2025, 30 ans déjà et, comme Jean Claude Lagrange le dit en titre de l’édito du bulletin municipal : voila c’est fini.

Elu le 18 juin 1995, il était normal que Montceau News aille le rencontrer le 18 juin 2025, 30 ans après sa première élection.

Avec Jean Claude Lagrange pas question d’une interview en questions réponses. Il suffit de poser la pointe du stylo sur la feuille de carnet et d’écouter, de noter. C’est un conteur qui pratique l’auto dérision, qui manie les souvenirs et rappelle ses combats, ses dossiers phares sans jamais s’en glorifier, sans jamais rien oublier. Alors laissons couler le flot racontant l’histoire des 5 mandats dont le dernier se termine l’an prochain. Pas d’amertume mais des cicatrices de luttes fratricides, pas de regrets mais un regard lucide sur ce qui a été réalisé et ce qui n’a pas été fait,  pas de nostalgie mais le souvenir des amies et amis élus disparus au fil des mandats, pas de bilan froid et statistique mais le souvenir vivant de ce que fut sa ville, des difficultés et des démembrements qu’elle subissait en 1995. L’espoir d’un changement porté, poussé, exalté par l’ensemble des changements politiques dans le bassin minier en 1995 a été son déclencheur.

Dans le bassin minier et même alentour peu de maires peuvent s’enorgueillir d’avoir « duré » 30 ans à part Jean Girardon au Mont Saint Vincent. Jean Claude Lagrange le dit tout net « après avoir été le plus jeune  maire, je n’ai pas envie d’être le plus vieux, 30 ans c’est un bail, il est temps de passer la main. Mais je resterai fidèle à mes engagements et j’ai toujours des responsabilités dans des organismes qui peuvent aider et soutenir la commune ». Et puis il croit au concept de travail en commun, en équipe, ça a été son bréviaire pendant 5 mandats.

Parfois, on ne croit pas au destin. Et pourtant, en 1995, un jeune ingénieur territorial, parent d’élève et bien intégré au niveau associatif, style jeune cadre dynamique  à lunettes cerclées métal et aux idées un peu plus remuantes, prenait les rênes de Sanvignes-les-Mines avec une liste ayant pour nom de guerre « une dynamique pour Sanvignes ». Trente ans plus tard, il est toujours là, souriant, décontracté dans son bureau provisoire de la Résidence Louis Veillaud où les services administratifs communaux se sont repliés après l’incendie de la mairie, et il songe à voix haute : “On n’avait pas dit que c’était impossible ? Alors on l’a fait.” Et toujours une dynamique pour Sanvignes, le fil rouge a tenu 30 ans.

Jean-Claude Lagrange n’a pas seulement été maire pendant trois décennies (avec un dernier mandat prévu jusqu’en 2026, mais qui sait ce que l’avenir nous réserve… un musée à son nom ?), il a aussi été Président de la CUCM (Communauté Urbaine Creusot-Montceau) de 2008 à 2014 et plusieurs fois vice Président, conseiller régional depuis 1998 et, depuis 2021, président de l’Agence Économique Régionale. Autrement dit, il a plus de casquettes qu’un vendeur de marché un jour de pluie. Mais derrière cette collection de titres, c’est une vision claire et collective qui a guidé chaque étape. C’est aussi parce qu’il est un homme de réseaux, de travail en coopération, un homme porté à la mutualisation et au partage.

30 ans déjà et pourtant c’est comme si c’était hier avec le même enthousiasme et la même affection pour sa ville.

De la mine au renouveau

Souvenons-nous : Sanvignes dans les années 90, c’est un peu comme un album de famille qu’on n’ose plus trop ouvrir. La fin de l’exploitation minière, les quartiers démolis pour permettre l’extraction à ciel ouvert… le genre de transition brutale qui laisse des cicatrices. Mais Jean Claude Lagrange, lui, n’est pas du genre à baisser les bras, mais à l’écouter les cicatrices sont bien présentes dans sa pensée. Il a ouvert une page blanche et sorti ses feutres colorés pour dessiner l’avenir le 18 juin 1995.

1 projet, 1 équipe, 1 maire (et parfois 1 incendie, 1 pandémie…)

Son mantra ? “1 projet, 1 équipe, 1 maire.” Ce n’est pas juste un slogan de campagne, c’est un mode de vie. Depuis 1995, avec une série d’équipes municipales aussi solides qu’un bon béton armé, il a transformé la ville pas à pas. Pas lui tout seul « avec ses petites mains » comme il le répète en riant mais avec des équipes de personnalités dévouées à la commune, des parteanires comme la CUCM, le département, la région, l’Etat, l’OPAC. Et même quand la mairie a brûlé ou qu’un virus mondial est venu jouer les trouble-fête, la boussole est restée droite.

Aux côtés de Jean-Claude, quelques fidèles de la première heure sont toujours là, comme Armando de Abreu et Nicole Lavigne, témoins vivants de cette épopée urbaine. D’autres ont passé le flambeau, mais l’esprit d’équipe, lui, ne s’est jamais consumé. Et il y a la cohorte des disparus qui ont beaucoup compté à ses côtés.

Sanvignes 4.0 (et même 5.0 si on compte Liberty)

Sanvignes a bougé, évolué, c’est mise à l’air du temps et parfois en avance. On le constate avec un inventaire à la Prévert : la centrale photovoltaïque, le tiers-lieu “Liberty” (non, ce n’est pas un bar lounge, c’est bien mieux), la Maison France Services, l’Espace Citoyens, la réhabilitation de la piscine et ses événements et compétitions (Journée olympique, Fête du sport, interclubs de natation…), la résidence Louis Veillaud, et le futur nouveau collège à 13,5 millions d’euros, les 29 équipements sportifs : piscines, COSEC, stades, courts, boulodromes, centres équestres… le  réseau associatif riche (handball, judo, tennis, équitation, cyclisme…), le centre social Les Passerelles, la bibliothèque intercommunale qui anime lectures et ateliers jeunesse, le carnaval, le théâtre amateur, marché de Noël, Printemps Sanvign’Arts et balades nature, etc., etc. Sans être axhaustif on donne bien à voir que la modernisation n’a pas chômé. L’urbanisme durable s’est imposé grâce au projet “Ville 4.0”, lancé en 1999 — quand les disquettes étaient encore à la mode. Le parc immobilier a été stabilisé, les logements sociaux rénovés, et même si la population n’a pas doublé, elle est restée fidèle, autour de 4 300 habitants. Un village gaulois post-industriel, en somme, mais avec la fibre optique, installé sur son oppidum comme une place forte.

Mecateam, le pari gagnant

Mais Jean-Claude Lagrange ne s’est pas contenté de planter des arbres et d’installer des lampadaires LED. Il a vu plus loin. À Montceau, il a été le grand architecte du cluster Mecateam, le genre de projet industriel dont on se dit aujourd’hui : “Heureusement qu’on l’a fait.” Friches réhabilitées, infrastructures ferroviaires, campus de formation… la transition industrielle, ce n’est pas un mot à la mode, c’est une réalité locale, pensée et construite.

Une gauche pragmatique (oui, ça existe)

Socialiste assumé, Lagrange n’a jamais été un adepte du dogmatisme : chez lui, la gauche, c’est du concret. Pas de grands discours, mais des écoles rénovées, des cafés associatifs animés, et des services publics qui fonctionnent. Il a su composer avec les réalités, naviguer dans les méandres de la coopération intercommunale, et porter la voix de Sanvignes jusqu’aux strates régionales.

Et après ?

Alors que le compte à rebours de son dernier mandat s’égrène doucement, il reste encore du travail. Sanvignes n’est pas figée : elle s’adapte, se réinvente et poursuit son chemin vers une ville inclusive, connectée, sobre et joyeusement solidaire, toujours avec comme rails : 1 projet, 1 équipe, 1 maire.

« Trente ans, c’est long… « Mais quand on regarde Sanvignes aujourd’hui, on se dit que le temps a été bien investi. » conclu-t-il avec un geste de la main comme pour dire « voila, j’ai lancé l’affaire, là c’est fini pour moi, aux autres de prendre le relais ». Et puis, avec un maire élu à 100 % des voix en 2020, on pourrait presque croire que la démocratie locale est une affaire de cœur. Ou de confiance. Ou, plus simplement, d’un Jean-Claude qui n’a jamais cessé de croire que, même après les mines, une ville peut encore briller.

Et l’entretien aurait pu durer encore plus, car en 30 ans on stocke énormément de souvenirs, d’anecdotes et Jean Claude Lagrange est très prolixe dans ce domaine et s’il parle de lui il y a toujours beaucoup d’auto dérision. Il met surtout en avant le travail collectif, ses équipes, autant d’élus que de fonctionnaires : il a une tendresse pour ces derniers. « Je remercie tous ceux qui m’ont suivi, aidé, soutenu et qui ont travaillé à mes côtés pendant ces 30 années. »

 

Voila c’est fini, 30 ans de mandat ça mérite bien un focus sur Montceau News

 

Gilles Desnoix

 

 

 

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