Un procédé opératoire unique en France
Au service orthopédique de l’hôpital de Montceau-les-Mines
C’est le Docteur Guillaume qui nous accueille dans son service afin de nous présenter un travail révolutionnaire en chirurgie orthopédique, un travail de conception et de mise au point réalisée par le médecin lui-même.
Retour sur les prothèses de genoux
Le Docteur Guillaume nous explique qu’une prothèse de genoux est proposée à tout patient dont les genoux sont usés. Cela se caractérise par le fait que le fémur touche directement le tibia, du fait de l’absence de cartilages. Pour les patients touchés par l’absence de cartilage, il y a une douleur permanente empêchant d’avancer, voire même de dormir. Cela constitue donc un véritable handicap.
La pose d’une prothèse de genoux doit permettre de reprendre une vie normale. Et les opérations étant réalisées suivant la technique classique de pose contribue à une réussite totale dans 20 % des cas. C’est ce qu’on appelle dans ce cas-là des genoux oubliés. Cela signifie que le patient n’a plus le moindre symptôme et peut marcher, monter des escaliers, s’agenouiller etc.
L’opération classique exige une technique spécifique : coupe du tibia, pose d’une pièce métallique avec du polyéthylène.
Bien posée, une prothèse peut atteindre 25 ans de durée de vie.
Et pour les 80 % des personnes restantes ? Les douleurs se situent souvent au niveau des rotules accompagnées d’une diminution de la mobilité.
Dans tous les cas, la pose d’une prothèse est suivie d’un mois de rééducation, soit auprès d’un kinésithérapeute, soit auprès d’un centre de rééducation.
Deux techniques opératoires majoritairement employées
La pose de prothèses de genoux est réalisée actuellement suivant deux techniques.
Dans la première, on coupe une partie du tibia, puis on aligne les surfaces articulaires de sorte à avoir un axe de 180°. On n’est pas sûr alors d’avoir un genou stable. Afin de pouvoir réaliser une coupe précise, on fait passer un axe dans le fémur. Une deuxième solution est de placer une grande tige dans le fémur et un étrier sur la coupe du tibia afin d’avoir un équilibre ligamentaire.
Mais explique le Docteur Guillaume, la rotule intervient beaucoup dans l’équilibre ligamentaire. Et les deux précédentes solutions n’en tiennent pas assez compte dans les modes opératoires.
C’est donc fort de ces observations et constats qu’il a mis au point une autre technique opératoire, moins invasive et tenant compte du rôle de la rotule. En outre, sa technique permet de pouvoir opérer des personnes dont le fémur est encombré et réduit les saignements lors de l’opération.
Son procédé hautement technique requiert dextérité et précision. Les coupes des os sont extrêmement précises, au millimètre près. D’ailleurs, l’opération ainsi réalisée dure 1h10 contre 1h pour les techniques classiques.
Les apports de sa technique ? On fait intervenir la rotule dans la balance ligamentaire. Avec cette technique, le genou est plus stable. Et aucun ligament n’est tiré de manière anormale.
Un prototype unique
Le prototype unique d’outillage employé lors de l’opération (on l’appelle un ancillaire) a été dessiné par le Docteur Guillaume il y a 15 ans. Fabriqué, il a été amélioré au fil des ans. Et sa version est stabilisée depuis environ 5 ans, date depuis laquelle le médecin a opéré une centaine de personnes.
« La recherche fait partie intégrante de la chirurgie ». C’est ce qu’a indiqué un membre du jury de thèse du Docteur Guillaume. Et c’est ce qu’il s’applique aujourd’hui à réaliser.
Aussi il souhaiterait à présent pouvoir partager son prototype et le nouveau mode opératoire avec d’autres collègues. Il déplore que les industriels ne jouent pas le jeu et n’aient pas confiance dans les chirurgiens.
Mais quelle chance ! Ce procédé est présent uniquement à l’hôpital de Montceau.
Une étude aux résultats prometteurs
Le médecin s’appuie aujourd’hui sur une étude réalisée par son fils Théo, étudiant en 5e année de médecine pour prendre son bâton de pèlerin et faire connaître la technique.
L’objet de l’étude était d’étudier le retour des personnes ayant été opérée selon cette technique et de leur attribuer un score IKS. Ce dernier est exprimé sur 200 points (score maximal possible divisé en 100 points pour le genou et 100 points pour les fonctions).
L’étude s’appuie dans un premier temps sur le constat de dix précédentes études sur le sujet et indiquant que le score IKS des personnes opérées selon les méthodes traditionnelles est compris entre 161 et 176.
Avec a technique employée par le Docteur Guillaume, ce score monte à 181,6. L’amélioration du score est nette !
Fort de ces résultats, le médecin est allé présenter non seulement les résultats de cette étude et aussi sa technique opératoire au cours d’un congrès au mois de juin à Lons le Saunier.
Et son leitmotiv est le suivant : « c’est le genou dans son intégrité ligamentaire qui dicte la pose de la prothèse ».
Pour le dire autrement, chaque opération peut être personnalisée et adaptée à chacun grâce à cette technique, en respectant l’intégrité des ligaments.
Objectif : obtenir un deuxième prototype
Après des échanges prometteurs au cours de congrès, le médecin espère convaincre des industriels, et surtout des collègues. Un deuxième prototype (le premier ayant coûté 10000€ et un brevet) pourrait aider grandement à la bonne compréhension du processus opératoire.
Mais comment convaincre ? « Je vais aller voir des chirurgiens et demander si la balance ligamentaire est importante. » Si tel est le cas aux yeux de ses collègues, il devrait alors obtenir des oreilles attentives.
Il compte sur le nombre croissant de collègues intéressés pour convaincre les industriels du secteur des prothèses : ils sont une quinzaine en France.
Depuis ses présentations en juin devant la Société d’orthopédie de l’Est et devant la SOFCOT (Société Française de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique) en novembre à Paris, de nombreux médecins sont allés visiter le site internet du médecin décrivant la technique opératoire novatrice.
Avec cette technique, on passe à 70 % de genoux oubliés contre 20 % avec des méthodes traditionnelles.
De quoi se réjouir de voir le seul spécialiste de cette technique à l’hôpital de Montceau-les-Mines !
Pour voir la vidéo complète du mode opératoire : https://www.youtube.com/watch?v=1tcr8P4RkGI
Et pour en savoir davantage, visitez le site : http://ancillaireguillaume.com/
EM
2 commentaires sur “Un procédé opératoire unique en France”
Très bonne nouvelle, une raison de plus pour conserver et améliorer le service de chirurgie au Centre Hospitalier de Montceau-les-Mines.
À vous de tester